Les opérateurs ont-ils pêché par excès de confiance en matière de communication sur la 5G ? En tout cas, un retour de bâton peut s’observer depuis quelques semaines, avec des reproches venant d’associations comme l’UFC-Que Choisir ou Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV). Cette dernière a d’ailleurs décidé de judiciariser le dossier, avec une plainte visant Orange et SFR.
Maintenant, c’est à l’association Familles Rurales de monter au front. Elle a annoncé le 21 janvier une action en justice contre Free mobile, au motif que « la communication publiée par Free le 15 décembre 2020 pourrait être considérée comme étant constitutive de pratiques commerciales trompeuses ». C’est à cette date que le quatrième opérateur est descendu dans l’arène en lançant sa 5G.
Deux bandes sont mobilisées par l’entreprise pour fournir de l’ultra haut débit mobile. Il y a la bande 3,5 GHz, qui est la bande-cœur de la 5G en France. Elle a été retenue comme bande principale, car elle était non seulement disponible, mais parce que ses propriétés sont les plus équilibrées (portée, débit, pénétration dans les bâtiments). Par ailleurs, la bande 700 MHz est aussi exploitée.
La bande 700 MHz était celle qu’utilisait Free Mobile pour la 4G. Par rapport à la bande 3,5 GHz, elle offre un débit moindre, mais porte plus loin et entre mieux dans les bâtiments. Or, le déploiement du réseau de Free Mobile n’est pas du tout le même selon que l’on regarde la première bande ou la seconde. Pour la 700 MHz, Free peut en théorie utiliser un peu moins de 13 000 sites. Mais pour la 3,5 GHz, moins de 950.
Un marketing qui esquive les subtilités de la 5G
En se servant de la bande 700 MHz, qui est déjà largement déployée sur le territoire, car elle servait à la 4G avant, Free Mobile a évidemment pu clamer qu’il peut fournir de la 5G à près de 40 % de la population métropolitaine, très loin devant ses rivaux. Sauf que sur la stricte question des débits, la 5G en 700 MHz est moins performante que la 5G en 3,5 GHz.
C’est ce que l’association explique : la communication de Free Mobile « ne permet pas aux consommateurs de comprendre que toutes les 5G ne se valent pas, que chacune dispose de spécificités propres ayant une incidence sur les débits, la latence ou la pénétrabilité au sein des bâtiments ». Sans une meilleure distinction entre ces différentes 5G, le risque d’une entourloupe existe pour la clientèle.
Pour qui suit de près ces problématiques, il est certes aisé de faire le tri entre « fausse 5G » et « vraie 5G » — même si ces terminologies sont impropres, la bande 700 MHz demeure une bande officielle pour la 5G, ou de savoir que Free Mobile va surtout miser au début sur cette bande secondaire. Mais pour une clientèle moins avisée, ces considérations ont-elles une réalité concrète ?
Au-delà de la plainte, Familles Rurales espère une intervention du gouvernement. Cédric O, le ministre chargé des télécommunications est ainsi invité « à prendre ses responsabilités en encadrant ces publicités par arrêté », car l’auto régulation, notamment sur les cartes, « n’aura pas été au rendez-vous ». Ce problème sera aussi un sujet pour le régulateur des télécoms, dont la présidence vient d’être renouvelée.
En effet, l’Autorité de régulation signalait en octobre avoir « émis des recommandations aux opérateurs en matière de carte de couverture 5G ». Ces pistes font l’objet d’un article dédié. Plus récemment, en décembre, l’Arcep a rappelé qu’un cadre plus contraignant va être mise en place pour baliser la communication des opérateurs. Indispensable pour une technologie appelée à prendre de plus en plus d’importance.
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