La décision de WhatsApp de modifier ses conditions d’utilisation continue de créer des remous, près de deux mois après leur entrée en vigueur. Si un nombre croissant d’usagers a fini par les accepter, des organisations de défense des consommateurs considèrent qu’il n’est pas trop tard pour les renverser. Elles lancent donc une action en ce sens auprès de la Commission européenne, ce lundi 12 juillet.
Objectif du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), une fédération qui réunit 46 associations, dont l’UFC-Que Choisir en France : obtenir le plein respect, et dans un délai rapide, des droits des consommateurs européens de la part de la messagerie instantanée, qui est accusée de les enfreindre à de multiples niveaux avec son nouveau règlement.
« Depuis plusieurs mois, WhatsApp fait indûment pression sur ses utilisateurs pour qu’ils acceptent ses nouvelles conditions d’utilisation et sa politique de confidentialité », dénonce ainsi le Beuc dans son communiqué, cosigné par huit de ses membres, dont l’UFC-Que Choisir. Parmi les leviers actionnés pour forcer la main des internautes, la perspective de perdre son compte ou, du moins, certaines fonctionnalités.
« WhatsApp a dit aux utilisateurs que l’accès à leur application serait coupé s’ils n’acceptaient pas les nouvelles conditions. Pourtant, les consommateurs ne savent pas ce qu’ils acceptent réellement », complète Monique Goyens, la directrice générale du Beuc. Or depuis qu’elles ont été annoncées, jamais ces nouvelles conditions n’ont été jugées transparentes et compréhensibles, sauf par WhatsApp.
Sept mois de controverse
La filiale de Facebook a, dès le mois de janvier 2021, prévenu du changement imminent de ses conditions d’utilisation et précisé qu’elles devraient être acceptées tôt ou tard, pour continuer à profiter du service de messagerie. Cependant, devant la vive polémique qui est apparue dans le sillage de cette annonce, WhatsApp avait retardé au 15 mai l’entrée en vigueur de son nouveau règlement.
Ce qui est spécifiquement reproché à l’application mobile, ce n’est pas la remise en cause du chiffrement de bout en bout, qui garantit la confidentialité des échanges entre membres d’une même discussion. C’est le fait que ce nouveau cadre juridique permet à la plateforme de partager certaines données avec Facebook et ses autres filiales, dans un mouvement qui vise à développer la rentabilité de WhatsApp.
Tout particulièrement, c’est le volet commercial de la messagerie qui intéresse Facebook, avec la possibilité de passer des commandes ou des paiements. Ces échanges avec des commerçants, y compris dans la relation client, représentent potentiellement une mine d’or pour Facebook : qu’est-ce qui intéresse les usagers ? Et surtout, qu’est-ce qu’ils achètent, afin d’affiner le ciblage publicitaire.
Ce n’est pas le seul grief. La rédaction rend la compréhension du texte complexe pour une personne sans bagage juridique. « Il est pratiquement impossible pour les usagers de comprendre clairement les conséquences des changements apportés par WhatsApp sur leur vie privée, notamment en ce qui concerne le transfert de leurs données personnelles à Facebook et à d’autres tiers », dit le Beuc.
La plainte est maintenant entre les mains de Bruxelles, mais aussi du réseau européen des autorités responsables de la protection des consommateurs — l’autre organisation auprès de laquelle le Beuc s’est tourné. Il reste à voir quelles suites seront données à cette affaire. Dans tous les cas, une éventuelle décision ne concernera que l’espace européen, soit une fraction des quelques 2 milliards de membres que compte WhatsApp.
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