L’idée d’équiper la population française de bracelets ou de montres capables d’accueillir l’application TousAntiCovid a, semble-t-il, vécu. Répondant aux questions de L’Obs le 4 mars, Antoine Robillard, vice-président de Withings, a révélé que les pouvoirs publics n’ont pas donné aux suites aux travaux du spécialiste des objets connectés, alors même qu’une solution technique a été trouvée.
L’intéressé ne s’est pas attardé sur ce projet qui a terminé sa course dans une impasse. « Nous avons fait les recherches demandées par les pouvoirs publics », tient à rappeler Antoine Robillard. Une « proposition fonctionnelle » a même pu être développée pour embarquer l’outil de traçage de contacts dans une montre connectée. Sauf qu’au niveau politique, les autorités n’ont finalement pas suivi.
La solution imaginée par Withings « n’a pas donné lieu à une commande publique pour équiper les citoyens sans smartphone », confie-t-il.
Combler les trous de la raquette du contact tracing
Sur le papier, l’accessoire devait s’adresser à certains publics, comme les enfants et les seniors, pour combler les trous de la raquette du contact tracing via TousAntiCovid. En effet, les smartphones n’équipent « que » trois quarts de la population ce qui laisse une large proportion du public en dehors du radar de l’application — même si, dans les faits, le traçage des contacts ne repose pas que sur ce logiciel.
L’été dernier, le gouvernement paraissait pourtant très désireux d’une solution technique capable de s’adresser aux personnes sans smartphone, afin qu’un bracelet ou une montre high tech, ou même un badge, puisse communiquer quand même avec un smartphone qui a installé TousAntiCovid. Une conférence à laquelle participait Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, s’y était attardée, fin juin.
À l’époque, il était indiqué qu’un prototype fonctionnel du protocole de transmission des informations devait être présenté un mois plus tard. Cédric O avait d’ailleurs indiqué, lors d’une audition devant les parlementaires, quelque temps plus tôt, que Withings était parvenu à faire marcher TousAntiCovid (qui s’appelait alors encore StopCovid) sur une montre connectée.
Cédric O avait ajouté à l’époque qu’il était envisagé un passage à une étape industrielle du projet mené par Withings, toujours au cours de l’été 2020, vers juillet ou août. Contacté à ce sujet pour obtenir quelques éclaircissements sur le prototype, les raisons de l’impasse et des éventuelles suites envisageables, le spécialiste des objets connectés n’a pour l’heure pas donné suite à nos questions.
Withings figure dans le projet de TousAntiCovid depuis ses débuts, justement pour fournir son expertise sur les accessoires connectés, aux côtés d’autres organisations qui chacune apportent une spécialité (cybersécurité, interopérabilité, infrastructure, modèle de santé, etc.). Dans le cas de Withings, il était question d’aboutir à des produits coûtant quelques dizaines d’euros à fabriquer.
« Une telle montre vaudrait entre 40 et 50 euros, à voir ce qui peut être pris en charge par l’État », estimait d’ailleurs le secrétaire d’État fin mai, lors d’un échange avec les députés. Un prix assez bas, pour pouvoir vendre le produit à des publics aux revenus plus modestes, dans les milieux ruraux ou dans les quartiers populaires, ou à le rendre plus supportable pour les finances publiques, si elles le prennent en charge.
Si sur le papier ces accessoires connectés n’avaient pas été excessivement coûteux à produire et à acheter, en comparaison des dépenses requises nécessaires pour distribuer des smartphones au quart de la population n’en possédant pas, son succès n’était pas du tout garanti. On l’avait vu avec la première version de l’application StopCovid, qui n’a pas réussi à percer. TousAntiCovid a fait mieux, néanmoins.
En effet, l’usage de TousAntiCovid est facultatif. Ces accessoires connectés ne l’auraient pas été non plus, s’ils avaient vu le jour. En les rendant obligatoires, l’efficacité du traçage des contacts aurait été bien meilleure, mais cela aurait entraîné de lourdes problématiques en matière de libertés individuelles — des modifications substantielles du droit auraient été requises, d’ailleurs.
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