C’était finalement un abandon en trompe-l’œil. Début mars, on apprenait que le réseau social Parler, prisé par les partisans de Trump et toute une frange d’une droite extrême aux États-Unis, renonçait à une action en justice contre Amazon. Le géant américain du e-commerce, via sa filiale spécialisée dans l’hébergement web (Amazon Web Services), avait décidé de rompre son contrat avec Parler.
En fin de compte, c’est pour mieux relancer une offensive judiciaire contre le plus gros des hébergeurs. Dans la foulée de son premier désistement, il a été découvert une autre plainte contre Amazon le 3 mars 2021. Parler argue que son ex-hébergeur l’a diffamé et a rompu le contrat, entre autres. Il lui reproche de ne pas lui avoir laissé un délai de 30 jours pour soit remédier au problème soulevé par Amazon, soit trouver une solution de repli.
À l’origine, Amazon a pris la décision de couper brusquement les ponts avec son client, au motif que le site communautaire ne déployait pas une modération suffisante pour gérer les messages incitant à la violence ou la glorifiant. C’est d’ailleurs ce défaut de modération qui a été brandi par Apple et Google pour retirer son application mobile de l’App Store (iOS) et de Google Play (Android).
Parler charge Amazon de multiples griefs
Dans la plainte, les avocats de Parler avancent que le réseau social comptait plus de 12 millions d’utilisateurs au moment où Amazon Web Services a mis fin à ses services. Ils estiment que cela a également coupé l’élan du service, qui connaissait un succès croissant auprès des conservateurs déçus de Facebook ou Twitter. L’arrivée de Donald Trump était même envisagée, dans le cadre d’un deal.
Parler reproche notamment à Amazon de lui avoir fait perdre des dizaines de millions de nouveaux membres lors de la coupure brutale en début d’année. Il est même avancé qu’Amazon a secrètement profité des données des utilisateurs de Parler en les monétisant. Parler ajoute qu’il était également sur le point de voir sa valorisation bondir, à un milliard de dollars.
Pour sa part, Amazon a rejeté en bloc ces accusations, les jugeant sans fondement. Dans sa réaction transmise à The Verge le 3 mars, le géant du net déclare qu’il « était clair qu’il y avait un contenu important sur Parler qui encourageait et incitait à la violence contre les autres, ce qui est une violation de nos conditions de service ». Et d’ajouter qu’à aucun moment, Parler n’a pu ou voulu traiter ces publications.
Aujourd’hui, Parler est de nouveau en ligne, depuis la mi-février. Le réseau social a pu se replier chez un autre hébergeur, qui s’accommode de ses idées et de sa modération bien plus lâche. En effet, la plateforme profite des services d’Epik, une entreprise américaine qui est décrite comme un refuge pour divers sites de la mouvance extrémiste, complotiste ou suprémaciste.
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