Le calendrier de la 5G à Paris se précise enfin. La mairie de Paris a annoncé le 19 février avoir trouvé un terrain d’entente avec les opérateurs pour organiser le déploiement de la nouvelle génération de la téléphonie mobile dans la capitale. Le lancement des offres commerciales d’Orange, SFR, Free Mobile et Bouygues Telecom devrait survenir d’ici quelques semaines.
La Ville Lumière se trouvait jusqu’à présent dans une situation paradoxale : malgré une très très importante population intra-muros, avec plus de 2 millions d’habitants, sans compter toutes les personnes de passage, elle était à l’écart de la 5G, alors même que les grandes métropoles constituent justement des zones prioritaires à couvrir, parce qu’elles offrent les plus gros viviers de clients potentiels.
La situation était d’ailleurs paradoxale, avec un déploiement plus ou moins avancé dans la petite couronne parisienne par les différents opérateurs, et une grande zone vide au centre avec Paris. Un vide toutefois relatif, puisque les ondes électromagnétiques utilisées pour la 5G ne s’arrêtent pas au périphérique. Dès lors, certains bouts des arrondissements situés en périphérie étaient de fait couverts.
Une charte à respecter par les opérateurs
En fait, le retard de Paris par rapport à d’autres agglomérations françaises est dû à la volonté de la mairie de mener une concertation citoyenne, l’an dernier. Celle-ci a formulé plusieurs propositions, qui ont été prises en compte par le conseil de Paris. Par la suite, la ville a travaillé à la mise à jour de sa charte de téléphonie mobile, afin d’intégrer les recommandations issues de ce travail.
Cette charte est ancienne : elle existe depuis 2003 et entend « maîtriser l’évolution de l’exposition aux ondes électromagnétiques des Parisiennes et des Parisiens ». Elle va donc être renouvelée à l’occasion de la 5G. Il est prévu de la soumettre au conseil de Paris au cours du mois de mars. Les opérateurs l’accepteront vraisemblablement dans la foulée, car l’arrivée de la 5G sera conditionnée à cette charte.
Les opérateurs ont été amenés à prendre des engagements. Tous ne concernent pourtant pas directement la 5G. On trouve une demande de contribution au respect de l’accord de Paris et du plan climat de la ville, un objectif de facilitation de l’accès pour tous aux services de téléphonie et l’inclusion numérique ou bien des exigences en termes de recyclages et de réutilisation des équipements de téléphonie.
La charte contient par ailleurs des exigences en termes de limitation de l’exposition aux ondes et d’information sur l’installation des antennes. Cela, alors qu’en l’état actuel de la recherche scientifique, l’existence d’un risque avéré pour la santé humaine du fait des ondes n’a pas été prouvée, lorsque l’utilisation des ondes se fait dans le cadre des normes réglementaires en vigueur.
Enfin, pour qu’elle soit suivie d’effet, Paris annonce un observatoire composé d’élus du conseil de Paris, mais aussi d’associations, des opérateurs, de particuliers, d’experts scientifiques et d’agences nationales et régionales. Son but sera de s’assurer que cette charte est respectée et que les demandes de la conférence citoyenne soient suivies d’effet.
Un rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G remis au gouvernement en septembre a fait le constat de l’absence d’indice suggérant un risque pour la santé humaine. Un autre rapport est toutefois très attendu, celui de l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses), qui doit à son tour faire le point sur l’état des connaissances scientifiques.
Sur le papier, les mairies ne sont pas en principe en mesure de s’opposer à l’arrivée de la 5G. Cependant, compte tenu de la sensibilité du sujet, des craintes en termes sanitaires et des rumeurs qui ont parfois accompagné l’actualité de la 5G, il a été recommandé aux opérateurs de ne pas passer en force, mais de respecter ces initiatives locales, mais si cela a pu décaler de plusieurs semaines le déploiement.
Le suivi des ondes dans le cadre de la 5G a commencé dès la mise en place de stations expérimentales. Par la suite, secrétaire d’État chargé du numérique s’est engagé en faveur d’une hausse des contrôles pour les smartphones et les antennes-relais, afin de dissiper les craintes par la transparence des mesures. D’ailleurs, des capteurs d’exposition ont été installés dès le 20 novembre 2020.
Il faudra au moins dix ans à la 5G pour être généralisée sur le territoire, comme la 4G, qui est toujours en train d’être déployée alors qu’elle a été lancée au début de la décennie précédente. Un premier jalon important est attendu en 2025, puisque les opérateurs devront à ce moment-là couvrir au moins deux tiers de la population. Et peut-être qu’à ce moment-là, on entendra davantage parler de la 6G.
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