C’est une déclaration rare, qui illustre toute la gravité de la situation. Dans un message publié le 6 janvier sur Twitter, un haut responsable de Facebook a évoqué une « situation d’urgence » nécessitant de la part du réseau social de prendre des mesures appropriées. En particulier, le site communautaire a décidé de supprimer la vidéo du président Donald Trump appelant ses troupes au calme, sans reconnaître sa défaite.
« Il s’agit d’une situation d’urgence, et nous prenons les mesures d’urgence appropriées, ce qui inclut le fait de supprimer la vidéo du président Trump. Nous l’avons retirée, car nous considérons qu’elle contribue plus aux risques de violences en cours qu’elle n’aide à les réduire », annonce Guy Rosen, en charge de superviser les problématiques de sécurité et d’intégrité de Facebook.
Facebook et YouTube interviennent
Le réseau social n’est pas la seule grande plateforme à réagir alors que la situation aux alentours du Capitole s’est dégradée de façon spectaculaire — avec une invasion de bâtiments publics, d’attaques envers la presse et après le décès d’une femme, qui a été abattue lors de l’insurrection dans des circonstances floues. YouTube aussi a décidé de ne plus donner accès à la vidéo de Donald Trump.
« YouTube dit avoir supprimé la vidéo parce qu’elle enfreint ses ‘règles concernant les contenus qui assurent qu’il y a eu des fraudes ou erreurs électorales’ pendant l’élection de 2020 », rapporte la journaliste Emily Birnbaum. Twitter a décidé de suivre le mouvement, après avoir un temps décidé de maintenir ce contenu, mais en bridant fortement les possibilités d’interaction.
Si les grandes plateformes ont commencé à bouger sur ce terrain, elles sont toutefois la cible de critiques. Ainsi, le journaliste Ryan Broderick se demande pourquoi Facebook se contente de supprimer la vidéo de Donald Trump mais n’intervient toujours par contre les groupes « Stop the Steal » (ce qui n’est pas tout à fait exact) qui prétendent que l’élection présidentielle a été truquée pour faire perdre le président sortant.
Facebook semble toutefois avoir fortement musclé sa modération au cours des heures dernières. Comme le pointe The Verge, le réseau social a visiblement changé d’avis. Au départ, il n’était question que d’un simple avertissement : « Joe Biden a été élu président à la suite de résultats certifiés par les 50 États. Les États-Unis disposent de lois, de procédures et d’institutions établies pour assurer le transfert pacifique du pouvoir après une élection ».
Selon Mike Isaac, du New York Times, Facebook adopte en fait une approche (relativement) plus forte des messages de président américain que Twitter, ce qui est à l’opposé de ce qu’a fait le réseau social par le passé. En effet, le site a retiré un message de Trump qui soutenait les évènements à Washington, délégitimait l’élection. Selon une capture d’écran, le message avait déjà reçu des centaines de réactions diverses.
L’ex-responsable de la sécurité chez Facebook, Alex Stamos, a lui aussi pris la parole pour estimer qu’il était plus que temps que les grandes plateformes du net interviennent, et interviennent plus durement. « Il y a eu de bons arguments pour que les entreprises privées ne réduisent pas les élus au silence, mais tous ces arguments sont fondés sur la protection de la gouvernance constitutionnelle », écrit-il.
«Twitter et Facebook doivent le faire taire . Il n’y a plus d’actions légitimes et étiqueter son contenu ne le fera pas. La dernière raison de maintenir le compte de Trump était la possibilité qu’il essaie de revenir à la raison, mais comme beaucoup s’y attendaient, cela lui est impossible. Il y aura toujours les sites alternatifs et le peer-to-peer, mais au moins les dégâts qu’il fait seraient plus contenus », estime-t-il.
https://twitter.com/alexstamos/status/1346936790859481088
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