Impossible d’avoir manqué l’information si vous vous intéressez aux cryptomonnaies. Depuis le mois d’octobre, le cours du Bitcoin connaît une hausse très prononcée de sa valeur. Parti sous la barre des 10 000 euros en septembre, le bitcoin s’échangeait à plus de 15 000 euros fin novembre, puis 20 000 euros le 25 décembre, avant de connaître un pic le 3 janvier à plus de 27 000 euros.
Jamais cette cryptomonnaie n’avait atteint de tels sommets.
Son précédent record absolu, établi le 15 décembre 2017 avec un peu plus de 14 122 euros, a été balayé. Le nouveau plafond établi début 2020 est quasiment deux fois plus élevé. Cependant, depuis le 3 janvier, une correction semble avoir lieu. En effet, le cours a enregistré une baisse notable, d’environ 10 %. La valeur du Bitcoin, après avoir atteint 22 000 euros, tourne maintenant autour de 24 000 euros.
Les raisons d’une telle explosion du cours du Bitcoin
Comment expliquer une telle effervescence, qui a fait bondir la célèbre devise électronique en relativement peu de temps ? Divers facteurs ont joué. Il y a eu d’abord l’implication de PayPal, rappelle l’AFP, car l’entreprise américaine a lancé fin octobre un service d’achat et de vente de cryptomonnaies, qui couvre aussi les paiements.
Mais il y a aussi l’intérêt croissant des fonds d’investissement, malgré le fait que cette devise subit parfois des variations brutales et pas toujours anticipables. Signe des temps, rapporte l’AFP : des analystes de grandes banques à Wall Street, comme Citi, suivent le cours du Bitcoin désormais. Et du côté des analystes de JPMorgan, on en est qu’au début de l’usage du Bitcoin comme valeur semblable à l’or.
Gregory Raymond dans Capital ne dit pas autre chose. « De nombreux investisseurs le traitent comme un actif alternatif, un peu comme l’or », écrit-il le 31 décembre. « Le Bitcoin profite grandement de l’incertitude sur l’avenir des monnaies traditionnelles et vogue de record en record ». Selon le journaliste spécialiste des cryptomonnaies, le Bitcoin « est de plus en plus choisi pour diversifier un portefeuille et réduire sa dépendance aux gouvernements et au système financier traditionnel ».
Sollicité par Numerama, CryptoFR a apporté des éclaircissements supplémentaires. Le site confirme que l’entrée de très gros fonds institutionnels est la « principale raison » de cette agitation de fin d’année. Parmi eux figurent par exemple Guggenheim Partners, MicroStrategy ou encore Ruffer, où il est question à chaque fois de l’acquisition de plusieurs dizaines de milliers de Bitcoins.
CryptoFR relève d’ailleurs que le chef d’entreprise Michael Saylor, qui dirige MicroStrategy, « est devenu un prédicateur du Bitcoin après avoir acheté plus d’un milliard de dollars en bitcoin. L’idée derrière cela, c’est qu’il vaut mieux avoir ses fonds dans quelque chose d’autre que le dollar, dont la valeur s’érode », analyse le site. Michael Saylor a annoncé son investissement le 20 décembre, qui s’est étalé sur quelques mois.
Autre élément qui a pu peser dans la balance : le « halving » du bitcoin (dans le jargon, cela veut dire que la prime de minage est divisée par deux).
Cet évènement est survenu en 2009, 2012, 2016 et 2020. Le prochain, sans doute en 2024. À chaque fois, cela a une incidence à la hausse le cours. En clair : il y a de moins en moins de bitcoins accessibles par le minage. « 88% des bitcoins ont déjà été générés. Au final plus le temps passe, plus les bitcoins sont rares », relève CryptoFR. Une rareté qui de fait joue sur la valeur de la cryptomonnaie.
Une phase de découverte pour le Bitcoin
Outre l’arrivée dans l’arène de plusieurs poids lourds, le cours du Bitcoin a aussi vécu une certaine phase exploratoire de découverte, car celui-ci a dépassé le précédent record de fin 2017. « On a cassé l’ancien record », relève ainsi CryptoFR. « Bitcoin est donc en découverte de prix ». Autrement dit, le prix se met à monter en quelque sorte tout seul, sans autre raison particulière.
Les effets de correction que subit le Bitcoin depuis quelques heures font d’ailleurs partie du processus normal et ne signifient pas que le cours est voué à s’effondrer ou à stagner. « En 2017, quand le Bitcoin a cassé l’ancien top de 1 200 dollars, il a fait une première poussée à 3 000 dollars avant de corriger, puis il est progressivement monté jusqu’à 20 000 dollars à la fin de l’année 2017 », souligne CryptoFR.
Qu’est-ce que ça veut dire pour l’avenir ? Difficile de prédire ce qu’il va se passer avec le Bitcoin, compte tenu de sa légendaire volatilité. Mais CryptoFR pense que « l’on est sur une progression probablement similaire à 2017 », mais il rappelle qu’entre début et la fin 2017, c’est-à-dire entre 1 200 et 20 000 dollars, le Bitcoin « a subi des corrections régulières de 30 à 40 % ». De quoi causer des sueurs froides.
Pour 2020 et 2021, le démarrage est beaucoup plus haut, Le cours du Bitcoin « va aller vers un prix encore un inconnu », poursuit CryptoFR, mais selon beaucoup d’analystes, il est possible qu’il dépasse le seuil des 100 000 dollars. De quoi sans doute attiser encore plus les appétits. Mais cette trajectoire n’est évidemment pas garantie : pas plus que le jour où ce record sera battu ni si et quand d’éventuelles corrections surviendront en chemin, qui le cas échéant feront sans doute effet de repoussoir.
(mise à jour avec une précision complémentaire sur le « halving »)
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