Netflix reste encore et toujours le service qui génère le plus de trafic Internet en France. Le rapport du régulateur des télécoms sur l’Internet ouvert, dont la dernière version est parue le 7 juillet 2021, confirme la domination du géant américain de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) sur le réseau hexagonal, loin devant ses poursuivants, même s’ils s’appellent Google ou Facebook.
Que lit-on ? Les données de l’Autorité de régulation des communications électroniques montrent qu’à la fin de l’année 2020, Netflix représentait à lui seul un peu plus de 20 % du trafic Internet en France. Derrière, on retrouve Google, aux alentours de 13 %, puis Akamai, sous les 10 %, tout comme Facebook. La cinquième place revient à Amazon, qui n’atteint pas les 5 % de trafic en métropole.
Dans son observatoire de juillet 2021, l’Arcep constate que « l’écart se creuse entre le volume de trafic provenant de Netflix et celui des autres fournisseurs de contenu », même si une baisse relative peut être observée comparé au précédent rapport. Le géant de la SVOD occupait alors près de 23 % du trafic hexagonal, d’après des statistiques arrêtées à la fin 2019.
Le quatuor de tête — Netflix, Google, Akamai et Facebook — reste inchangé et pèse en tout « 50 % du trafic vers les clients des principaux FAI en France », constate le régulateur. Il est toutefois envisageable de présenter le classement différemment : l’Arcep a fait le choix de séparer Amazon et Twitch en en faisant deux services distincts, alors que le second est une filiale du premier depuis 2014.
Or, le poids de Twitch dans l’Internet français : classé en neuvième position lors du bilan de fin 2019, le site de diffusion de parties de jeux vidéo en direct est passé à la septième place fin 2020. Le succès de la plateforme est indéniable, avec de plus en plus d’internautes qui suivent les péripéties vidéoludiques des vidéastes. En additionnant le poids de Twitch à celui d’Amazon, celui-ci pourrait être au niveau de Facebook.
Outre les géants du net bien identifiés, plusieurs plateformes moins connues apparaissent assez haut dans le classement : c’est le cas d’entreprises comme Akamai, Level 3 CDN, EdgeCast, LimeLight, CDN77 ou encore Fastly. Ces sociétés sont des spécialistes de la mise en cache, au profit d’autres entreprises, de façon à ce que les contenus, des sites ou des vidéos par exemple, s’affichent plus vite chez les internautes.
« L’écart se creuse entre le volume de trafic provenant de Netflix et celui des autres fournisseurs de contenu »
L’Arcep relève que ces quatre acteurs, qui focalisent 50 % du trafic en France, illustrent « une concentration de plus en plus nette du trafic entre un petit nombre d’acteurs dont la position sur le marché des contenus est renforcée ». Ce nombre évolue d’une année à l’autre, et pas toujours à la hausse : il y a deux ans, l’Arcep évaluait la part du top 4 à 53 %. Il y a un an, elle était estimée à 55 %.
La domination de Netflix en France se justifie par une pluralité de facteurs : d’abord, la vidéo est un type de contenu qui par nature implique un volume important de données. Ensuite, la qualité de ces mêmes vidéos progresse avec l’arrivée de définitions toujours plus importantes — la 4K est ainsi en train de devenir de plus en plus courante, et Netflix a pris ce virage.
Le succès de Netflix en France a en outre un effet multiplicateur : début 2020, on apprenait que le site de SVOD avait 6,7 millions d’abonnés dans le pays. Un chiffre qui a sans doute évolué à la hausse depuis (dans le monde, Netflix a dépassé en début d’année la barre des 200 millions de clients). Ce chiffre est de toute façon sous-évalué, car un même compte peut être partagé par plusieurs internautes, légalement ou non.
Pour autant, Netflix s’efforce d’optimiser au maximum ses flux, en déployant des codecs de plus en plus performants — l’un d’eux a même été distingué d’un Emmy Award pour sa qualité dans la compression vidéo — pour pouvoir réduire la quantité de données requises pour une scène. La plateforme avait d’ailleurs joué sur le bitrate pour réduire son poids sur les réseaux pendant le confinement.
Et Disney+ alors ?
Le classement de l’Arcep parait oublier un acteur de poids : Disney+. Cet autre géant de la SVOD rencontre pourtant un succès indéniable, y compris en métropole. Cette apparente absence n’est qu’une illusion : « Disney+ apparaît dans ce classement au travers de ses différents CDN », ces fameux spécialistes de la mise en cache. L’entreprise a en effet fait le choix de passer par des tiers, plutôt que d’avoir son propre CDN.
« L’architecture retenue par Disney ne reposait pas sur son propre CDN mais sur le recours à des CDN tiers », note l’Arcep dans son rapport. Ce choix, qui évite à Disney de se soucier de la partie technique et d’avoir à s’occuper des serveurs et des tuyaux, peut avoir des inconvénients, comme « saturer un lien d’interconnexion partagé avec de multiples autres contenus en cas de pic d’utilisation lié au lancement de la plateforme ».
C’est pour cela que le lancement de Disney+ avait fait beaucoup parler de lui en France au printemps 2020, car il survenait en période de confinement, à un moment il fallait rester chez soi. Or, une inquiétude existait sur une saturation des réseaux, qui était plus sollicités que d’habitude. « Le redimensionnement de certaines interconnexions a donc pu être nécessaire pour prévenir d’éventuels risques de congestion des réseaux », écrit l’Arcep.
C’est pour cela que la sortie de Disney+ a été décalée de quelques semaines et que la 4K a été indisponible au début, avant d’être rétablie ultérieurement. Les opérateurs se disaient inquiets de l’impact de l’arrivée d’un tel mastodonte sur les réseaux. « Disney envoie depuis les États-Unis […] Pour nos réseaux, ça fait une sacrée différence », relevait un cadre chez Orange, là où Netflix a, au fil du temps, mis en place une gestion plus fine de ses vidéos.
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