L’autorité de régulation des télécoms autorise Starlink à fonctionner en France. Le service imaginé par SpaceX a obtenu des fréquences pour pouvoir établir des liaisons entre le territoire français et l’espace, où se trouvent ses satellites.

SpaceX pourra désormais contribuer à réduire la fracture numérique en France. En effet, l’entreprise américaine a obtenu en février 2021 une autorisation lui permettant d’avoir des fréquences pour fournir un accès à Internet fixe par satellite, via son service commercial Starlink. En clair : il va lui être possible de vendre des forfaits Internet aux Français et aux Françaises, notamment en zone rurale.

Prise le 9 février, la décision de l’Autorité de régulation des communications électroniques a été rendue publique le 17. Elle autorise Starlink à se positionner sur les bandes 10,95 à 12,70 GHz (sens espace vers Terre) et 14 à 14,5 GHz (sens Terre vers espace) pour les terminaux utilisateurs, et 17,8 à 19,3 GHz (sens espace vers Terre) et 27,5 à 30 GHz (sens Terre vers espace) pour les passerelles.

Il s’avère que l’autorisation délivrée en février n’est pas la première obtenue par Starlink. En 2020, l’entreprise a obtenu trois autorisations (en mai, juillet et décembre) pour trois stations terrestres, situées à Gravelines (Nord), Villenave-d’Ornon (Gironde) et Saint-Senier-de-Beuvron (Manche). Ces trois autorisations sont valables dix ans, à compter de leur date d’émission. Elles sont renouvelables.

Starlink SpaceX

Space propulse régulièrement de nouveaux satellites dans l’espace. // SpaceX

Principal souci pour le régulateur : qu’il n’y ait pas de brouillages entre services et usagers qui partagent la bande de fréquences — car les ondes décrochées par Starlink se  des portions du spectre encombrées, comme le montre cette infographie. Les fréquences côtoient des fréquences pour la TV et le fixe par satellite, pour la 5G, le mobile aéronautique, entre autres.

Des conditions techniques ont donc été fixées par l’autorité administration, afin d’assurer la « cohabitation » sur la bande SHF (Super Haute Fréquence), qui s’étend de 3 à 30 GHz. Le régulateur précise au passage que cette autorisation « ne dispense pas de la délivrance d’autres autorisations requises pour l’implantation de stations radioélectriques », si Starlink entend se développer davantage dans l’Hexagone.

Le projet de Starlink est de déployer une constellation très dense de petits satellites en orbite basse autour de la Terre, afin d’apporter un accès à Internet par l’espace, en haut débit. Si l’entreprise entend proposer ses services dans des régions mal ou pas desservies par les installations de télécommunications terrestres, elle ne s’interdit évidemment pas de proposer ses offres dans des pays déjà bien couverts.

Aujourd’hui, il y a un plus de mille satellites Starlink en orbite et la plateforme revendique un peu plus de 10 000 clients dans les pays où elle est active (États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni). L’entreprise estime toutefois que rien qu’aux USA, il y a plus de 700 000 personnes qui ont manifesté de l’intérêt pour une offre satellitaire — qui est toujours dans une phase de bêta test.

Du côté des performances, il a été question d’un débit pouvant dépasser les 100 Mbit/s, et une latence tout à fait performante, de quelques millisecondes (entre 10 et 30 ms selon des tests partagés sur le net). Il s’agit-là d’indicateurs prometteurs, capables de changer la vie de personnes qui n’ont pas encore le haut débit, avec la possibilité de jouer à des jeux en ligne ou de voir des vidéos en haute définition.

Une arrivée en France qui interroge

Le point faible risque d’être le coût d’accès au service : en octobre, il a été rapporté que l’abonnement mensuel s’élevait à près de 100 dollars par mois. À cela s’ajoute l’achat d’un kit de connexion, facturé 500 dollars. Ces montants figuraient dans un mail envoyé par Starlink. Peut-être ceux-ci seront-ils réévalués à la baisse lors du lancement officiel du service, mais cela reste hypothétique.

L’arrivée de Starlink en France interroge, car la fracture numérique entre zones rurales et urbaines s’est quand même fortement résorbée. Les données agrégées par le régulateur indiquent par exemple que sur la 4G , la surface de l’Hexagone est couverte entre 86 et 92 % par les quatre opérateurs, et la population entre 97 et plus de 99 %. Idem pour la 3G, même si son débit est nettement plus bas que la 4G.

Arcep France 4G

La carte de couverture 4G du territoire. Les rares zones vides sont en cours de résorption et sont par ailleurs très peu peuplées, voire pas du tout. // Source : Arcep

Outre le plan New Deal Mobile qui vise à déployer la 4G partout sur le territoire, offrant ainsi un débit plus que convenable partout, la France poursuit une autre stratégie, cette fois dans le fixe, avec le plan France Très Haut Débit. Il s’agit de déployer la fibre optique sur tout le territoire métropolitain d’ici 2025, avec des débits de plusieurs centaines de Mbit/s, en illimité et à des prix très compétitifs.

Starlink pourrait se glisser dans les interstices laissés par les opérateurs, mais il n’est pas sûr qu’il puisse demeurer compétitif à long terme avec ses tarifs. En effet, dans le fixe comme dans le mobile, le marché hexagonal est réputé pour des offres très bon marché, d’à peine quelques dizaines d’euros. Même les autres offres d’accès par satellite sont plus abordables (mais des débits un peu moins élevés).

Autre interrogation : la visibilité de Starlink en France. Si le service est sans doute connu de certains geeks urbains, ces derniers ne basculeront peut-être pas sur son service, en tout cas à ce prix, surtout si leur connexion Internet est déjà convenable, voire très bonne (et la fibre optique est déjà largement déployée en ville). Il reste les zones rurales, mais rien ne dit que Starlink y jouit de la même notoriété.

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