Le capteur Soli est une énigme pour qui observe la tech depuis quelques années. Ce projet de Google qui a pris de nombreuses années de recherche et de développement a été saccagé par son intégration très hasardeuse sur le Pixel 4. L’objectif était ambitieux : ajouter à un smartphone un capteur de mouvement ultra puissant, capable tout autant de détecter des gestes pour opérer des actions ou aider à la reconnaissance faciale en captant la profondeur du visage. Le Pixel 5, sorti un an après, a annoncé la mort de la technologie sur smartphone : Google est revenu à un capteur biométrique basé sur les empreintes digitales.
On pensait alors le Projet Soli mort et enterré. Mais c’était sans compter sur le fait que Google est aujourd’hui une multinationale avec de nombreux pôles. Dans l’ombre, côté domotique, les ingénieurs de la marque Nest ont récupéré la technologie et l’ont greffée au nouveau cadre connecté nommé sobrement Google Nest Hub. Le tout, pour un usage qu’on aurait peu imaginé : le suivi du sommeil.
Le suivi du sommeil par Soli
Le Google Nest Hub de 2021 ne devrait surprendre personne côté design et fonctionnalités. Il s’agit grosso modo d’une tablette tactile posée sur un haut-parleur, qui peut tout à la fois servir de centre de contrôle pour sa maison connectée, d’assistant cuisine en affichant des recettes, ou de cadre photo quand il est en veille. Mais cet objet, qui sera commercialisé 99 € en France le 30 mars, a un outil de plus cette année : une fonction de suivi du sommeil poussée, permise par Soli.
Dans un entretien avec Numerama, Google a affirmé qu’ils avaient été surpris de voir que de nombreux clients du premier Nest Hub utilisaient l’appareil dans une chambre, comme une sorte de radio-réveil avec des fonctions connectées et multimédia — on peut regarder Netflix ou Canal+ sur un tel objet. Ils ont donc travaillé à faire du nouveau Nest Hub un objet moins centré autour de la cuisine et plus intéressant à avoir sur une table de chevet.
Le suivi du sommeil est apparu comme une évidence. Aujourd’hui, on peut citer grossièrement trois types de produits capables de suivre le sommeil. D’abord, des montres et bracelets connectés qu’il faut porter la nuit et donc perdre ce temps pour la charge. Ensuite, des produits de type « casque » ou masque de sommeil qui peuvent déranger au quotidien — on pense aux Français de Dreem. Enfin, des produits plus spécialisés, comme le Sleep Analyzer de Withings, qui a l’avantage d’avoir été validé cliniquement, mais qui n’a aucune autre fonctionnalité que le suivi du sommeil.
Le Nest Hub de 2021 propose de faire à peu près la même chose, grâce à la capture des mouvements par Soli. Le capteur, prétend Google, est capable de mesurer des micromouvements, sans caméra bien entendu (l’appareil n’en est pas équipé) et de produire des spectrogrammes qui peuvent ensuite être analysés par le logiciel du Nest Hub. La seule donnée que le Nest Hub récupère, après avoir été configuré pour « viser » une sorte de bulle où vous dormez sur votre lit, est donc un spectrogramme de votre nuit. La précision du capteur le rend capable de voir les mouvements que vous faites, mais, plus finement, jusqu’aux respirations par minute.
Pour prouver sa performance théorique, Google a procédé à des tests et notamment, à un test comparatif. Pendant 110 000 nuits, sur 15 000 individus, des Nest Hub ont été mis en compétition avec des polygraphies du sommeil traditionnelles. Le résultat de ce test comparatif a permis à Google de se rendre compte qu’il n’y avait pas de différence notable entre son gadget de table de nuit et un équipement médical : les spectrogrammes étaient les mêmes. Une mesure qui reste à confirmer par des tests indépendants, mais qui est somme toute bluffante pour une technologie qui, il y a quelques années, servait principalement à faire coucou à des Pokémon.
Côté vie privée, l’appareil ne possédant pas de webcam n’est pas plus intrusif qu’une enceinte connectée quelconque. En revanche, Google a ajouté des options sur ces fonctionnalités de bien-être : elles devront être activées par l’utilisateur, le traitement des données sera fait en local sur la machine et l’utilisateur peut choisir de supprimer toutes ses nuits ou une nuit en particulier en un clic sur l’interface tactile.
Dans un premier temps, l’analyse du sommeil, qui produira résumés quotidiens et conseils pour améliorer la qualité de son repos, sera gratuite pour tout achat d’un Nest Hub. Mais Google prévient déjà : il s’agira, à terme, d’un service sur abonnement. Pour en profiter, il faudra donc payer une contribution mensuelle, probablement dans une forme modifiée de l’abonnement Nest déjà utilisé pour la vidéosurveillance.
Reste à savoir si cette première dose gratuite servira à convaincre suffisamment de clients de son utilité réelle : l’un des soucis que nous relevions sur les dispositifs liés au sommeil était l’absence d’usage sans un bon accompagnement d’un professionnel de santé. Si cet outil ne séduit pas autant que Google l’espère, gageons qu’il s’agira de la dernière apparition de Soli sur un produit Google.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !