Le Salvador a fait une entrée remarquée sur la scène crypto en devenant le 9 juin le premier pays à adopter le bitcoin comme monnaie légale. Le président Nayib Bukele ne laisse pas l’attention retomber. Il a annoncé le même jour que le pays utiliserait une source d’énergie pour le moins spectaculaire dans le minage de bitcoin : les volcans.
« J’ai demandé au président de La Geo SV (l’entité publique qui produit de l’électricité géothermique) d’élaborer un plan pour fournir aux mineurs de Bitcoin de l’électricité à faible coût, 100% propre, 100% renouvelable et avec 0 émission grâce à nos volcans. Cela va évoluer très vite ! » promet, dans un tweet daté du 9 juin, le président salvadorien. Et en effet, le pays a rapidement commencé à identifier des sites.
Un pôle de minage de bitcoin près du volcan
« Nos ingénieurs m’ont informé qu’il avaient creusé un nouveau puits qui permettra de créer un site de production d’électricité 100 % propre et avec 0 émission d’une capacité de 95 MW (…) Nous allons commencer à bâtir un pôle de minage de bitcoin tout autour», s’enthousiasme Nayib Bukele, en précisant que ce qu’on voit sortir du puits sur la vidéo qu’il a tweeté est de la « pure vapeur d’eau ».
Que le Salvador étudie les moyens de miner des bitcoins de manière renouvelable est plutôt positif : cette cryptomonnaie pose en effet de vrais défis énergétiques. Son processus de vérification est en effet basé sur la preuve de travail et impose aux mineurs de faire exécuter à leurs processeurs graphiques des calculs de plus en plus complexes. Résultat : le bitcoin a une consommation énergétique extrêmement élevée qui s’approche de celle d’un pays comme la Norvège.
La géothermie permet d’exploiter la chaleur de la Terre
Utiliser l’énergie des volcans peut sembler fou mais c’est en réalité une option tout à fait sérieuse. La géothermie couvre plusieurs techniques éprouvées pour exploiter la chaleur de la terre afin de produire de l’électricité. En général, cela repose sur un circuit d’eau qui va être chauffé par les hautes températures de la roche. Cette eau chauffée va produire de la vapeur, qui va elle-même alimenter des turbines, créant ainsi de l’électricité. En Guadeloupe, 4% de l’électricité est déjà produite grâce au volcan La Soufrière et les autorités locales souhaitent faire passer cette portion à 25 %.
Le site de production d’énergie ne se trouve bien sûr pas perché sur le cratère du volcan car la roche chauffe bien avant. Il existe toutefois plusieurs configurations possible. Certains forages dans le monde visent à obtenir de l’eau dite dans un « état supercritique ». Comme l’explique Futura-Sciences, il s’agit du stade où la température et la pression dépassent celles du point critique (Tc=376 °C et Pc=221 bar). Cette eau est plus complexe à exploiter cependant elle a l’intérêt de véhiculer davantage d’énergie.
Si le Salvador tient une piste intéressante pour régler le problème énergétique posé par le minage du bitcoin, bien des défis restent à relever pour concrétiser les projets du pays en matière de bitcoin. Préoccupée par la consommation d’électricité du bitcoin, la spéculation qu’il peut susciter et le fait qu’il soit parfois utilisé pour des trafics, la Chine a par exemple décidé de resserrer considérablement la vis sur les activités de minage sur son sol. Le fait que le Salvador ait décidé de donner cours légal au bitcoin — ce qui signifie qu’il ne peut être refusé par un créancier — répond toutefois à plusieurs problématiques du pays. « Plus de 70 % de la population du Salvador n’a pas de compte bancaire. Ils ne sont pas dans le système financier », faisait par exemple valoir Jack Mallers, le PDG de Strike, qui devrait se charger d’aider le Salvador à opérer cette bascule.
Par ailleurs, beaucoup de transferts d’argents sont opérés depuis l’étranger vers le Salvador (d’après la BBC, cela représente près de 20 % du PIB du pays). Selon le président Nayib Bukele, faire du bitcoin une monnaie légale simplifiera ces transferts et dopera les investissements dans le pays. « À court terme, cela générera des emplois et aidera à mieux inclure les milliers de personnes qui sont en dehors du système », a affirmé le président salvadorien.
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