L’avis d’une agence sur la sécurité sanitaire à propos de la 5G était attendu depuis des mois. Ses conclusions sont rassurantes sur la 5G, mais des travaux scientifiques complémentaires sont demandés.

Il était très attendu. C’est finalement ce mardi 20 avril que l’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur la 5G est tombé. Celui-ci est très important, car il apporte une réponse à une inquiétude d’ordre sanitaire née en 2020, lorsque la France a effectivement lancé le chantier de l’ultra haut débit mobile, et qui perdure aujourd’hui.

Cet avis devrait également débloquer politiquement le déploiement de la 5G, car ce verdict de l’Anses a été imposé comme un préalable dans certaines communes —à l’image de Lille. Une tribune de plusieurs personnalités de gauche plaidait également en ce sens : « il nous semble indispensable d’attendre ses conclusions avant de déployer la 5G dans nos villes et dans nos campagnes ».

Pas de risque nouveau pour la santé identifié

L’Anses déclare que la 5G n’entraîne « pas de risques nouveaux pour la santé au vu des données disponibles ». Son avis ne diverge pas fondamentalement de « l’expertise nationale et internationale » que le gouvernement a évoquée, en septembre, dans une réponse à une élue. L’absence de risque sanitaire avéré à cause d’une exposition aux ondes, si celles-ci respectent les seuils légaux, était soulignée.

D’ailleurs, préalablement à l’avis de l’Anses, le gouvernement a fait paraître un rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G qui observe l’absence d’effets néfastes avérés à court terme, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales. Le rapport s’est appuyé sur une littérature scientifique qui remonte aux années 1950, en France et dans le monde.

Si l’avis de l’Anses apparaît très rassurant — et a été immédiatement salué, notamment par la Fédération Française des Télécoms (qui rassemble Bouygues Telecom, Orange et SFR) et le gouvernement –, une lecture attentive montre que l’agence apporte des commentaires nuancés et spécifiques selon le type de 5G utilisé. Car il n’y a en effet pas qu’une 5G, mais des 5G, selon les fréquences utilisées.

5G ondes

Le déploiement de la 5G en France a débuté fin 2020. // Source : Melvyn Dadure pour Numerama

Concernant les bandes de fréquences 700 MHz et 2,1 GHz, l’Anses n’observe rien de neuf, par rapport à ce qu’elle a déjà étudié par le passé : « Il n’existe à l’heure actuelle pas de preuve d’effet sanitaire lié à des expositions à des sources de champs électromagnétiques correspondant aux usages numériques courants ». Ces deux bandes servent aujourd’hui à la 4G et commencent à être réutilisées pour la 5G.

Le recyclage des fréquences n’entraîne d’ailleurs pas d’évolution remarquable des niveaux d’exposition. « Les études, menées à l’international et par l’Agence nationale des fréquences (ANFR), montrent qu’ils varient peu avec les antennes émettant des signaux 3G, 4G ou 5G ». L’ANFR a déjà conduit des mesures sur les sites expérimentaux sur la 5G et l’exposition y était extrêmement faible.

Pour ce qui est de la bande 3,5 GHz, qui présente une intensité un peu plus élevée, l’Anses juge  que « des risques sanitaires nouveaux [sont] peu probables ». Cette bande, qui est encore peu utilisée dans l’Hexagone pour la 5G, est nouvelle pour la téléphonie mobile et pose, de fait, plus de questions que les bandes mentionnées précédemment. Mais en l’état actuel des choses, il n’y a pas de menace sur la santé.

« Les données disponibles relatives à l’exposition, notamment à l’étranger et dans les études menées par l’ANFR en lien avec les expérimentations, ne laissent pas présager, en l’état des connaissances, d’augmentation importante de l’exposition de la population », écrit ainsi l’agence. Celle-ci reconnaît toutefois un manque de données scientifiques — ce qu’elle avait déjà relevé début 2020.

Des études additionnelles sont requises

En fin de compte, c’est la bande de fréquences autour des 26 GHz qui demeure la grande inconnue. Celle-ci n’est toutefois absolument pas déployée pour la 5G, aujourd’hui, et il n’est pas encore prévu d’organiser son attribution à brève échéance. Autrement dit, le régulateur des télécoms remet à plus tard –dans quelques années — la procédure pour confier des blocs de fréquences en 26 GHz aux opérateurs.

L’Anses évoque « des expositions concernant les couches superficielles de l’organisme et d’un niveau probablement faible, mais des données insuffisantes pour conclure à l’existence ou non d’un risque pour la santé ». En effet, comme l’utilisation des 26 GHz n’est qu’à l’état de projet, « aucune donnée d’exposition n’est aujourd’hui disponible ». Dès lors, impossible de se prononcer.

5G

L’avis de l’Anses devrait lever certaines inquiétudes sur la 5G. // Source : Claire Braikeh pour Frandroid

« Les simulations disponibles laissent présager des niveaux d’exposition faibles », avance néanmoins l’agence. Plusieurs effets ont été étudiés : sur la peau, les yeux, les membranes, le système nerveux central, les cellules de différents tissus d’origine humaine ou animale. Selon l’Anses, la bande 26 GHz a un degré de pénétration dans le corps bien moindre, qui n’expose que les couches supérieures du corps.

De toute évidence, rien de ce que dit l’Anses ne plaide dans le sens d’un arrêt urgent du déploiement de la 5G à cause d’effets sanitaires avérés. L’agence considère que la discussion n’est pas achevée pour autant. Elle fait observer que même des bandes de fréquences déjà largement déployées et utilisées continuent « de faire l’objet de travaux de recherche et d’évaluation ».

Cela étant, c’est surtout sur les bandes de fréquences nouvelles qu’il faut mettre l’accent, relève l’Anses, en renforçant les connaissances sur les liens éventuels entre l’exposition aux ondes et les effets sanitaires et biologiques. En particulier, de nouveaux points d’attention doivent être observés, comme l’intermittence des signaux ou l’exposition des couches superficielles pour la bande 26 GHz.

Source : Numerama

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