Une interface qui n’afficherait pas le nombre de dislikes d’une vidéo ? C’est ce que va tester YouTube dans les semaines à venir sur sa plateforme, a annoncé la société sur Twitter le 30 mars. Il sera toujours possible pour l’internaute de marquer sa désapprobation quant à la qualité ou contenu de la vidéo qu’il regarde, mais il ne saura plus si son avis est largement partagé, ou non.
Cette expérimentation sera d’une portée limitée, a ajouté YouTube : tout le monde n’aura pas accès à ce design exploratoire — ou plutôt ces designs, car plusieurs interfaces vont être proposées aux internautes, vraisemblablement dans une logique de test A/B pour déceler quel look se démarque. YouTube n’a pas indiqué sur quels critères il va se baser, ni si en bout de course il déploiera vraiment l’un de ces designs.
https://twitter.com/YouTube/status/1376942486594150405
Si la durée de ces essais n’a pas été précisée, leurs motivations, si : c’est en réponse à une demande des vidéastes, selon YouTube. Une partie de celles et ceux qui alimentent le site avec leurs contenus a exprimé un mal-être à l’égard des raids d’internautes qui descendent des vidéos, de manière coordonnée ou non, car ce qui est raconté n’épouse pas leur point de vue. Raids qui peuvent virer au cyberharcèlement.
« Les commentaires des internautes constituent un élément important de YouTube, mais des créateurs nous ont dit que l’expérience actuelle pouvait avoir un impact négatif sur leur bien-être. Nous savons également que le nombre de désapprobations du public motive parfois des campagnes ciblées de désapprobation sur certaines vidéos », a indiqué encore YouTube, cette fois via un autre de ses comptes Twitter.
Les youtubeurs et youtubeuses pourront toujours connaître le nombre de dislikes, mais plus difficilement
Les vidéastes ne sont toutefois pas les seules cibles de ces vagues de « pouces en bas ». Celles-ci s’échouent aussi contre les vidéos conçues à des fins marketing, comme le trailer du reboot de Ghostbusters, la présentation de CoD : Infinite Warfare, ou bien les récapitulatifs que YouTube tente de proposer chaque année, en pensant les rendre plaisants, mais qui sont au contraire taillés en pièce.
Une précision de taille : dans le test imaginé par YouTube, les vidéastes seront toujours en mesure de voir le nombre exact de likes et de dislikes, mais en se rendant dans l’espace YouTube Studio. En public, c’est-à-dire sur la vidéo, seul les likes seront affichés. Quant aux dislikes, ils sont masqués par défaut pour tout le monde, y compris pour les vidéastes. Et les internautes pourraient toujours aimer ou détester une vidéo.
Cette manière de faire semble un compromis : YouTube juge a priori qu’il faut toujours permettre de dire aux vidéastes les statistiques de leurs vidéos, mais sans que ces retours négatifs soient exposés d’emblée aux yeux de tout le monde. Y compris des vidéastes eux-mêmes : en somme, cela une sorte de filtre protecteur : libres aux vidéastes d’aller dans le YouTube Studio pour aller voir l’information.
Des internautes « dislikent » ce test
Dans les réactions publiées à la suite de l’annonce de YouTube sur Twitter, les avis sont circonspects : d’aucuns font par exemple remarquer que la plateforme fournit déjà aux vidéastes la possibilité de désactiver les commentaires et les boutons like et dislike. Si l’espace de discussion et ces outils sont hors de contrôle, le vidéaste a la possibilité de les neutraliser.
Une autre critique porte sur les intentions réelles de YouTube : au-delà de la situation des créateurs, qui peuvent légitimement mal vivre un ratio like / dislike défavorable, il y a aussi dans l’équation une autre potentielle inconnue : l’influence des entreprises qui subissent parfois des bad buzz parce qu’elles ne répondent pas aux attentes du moment. De fait, elles ont aussi des raisons objectives de ne plus voir les dislikes.
D’autres estiment que cela désavantage le public, puisqu’il ne peut plus avoir un aperçu de l’impact qu’a eu la vidéo sur le public. Certains argumentent que le bouton dislike permet de s’attaquer aux vidéos d’arnaque, de sanctionner les titres mensongers ou excessifs par rapport à la vidéo, en permettant d’avoir un marqueur visible — le compteur de dislikes — pour tout le monde.
Si le test de YouTube fait l’actualité, le cas des dislikes est en fait un sujet que la plateforme n’a toujours pas réussi à régler. Depuis des années, l’entreprise cherche un moyen pour éviter que ce bouton ne serve « d’arme numérique » pour s’en prendre aux vidéastes. En 2019, la société a imaginé une autre approche : celle de justifier son dislike en donnant un avis. Elle a aussi évoqué l’idée de s’en passer complètement.
Le bouton dislike est une fonctionnalité que l’on retrouve peu sur les plus gros réseaux sociaux. Facebook et Instagram, par exemple, n’en fournissent pas : au mieux y a-t-il la possibilité d’afficher un émoticône fâché sur Facebook. Il est aussi possible de masquer ou d’effacer des commentaires sur ce réseau social, quand ceux-ci sont postés sur une publication que l’on contrôle.
Il reste maintenant à voir ce que fera YouTube dans les semaines et les mois à venir. Rien ne semble décidé : « Nous suivrons de près les retours de ces expériences afin de déterminer les décisions que nous pourrons prendre à l’avenir », a fait savoir la société à un autre mécontent de l’existence de ce test Et dans une courte foire aux questions, YouTube a répété qu’il n’était pas question de supprimer le bouton dislike.
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