Envisagé pendant un temps, le rapprochement entre Orange et Free Mobile sur la 5G n’aura finalement pas lieu. L’opérateur historique a annoncé avoir mis un coup d’arrêt aux discussions engagées avec le quatrième opérateur de téléphonie mobile, révèle un communiqué paru le 28 janvier. C’est une « divergence de stratégie de déploiement », visiblement irréconciliable, qui a achevé les négociations.
Orange se montre très concis dans son annonce surprise. L’opérateur rappelle juste qu’il était envisagé un « accord de partage de réseau mobile », qui aurait sans doute permis à chacun de profiter des infrastructures de l’autre, car les deux opérateurs ont démarré le déploiement de la 5G au même moment, avec une ouverture commerciale le 3 décembre pour Orange et le 15 pour Free Mobile.
La situation est très différente en tout cas de l’époque où Free Mobile se lançait, au début des années 2010. À l’époque, le quatrième opérateur est arrivé sur le marché des télécoms bien des années après tout le monde, et il avait dès lors besoin d’une béquille temporaire le temps de combler son retard en 2G et en 3G. Aussi un accord avec Orange a été passé, de façon à lui facturer l’accès à son réseau, déjà en place.
Un problème de fréquences entre les deux opérateurs ?
Les raisons de cette divergence de vues entre Orange et Free Mobile sur l’ultra haut débit mobile ne sont pas claires : sont-elles géographiques (les zones à prioriser, qui fait quoi à quel endroit…), financières, liées au tempo du déploiement, technologiques ? Tout cela à la fois ? L’opérateur fait juste savoir qu’il « fait de la qualité de ses réseaux une priorité ». Faut-il comprendre en creux que ce n’est pas le cas chez Free Mobile ?
Cette phrase, en apparence anodine, est peut-être à rapprocher de la stratégie choisie par Free Mobile pour rapidement s’imposer sur le marché de la 5G. Il s’avère que l’opérateur n’utilise pas essentiellement la principale fréquence de la 5G, celle des 3,5 gigahertz (GHz), mais une autre bande, secondaire, de 700 MHz. Or, s’il s’agit bien d’une bande officielle pour la 5G, elle a des propriétés différentes.
Pour le dire vite, le débit est plus bas en 700 MHz qu’en 3,5 GHz, mais la portée et l’accès à l’intérieur des bâtiments sont supérieurs. La bande 700 MHz était jusqu’à présent utilisée pour la 4G et Free Mobile s’est lancé dans une opération de reconversion de nombreux sites 700 MHz pour les faire passer de la 4G à la 5G. C’est ce qui lui permet de revendiquer une couverture de 40 % de la population en 5G.
Cette différence (Orange mise de son côté sur les bandes 2,1 et 3,5 GHz pour sa 5G) est peut-être ce qui se cache derrière la phrase du groupe sur la qualité du réseau. Et la firme ne manque pas de rappeler qu’elle a été encore une fois (dixième année consécutive, mais le groupe a hérité des infrastructures publiques de France Télécom) numéro un de l’observatoire du régulateur des télécoms.
La perspective d’un rapprochement entre Orange et un autre opérateur a été évoquée dès février 2020 par le PDG de l’opérateur historique, Stéphane Richard. En novembre de la même année, il confirmait la disponibilité de son groupe pour s’allier à un autre, sans cacher sa préférence pour Free Mobile, pour des raisons multiples, y compris techniques, puisque leurs fréquences sont contiguës.
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