Couper le courant aux fermes de bitcoin est un moyen imparable de les forcer à fermer. C’est ce que la Chine a décidé de faire récemment, stoppant ainsi près de 90 % de l’activité de minage qui se déroulait sur son sol. Une décision drastique qui bouleverse la sphère crypto car c’est en Chine que la majeure partie du minage de bitcoin se déroulait jusqu’alors (de 65 à 75 % selon les estimations).
Bon nombre de sociétés spécialisées dans les cryptomonnaies cherchent désormais un nouvel eldorado pour leurs activités. Mais quels pays pourraient remplacer la Chine à court ou moyen terme ?
Trouver de l’électricité à bas prix
Une mine de bitcoin n’est pas le type de sites le plus complexe à délocaliser : les équipements utilisés peuvent être déplacés et, surtout, les mineurs n’ont pas besoin d’être basés à proximité des personnes et entités avec qui ils commercent.
Tous les pays ne feront pas pour autant l’affaire. Les mineurs ont en effet besoin de grandes quantités d’énergie au quotidien. À l’heure où le bitcoin est de plus en plus critiqué pour son impact environnemental, ils ont par ailleurs intérêt à privilégier les sites où ils pourront être alimentés en électricité verte (ou la produire eux-mêmes). L’électricité verte devient du reste de plus en plus compétitive. Après la débâcle chinoise, les sociétés de minage de bitcoin ont pour finir besoin de visibilité : elles cibleront certainement les zones où les autorités ont clairement montré leur soutien à cette activité, et passent des réglementations en ce sens.
Des « mineurs paniqués » au Kazakhstan
Après les restrictions mises en place par Beijing, certains mineurs chinois se sont tournés vers le Kazakhstan, un pays frontalier où des fermes de bitcoin sont déjà installées. Wired évoque ainsi des « mineurs paniqués, passant la frontière à la nuit tombée avec leurs machines ». Le Kazakstan n’a cependant pas que des avantages pour les mineurs de bitcoin. Une grosse partie de son électricité (70 %) provient en effet des centrales à charbon, et cette situation ne semble pas près de s’améliorer rapidement.
Certains États américains sont sans doute mieux placés pour attirer les sociétés de minage de bitcoin cherchant un nouveau point de chute. C’est notamment le cas du Texas qui semble particulièrement désireux de les attirer. « La blockchain est un domaine d’avenir dans lequel le Texas doit se placer. Je viens juste de signer une loi qui va permettre au Texas de mettre en place une politique d’envergure pour développer le secteur de la blockchain », indiquait ainsi le gouverneur de l’État Greg Abott, le 5 juin sur Twitter.
3 000 kg d’équipements déplacés vers le Maryland
La société BIT Mining qui a annoncé le déplacement de 3 000 des ses machines au Kazakhstan a, par exemple, aussi prévu d’investir significativement dans des fermes texanes, note Forbes. Le Texas présente lui aussi quelques inconvénients : l’État enregistre parfois des coupures de courant significatives (plusieurs jours l’hiver dernier). Cela peut effrayer les mineurs de bitcoin qui ont intérêt à faire tourner leurs machines 24h/24. La région a cependant de nombreux atouts, note CNBC, notamment des prix de l’énergie compétitifs et une belle part d’énergies renouvelables dans son mix énergétique (en 2019, déjà, 20 % venaient de l’éolien).
Le Texas est cependant loin d’être le seul état américain à s’intéresser aux mineurs de bitcoin. Comme le révèle Forbes, 3 000 kg d’équipements de minage de bitcoin ont déjà été transférés de Chine vers le Maryland. Et le maire de Miami, Francis Suarez, tente d’attirer les mineurs en vantant la disponibilité et les faibles prix de l’électricité d’origine nucléaire dans son état.
La difficulté du minage devrait momentanément baisser
Reste à voir maintenant si les autres acteurs mondiaux du minage de bitcoin (Russie, Malaisie) tenteront de développer ces activités sur leur sol. Le Salvador a également marqué un fort intérêt pour le bitcoin qui va devenir une monnaie légale en septembre 2021. Ce type de nouveaux acteurs pourraient aussi tenter d’attirer certaines sociétés de minage. Ce qui est sûr, toutefois, c’est que cette migration ne va pas s’opérer en un jour. Cela devrait donc conduire momentanément à une baisse de la difficulté de miner la plus célèbre des cryptomonnaies.
La blockchain du bitcoin est en effet basée sur un protocole dit de preuve de travail qui demande aux mineurs d’exécuter des calculs mathématiques complexes pour valider un bloc. Le mineur qui y parvient le plus vite obtient une récompense en bitcoin. Mais il est prévu que le rythme de validation des blocs reste stable. Lorsque la capacité de minage augmente, la difficulté des calculs est donc augmentée. À l’inverse, lorsque le hashrate – la quantité de calculs que l’ensemble des mineurs est capable de réaliser par seconde- baisse, comme c’est le cas depuis la fermeture des mines chinoises, la difficulté est réajustée à la baisse.
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