Lorsqu’il y a de l’argent à faire dans un secteur d’activité en informatique, Microsoft n’est jamais très loin, et ne met jamais très longtemps à s’imposer comme leader dans le secteur. Il semblait très étonnant de ne pas voir Microsoft mettre ses dollars dans la technologie la plus en vogue actuellement, le peer-to-peer. Mais chose attendue, chose faite, puisque le projet P2P de la firme américaine vient d’être dévoilé au public. Un nouveau monopole en perspective ?

Répondons tout de suite à cette question : non.
« Non », car le projet « Threedegrees » en question ne vise clairement pas le même public que celui de KaZaA, et à plus forte raison que celui d’eDonkey.

Ici, Microsoft a fait appel à une petite filiale de douze nouveaux diplômés, NetGen, qui travaille maintenant depuis 18 mois sur des produits destinés à la « génération Internet », c’est-à-dire (selon eux) aux jeunes entre 13 et 24 ans. Vous êtes nés avec un clavier en guise de hochet ? Microsoft wants you.


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Ainsi, c’est à un logiciel orienté « jeunes » que nous avons affaire. Alors que les logiciels de P2P actuels partent d’un réseau d’échanges de fichiers pour développer ensuite une communauté, Threedegrees compte partir d’une communauté pour développer un réseau d’échanges de fichiers. Leur logiciel ressemble en effet bien plus à un Instant Messenger évolué qu’à un nouveau KaZaA en puissance.

Il ne sera possible d’échanger des fichiers (images, animations et musiques) qu’entre 10 utilisateurs. Au delà, il faudra aller se connecter auprès d’un nouveau groupe d’utilisateurs, pour former une chaîne de mini-communautés, mais probablement pas interconnectées. Microsoft cherche ainsi à éviter tout ennui avec les associations de luttes contre le piratage, puisqu’il reproduit le shéma classique des prêts de CDs entre amis. A l’appui, il ne sera pas possible de copier les morceaux de musique sur son disque dur, mais simplement de les faire écouter à ses amis (ce qui n’est pas sans rappeler le logiciel Woodstock dont vous parlions récemment). Chaque utilisateur sera en plus limité dans le nombre de fichiers mis en écoute, puisqu’il sera seulement possible de mettre à disposition 60 fichiers WAV, MP3 ou WMA.
Pour finir sur les aspects techniques, sachez qu’il sera obligatoire de posséder Windows XP avec le SP1 installé, ainsi que MSN Messenger 5.0.

Gageons qu’il s’agit là pour Microsoft davantage d’un coup d’essai que d’une réelle volonté de percer dans le domaine si controversé du P2P. Pour l’instant, le géant de Seattle ne s’était risqué qu’à des applications très professionnelles et très légales de la technologie. Cette sortie la semaine prochaine de la beta de Threedegrees va permettre aux hommes de Steve Ballmer de mesurer la réaction des associations, pour éventuellement se lancer ensuite pleinement dans la partie.

Nous vous parlions il y a quelques mois de la manière dont Microsoft se servait indirectement du piratage comme outil marketing, mais la sortie d’un logiciel de P2P est cette fois une façon bien plus directe de profiter financièrement du piratage (par la publicité notamment), et nul doute que le jeu de funambule auquel se livre la firme actuellement n’est pas des plus simples à tenir. Microsoft est en effet pris au piège par ses propres positions, et avant tout par l’arrivée prochaine de Palladium (désormais appelé très simplement le « next-generation secure computing base »). D’un côté ils doivent montrer à la très puissante industrie du divertissement qu’ils luttent contre le piratage, et de l’autre ne pas laisser filer cette manne financière potentielle qu’est le P2P…

Inscription au betatest :

http://www.threedegrees.com/

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