C’est le principal argument qui est brandi lorsque Signal arrive dans la conversation : c’est une application mobile très sécurisée, grâce au chiffrement de bout en bout, qui est actif par défaut. C’est même souvent l’unique argument que l’on entend quand la discussion porte sur les messageries instantanées, surtout s’il s’agit de se demander ce qui est le mieux entre WhatsApp, Telegram ou Signal.
Sur le strict plan de la sécurité informatique, cet argument l’emporte certainement sur tous les autres. Le chiffrement de bout en bout est en effet le meilleur moyen de se prémunir de la surveillance de masse, en empêchant tout accès aux conversations si l’on n’est pas dans la boucle. Même le fournisseur d’accès à Internet ou l’éditeur de l’application ne peuvent pas connaître la teneur des messages.
Donc, le chiffrement de bout en bout par défaut, c’est formidable. Mais est-ce que cela est suffisant pour amener un public qui a une connaissance moindre, voire nulle, pour ce genre de considération sur la sécurité et la confidentialité ? Et surtout, est-ce que ce genre d’argument est compréhensible, ou simplement pertinent quand on ne l’associe pas à un modèle de risque bien défini ? Difficile à dire.
Mobiliser d’autres arguments en faveur de Signal
La bonne nouvelle, c’est que le chiffrement de bout en bout, pour important qu’il est, n’est pas le seul argument que l’on peut mettre en avant. Si vous voulez évangéliser vos proches, peut-être faudrait-il plutôt leur dire que Signal est une messagerie instantanée aussi séduisante et conviviale que WhatsApp, et qu’abandonner cette dernière au profit de la première ne les dépaysera pas vraiment.
Vous en voulez la preuve ? La dernière mise à jour de l’application mobile supervisée par la fondation Signal accueille justement des fonctionnalités absolument triviales, donc tout à fait indispensables. Et c’est peut-être justement ce type d’options anodines, en tout cas au regard des enjeux de vie privée, mais attrayantes, qui a le plus de chances de convaincre, notamment auprès des ados.
Ainsi, il est désormais possible de personnaliser le fond d’écran de la conversation de votre choix, ou pour tout le monde si vous n’avez aucune patience, en utilisant un fond prédéfini à l’avance (une couleur unie à choisir parmi une variété de choix) ou bien une de vos photos. Raffinement supplémentaire, il est même possible pour cette dernière possibilité d’appliquer un léger flou artistique sur l’image.
Certes, WhatsApp fait la même chose, mais c’est bien là tout le sujet : ne pas perdre ses habitudes.
Autre nouveauté : les autocollants animés (oui, ils sont aussi chiffrés de bout en bout). La mise à jour du 25 janvier inclut leur prise en charge, avec un premier pack officiel, conçu par Miguel Ángel Camprubí. En attendant d’autres packs d’autocollants animés, sachez que vous pouvez aussi concevoir vos propres ensembles d’autocollants animés (APNG) via la version de bureau de Signal.
Dernier changement signalé par l’application, la possibilité de donner des nouvelles à vos contacts via une nouvelle zone personnalisable dans votre profil. Il s’agit d’un champ de saisie « À propos » dans laquelle vous pouvez laisser quelques mots et même ajouter un émoji de votre choix. Ici aussi, cela peut paraître quelconque, mais ces évolutions sont autant d’arguments supplémentaires en faveur de Signal.
Ce n’est pas la première fois que l’on souligne les efforts de l’application mobile pour ressembler à une messagerie instantanée classique. Cela ne se fait heureusement pas au détriment de sa préoccupation première, la protection de ses membres, en témoignent ses travaux sur la protection des métadonnées, sur ses initiatives le floutage des visages, ou sa prise de distance avec Google.
Mais pour rivaliser avec une application mobile qui compte aux alentours de 2 milliards d’utilisateurs, même les polémiques les plus vives ne suffiront sans doute pas à inverser le rapport de force. Ni les arguments purement sécuritaires. Il faut aussi mobiliser les armes du camp d’en face, en ajoutant du fun, même si cela nécessite de faire des mises à jour en apparence dérisoires.
C’est indispensable pour contrer l’effet de réseau, qui est un phénomène dans lequel on observe, en simplifiant, que le succès d’un réseau (y compris, donc, un réseau social ou une application de messagerie) dépend de son nombre d’utilisateurs. En clair, plus celui-ci a du succès, plus il est compliqué de prendre sa place. Combien de réseaux sociaux sont nés avec l’ambition de renverser Facebook ? Et qui se souvient d’eux ? C’est le même souci avec WhatsApp. Aussi faut-il ne se priver d’aucun levier. Même s’il parait insignifiant.
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