L’avenir des « likes » sur les réseaux sociaux est-il compté ? En tout cas, ces marqueurs d’approbation sociale sont de plus en plus questionnés, y compris par les plateformes qui les proposent. On l’a vu avec YouTube, qui a effacé le compteur de dislikes dans un test concernant le moral des vidéastes. On le voit cette fois avec Instagram, qui expérimente à son tour un service mettant moins en avant ces indicateurs.
TechCrunch rapporte dans son édition du 14 avril que la filiale de Facebook démarre un nouvel essai, dans lequel les membres peuvent décider s’ils veulent afficher ou non le compteur de likes sur leurs propres publications, mais aussi s’ils souhaitent voir ou non celui des autres personnes inscrites sur le réseau social. De fait, il devient possible, dans ce test, de cacher entièrement les likes sur le site.
Ce n’est pas la première fois qu’Instagram s’engage dans cette direction. Déjà en 2019, il y avait eu une expérimentation identique, sauf que cette fois la décision était imposée « d’en haut », c’est-à-dire de l’entreprise : une poignée d’utilisateurs de sept pays (Australie, Brésil, Canada, Irlande, Italie, Japon et Nouvelle-Zélande) s’était retrouvée sans l’affichage des petits cœurs.
Un test où les internautes ont la main sur ce qu’ils veulent voir
Le profil du test est un peu différent, car il est question cette fois de laisser la main aux personnes — tout le monde ne souhaite peut-être pas cacher ces indicateurs de validation sociale — et de l’élargir à l’ensemble des pays dans lesquels Instagram opère. Seulement, là encore, tout le monde n’y aura pas accès : Instagram réserve ces outils expérimentaux à un petit nombre d’inscrits.
À l’origine de ces réflexions, deux raisons. La première est liée au bien-être des internautes — il apparaît que le compteur de likes peut rapidement virer à l’obsession, car c’est un indicateur du degré de popularité d’un contenu. Un contenu qui ne reçoit pas assez d’engagement peut s’avérer vexant, voire blessant, pour celui ou celle l’ayant publié. Cela peut même pousser à le supprimer, en fin de compte.
C’est ce que montrait par exemple un article du Washington Post, en 2016, en citant le cas d’une jeune femme qui n’a que quelques photos sur son compte, car elle en supprime la majorité. Parce qu’elle estime que la photo n’est pas assez jolie, parce qu’elle n’est pas assez cool, ou bien parce que les autres internautes n’ont pas assez réagi favorablement à sa publication.
À côté des considérations d’épanouissement, il y a aussi un enjeu d’authenticité : il semble que le like appelle le like, en quelque sorte. En clair, plus un message a du succès, plus il recevra de l’attention — c’est aussi en partie à cause des algorithmes d’Instagram. Or, note TechCrunch, Instagram voudrait que les gens apprécient un contenu pour ce qu’il est, et non pas parce qu’il a reçu beaucoup d’engagement.
C’est déjà ce que disait Instagram en 2019. « Nous voulons que vos amis puissent se concentrer sur les photos et vidéos que vous partagez et non sur le nombre de likes que vous avez », déclarait le service à l’époque. Ralentir la course aux likes, se montrer plus sincère dans les interactions sur la plateforme, plutôt que de suivre le sens du vent et les tendances.
Aucune précision n’a été donnée quant à la durée de cette expérimentation, ni si son périmètre va évoluer dans le temps. Il n’est pas non plus acquis qu’en définitive ce type de réglage finisse par être déployé à grande échelle pour tout le monde. La piste qu’explore toutefois aujourd’hui Instagram apparaît avoir un bon équilibre, en laissant le choix. Mais l’attrait du like ne sera-t-il pas trop fort pour pouvoir s’en passer ?
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