C’est une décision lourde de sens que le groupe Facebook vient de prendre, le 7 janvier 2021. Dans une publication, Mark Zuckerbeg a annoncé que les blocages des comptes officiels de Donald Trump sur Facebook (32 millions d’abonnés) et Instagram (24 millions) allaient être « étendus indéfiniment ».
« Nous estimons qu’il y a tout simplement trop de risques à laisser le président continuer à utiliser notre service ces temps-ci », a écrit le CEO de Facebook dans un message historique.
La veille, Facebook avait restreint momentanément le compte de Donald Trump. Au lieu de le débloquer, le réseau social a décidé de prolonger cette restriction pendant au moins 15 jours. D’ici là, Joe Biden, le futur président élu, prendra officiellement ses fonctions.
Cette décision arrive après que des centaines de supporters pro-Trump, dont de nombreux suprémacistes blancs, ont envahi le siège du Congrès américain le 6 janvier 2021. Quelques heures plus tôt, le président sortant avait encouragé la foule à « se rendre au Capitole » pour manifester leur mécontentement, refusant d’admettre qu’il avait perdu l’élection présidentielle.
Dans plusieurs publications, Donald Trump affirmait que l’élection avait été « volée ». Facebook avait alors décidé de supprimer une vidéo dans laquelle il disait « aimer » ses supporters ayant envahi illégalement le Capitole, leur disant de « rentrer chez eux », mais insistant sur le fait qu’il les « comprenait ». Twitter avait emboîté le pas.
Pourquoi ne réagir que maintenant ?
« Ces dernières années, nous avons permis au président Trump d’utiliser notre plateforme, en cohérence avec nos propres règles. Parfois, nous avons retiré des contenus ou les avons marqués d’avertissements lorsqu’ils enfreignaient nos règles », a continué Mark Zuckerberg, « Nous l’avons fait parce que nous pensions qu’il était nécessaire que le public ait un accès le plus large possible aux discours politiques, mêmes controversés. Mais le contexte actuel est désormais fondamentalement différent, car notre plateforme est utilisée pour inciter à l’insurrection violente contre un gouvernement démocratiquement élu. »
Il est pourtant assez clair que Facebook a été utilisé depuis longtemps pour inciter à la révolte, et que Donald Trump s’en est servi à de nombreuses reprises, au cours de ses 4 ans de mandat, pour partager des discours de haine. Il n’est d’ailleurs pas le seul dans ce cas : de nombreux groupes Facebook intitulés Stop The Steal (des personnes convaincues que l’élection présidentielle est frauduleuse, alors que rien ne le montre) ont permis à supportes pro-Trump de s’organiser et se regrouper en amont de la « prise » du Capitole.
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