Presque 28 milliards de dollars. C’est la somme que l’entreprise américaine Salesforce a mise sur la table le 1er décembre 2020 pour prendre possession de Slack, une célèbre plateforme collaborative. Elle permet de créer des salons de discussion par thème, et d’y connecter des applications spécifiques, pour en étendre les fonctionnalités. Peut-être êtes-vous d’ailleurs familier de cet outil.
Ce ne serait pas étonnant : la France est, selon Slack, son troisième marché européen. Si la société ne précise pas le nombre d’utilisateurs dans l’Hexagone (début 2019, elle annonçait 10 millions d’utilisateurs quotidiens actifs dans le monde), elle dit fournir ses services pour près des deux tiers des entreprises du CAC 40, et pour bien d’autres groupes. Humanoid, qui édite Numerama, s’en sert également.
Si cet environnement de travail vous parle, son nom vous a peut-être déjà interloqué. Pour qui a quelques notions d’anglais, « to slack » est un verbe qui n’est pas très flatteur et que l’on pourrait traduire par « se laisser aller », « se relâcher ». Le mot est parfois même employé dans des phrases en français, pour inviter quelqu’un à se remuer, à arrêter de fainéanter : « arrête de slacker ».
Cette connotation de mollesse et de paresse tranche évidemment avec ce que permet de faire cette plateforme. Celle-ci cherche au contraire à améliorer l’organisation du travail en structurant les salons de discussion (un pour la veille, un autre pour le design, un troisième pour la vidéo, et ainsi de suite). Et surtout, cela s’avère un outil pratique pour travailler à distance, surtout en ces temps de pandémie.
Slack, d’ailleurs, s’en amuse : en 2016, le compte officiel de l’entreprise tweetait : « Notre nom peut sembler drôle, mais réfléchissez à ça : sans slack, il n’y a pas d’audience, pas d’action, pas de flexibilité, pas d’apprentissage, pas d’évolution, pas de croissance ». Dans le tweet, Slack était écrit avec une minuscule, pour que le tweet puisse aussi se lire : « sans glande, […] » afin de jouer sur ce double sens.
Slack contient un acronyme
Pourtant, il existe une autre signification. « Slack » serait en fait un acronyme qui fait par hasard écho à un travail ou une tâche qui traîne en longueur, voire qui flirte carrément avec la procrastination. C’est ce que suggère Stewart Butterfield, l’un des fondateurs de Slack. Sur Twitter, il indiquait en 2016 que Slack veut en fait dire « Searchable Log of All Conversation & Knowledge ».
Cet acronyme pourrait se traduire par « Journal de bord consultable de toutes les conversations et connaissances », ce qui n’est pas tout à fait absurde puisque Slack consigne dans le temps tous les échanges privés et publics que l’on peut avoir sur ce logiciel de discussion. Cette idée de nom aurait été imaginée dès novembre 2012, c’est-à-dire plusieurs mois avant son lancement, en août 2013.
Manifestement, Slack était envisagé au départ comme un nom de code, à en croire l’extrait du tchat qu’a partagé Stewart Butterfield. Précédemment, ce projet était baptisé Linefeed. Dans le tchat, un certain Eric, qui est certainement Eric Costello, un autre fondateur de la société, se montrait circonspect, car cela propageait une image peu plaisante de la compagnie et de sa clientèle.
L’extrait du tchat vaut quand même le coup d’oeil :
- <stewart> : J’ai veillé très tard la nuit dernière en pensant à des choses et d’autres.
- <stewart> : Et il n’est pas exagéré de dire WOW!
- <stewart> : De plus, j’ai un meilleur nom de code
- <stewart> : Slack et/ou App Slack
- <stewart> : Searchable Log of All Conversation & Knowledge
- <stewart> : mais, Slack est aussi juste plaisant à prononcer
- <eric> : J’aime bien, mais… ça a aussi une sorte de connotation négative.
- <eric> : Nos utilisateurs seraient des slackers :)
- <stewart> : Ta da !
- <stewart> : c’est juste un nom de code
- <eric> : ah, cool
- <stewart> : Mais attends que Kuke vous dessine le « slack » (une petite chose mignonne à huit bras, à tête floue, à un œil, qui mange TOUTES vos communications professionnelles et les conserve pour vous sous une forme agréable à rechercher… c’est-à-dire une crotte)
De toute évidence, ce logo n’a jamais vu le jour, puisque le première identité visuelle de la société était un croisillon (ou octothorpe) coloré et incliné, avec quatre couleurs, une par branche, et un mélange aux intersections. Ce logo a évolué début 2019, notamment parce que la société s’est rendu compte qu’il était trop complexe, ce qui posait des problèmes d’harmonisation. Le nouveau évite désormais les croisements.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !