Une semaine après l’incendie qui a détruit partiellement le centre de données d’OVH à Strasbourg, les efforts de l’hébergeur français pour le remettre en état se poursuivent. Selon le dernier point d’étape, partagé le 17 mars en milieu d’après-midi, l’alimentation électrique des trois zones ayant survécu aux flammes est bouclée. La remise en route du réseau est aussi en bonne voie.
Compte tenu des travaux effectués depuis une semaine, OVH a pu affiner une nouvelle fois son calendrier provisoire de redémarrage des serveurs. Aujourd’hui, OVH estime qu’il lui est possible de faire un redémarrage progressif des serveurs situés dans les zone 1 et 3 du data center à partir du 19 mars. Pour ceux dans la zone 4, OVH n’évoque pas un rallumage avant le 22 mars.
Ces dates sont sujettes à modification : l’entreprise explique qu’elle doit procéder à des essais aujourd’hui et demain sur une baie par zone. Si les résultats sont concluants, alors OVH pourra progressivement rebrancher les serveurs. L’entreprise prévient qu’elle le fera par étape (salle par salle, allée par allée et baie par baie). Les clients concernés doivent être prévenus au fur et à mesure.
Le système anti-feu d’OVH a-t-il fonctionné ?
L’enquête sur les circonstances du feu se poursuit. La piste accidentelle est privilégiée : il a été évoqué la défaillance d’un onduleur sur lequel une intervention récente a eu lieu, de la part d’un technicien. Le dispositif électrique avait reçu d’importantes modifications, mais sa remise en marche n’avait pas, a priori, suscité de problème. Mais ce serait bien lui qui aurait dysfonctionné et causé le départ du feu.
Cette catastrophe pose inévitablement la question de la qualité et du bon fonctionnement du système anti-incendie du site. Comme le souligne le Journal du Net, le data enter est doté d’un dispositif de détection et il fait aussi l’objet d’exercices tous les six mois. Mais ce dispositif a-t-il correctement marché ? Et les procédures ont-elles fonctionné ? L’état du data center aujourd’hui fait craindre une réponse négative.
En outre, il apparaît que le centre de données strasbourgeois n’est pas doté du nec plus ultra dans la lutte anti-feu. Le Journal du Net signale que data center n’est pas doté d’un réseau d’extinction permettant par exemple d’étouffer les flammes en vidant l’oxygène des salles en péril, et en le remplaçant par un gaz inerte. Le site ajoute qu’il n’y a pas non plus ni gicleurs d’eau ni brumisateurs à haute pression.
Le prix de la tranquillité dans le cloud
Un second sujet crucial arrive sur la table à mesure que l’entreprise établit l’inventaire de ce qui peut être sauvé et ce qui est perdu : celui des sauvegardes. Avec une double question : OVH a-t-il été assez clair sur le contenu de ses offres, y compris sur ce qui est sauvegardé ou non, où et comment ? Et les gérants de sites avaient-ils bien intégré les éventuelles limites de leur offre dans leurs plans ?
Le MagIT met ainsi les pieds dans le plat en faisant observer que des entreprises sont en train de reprocher à OVH de ne pas avoir correctement sauvegardé leurs contenus, alors même qu’elles n’ont pas acheté le bon niveau de prestation. Il est possible de s’en passer, mais cela suppose avoir une stratégie de reprise ou de continuité de l’activité. OVH ne va pas le faire à la place des sites web, pour rien.
Cela nécessite donc de consentir à un niveau d’investissement certain, pour se préparer à la survenue d’un risque incertain — exactement comme une assurance. C’est ce que notre article sur l’enjeu de la redondance pour les sites web visait à montrer : la course aux prix bas et aux économies est séduisante à court terme, mais peut avoir des conséquences fâcheuses à long terme, en rognant sur sa résilience.
Reste l’éventualité d’une judiciarisation de l’évènement : OVH pourrait-il se faire traîner en justice par des entreprises ayant perdu des données ? Peut-être. Mais leur victoire devant les tribunaux est incertaine, s’il est établi que telle ou telle société n’a pas souscrit à l’offre adéquate en matière de sauvegarde, et si par ailleurs elle n’a pas prévu à la place son plan en cas d’incident majeur.
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