À quoi ressemblera la 6G ? Et surtout, à quoi servira-t-elle ? En 2021, il est difficile de répondre de manière définitive à ces questions, puisque cette prochaine génération dans la téléphonie mobile ne sera pas véritablement un sujet avant une bonne dizaine d’années. Cela étant, cette échéance lointaine n’empêche pas les industriels de tracer déjà quelques pistes potentielles.
Ce qui est sûr, c’est que la France veut en être, non pas en étant juste utilisatrice de cette prochaine norme, mais en étant impliquée dans son élaboration, à travers sa recherche et son industrie. C’est ce qui ressort de la présentation de la stratégie nationale sur la 5G et les futures technologies de réseaux de télécommunications, mais aussi des propos de Cédric O, le secrétaire d’État en charge du numérique.
« On voit que les positions se prennent extrêmement tôt, que les standards se définissent extrêmement tôt. Il faut donc que la France et l’Europe puissent être au rendez-vous pour l’arrivée de la 6G », a relevé l’intéressé. Et même si « la 6G est encore prospective », a-t-il ajouté, « il faut que les choses puissent être faites ». En clair, que les startups, les labos et les équipementiers français et européens puissent s’en saisir.
À cette fin, il est notamment question de flécher des fonds issus de France Relance et le Programme d’investissements d’avenir vers la recherche et développement sur les futures technologies de réseaux. En compagnie d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie, Cédric O a prévu une enveloppe de 412 millions d’euros, montant qui inclut la part publique et la contribution du privé.
Dans le détail, ces fonds ne vont pas servir uniquement à la 6G à proprement parler, mais à de la « R&D de pointe » au sens large. Cela inclut donc cette future génération dans les télécoms, mais aussi la réduction de l’empreinte énergétique des réseaux, la définition des standards internationaux, la propriété intellectuelle autour des brevets et l’investissement dans des projets relatifs aux futures technologies de réseaux.
Concernant spécifiquement la 6G, il est question d’élaborer un plan d’action, mais dont le périmètre et le contenu restent à définir. « Des investissements majeurs doivent être réalisés dès aujourd’hui pour permettre à la France de peser aux côtés des autres grandes nations dans le développement et le déploiement de la 5G et de la future 6G », appuient Cédric O et Agnès Pannier-Runacher.
Ne pas avoir le même retard qu’avec la 4G et la 5G
Ces annonces surviennent alors que l’Europe n’a pas toujours été en pointe au cours des dernières années en matière de télécoms. C’est ce que disait par exemple Neelie Kroes, l’ex-vice-présidente de la Commission européenne en charge de la société numérique, en 2013 : « OK, nous avons raté la 4G, nous étions le leader de la 3G, maintenant prenons le contrôle de la 5G. »
Il s’avère que l’Europe n’a pas réussi à se positionner en pointe sur la 5G, de l’aveu des opérateurs européens et des constructeurs de téléphonie mobile. En 2020, ils pointaient le report des enchères pour les fréquences dans divers pays, dont la France, mais aussi les actes de vandalisme contre les installations. « L’Europe est très en retard » sur la 5G, a jugé également le patron d’Ericsson, en avril dernier.
L’Europe va-t-elle faire mieux avec la 6G qu’avec la 4G et la 5G ? Cela reste à voir : certes, une initiative européenne, Hexa-X, a été annoncée en décembre, avec des industriels et des opérateurs comme Orange, Telefónica, Atos, Siemens, Nokia Ericsson, mais aussi Intel et des organismes de recherche, comme le CEA, et des universités. En tout, les contributions viennent de neuf pays différents.
Des enjeux commerciaux et industriels très importants vont se manifester avec la 6G, mais aussi des considérations stratégiques, exactement comme avec la 5G, où les équipements fournis par l’entreprise chinoise Huawei font polémique. La Chine, d’ailleurs, est lancée dans cette course. Face à l’Empire du Milieu, les États-Unis entendent se mobiliser aussi, en s’associant avec le Japon.
Les contours de la 6G sont encore assez flous : des tests en laboratoire ont donné un petit aperçu des débits très importants qu’il est possible d’obtenir avec certaines fréquences. Cette norme est présentée comme très largement supérieure à la 5G, qui est déjà décrite elle-même comme révolutionnaire par rapport à la 4G, que ce soit sur les débits, la latence, la connectivité, l’économie d’énergie, la fiabilité ou la densité.
Les usages sur la 6G restent à inventer, mais on parle entre autres de répliques virtuelles hautement fidèles, d’hologrammes de réalité mixte accrue (technique qui mêle la réalité augmentée et la réalité virtuelle), d’essaims de robots mobiles et de drones, avec des débouchés dans le domaine médical, les villes connectées, les transports autonomes et bien sûr l’industrie.
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