Alors qu’un accord avec Google est en cours jusqu’en 2023, la fondation Mozilla regarde si elle peut aller voir ailleurs. C’est ce que suggère un test dans Firefox qui concerne le choix du moteur de recherche par défaut.

Ce n’est pas demain la veille que Mozilla parviendra à s’extirper de la dépendance financière qu’il a avec Google : depuis 2017, la firme de Mountain View a un deal avec la fondation derrière Firefox pour faire de son moteur de recherche la porte d’accès par défaut au web sur le navigateur. Et pour cela, le géant du web verse des centaines de millions de dollars à Mozilla.

Le deal a été renouvelé en 2020 pour trois ans, a fait savoir l’an dernier ZDNet, selon des sources proches du dossier. D’après eux, Google débourse chaque année environ 400 à 450 millions de dollars à Mozilla pour privilégier sa solution face aux autres solutions sur le marché, à commencer par Bing, Qwant ou DuckDuckGo. Ces sommes sont considérables pour Mozilla : en 2017, elles représentaient 90 % de ses revenus.

Firefox

Firefox

Source : Mozilla

Elles peuvent aussi apparaître excessives pour Google, mais elles sont un investissement cohérent pour l’entreprise. La firme de Mountain View paie ce qu’il faut pour conserver sa domination, même si cela peut atteindre des milliards de dollars dans le cas d’iOS, afin de maintenir son trafic et, à travers lui, ses recettes publicitaires qui se diffusent notamment dans le moteur de recherche.

Dans ces conditions, il est très difficile pour Mozilla de prendre ses distances, sauf à risquer de finir avec un trou gigantesque dans son budget. Car ce que Google est prêt à débourser pour avoir une place de choix dans Firefox n’est certainement pas le montant que pourrait aligner Qwant ou DuckDuckGo. Seul Bing, qui appartient à Microsoft, pourrait peut-être s’en approcher.

Il est à noter que Google n’est pas le moteur de recherche par défaut de Firefox dans tous les pays du monde. En 2017, la fondation indiquait que c’était Yandex en Russie, en Turquie, en Biélorussie et au Kazakhstan, et Baidu en Chine. Partout ailleurs, c’est Google. Avant, c’était Yahoo, mais l’accord a été dénoncé. Cela a d’ailleurs provoqué de la friture sur la ligne entre Mozilla et Yahoo.

Un test pour aller sur le web sans Google

Mais en 2023, tout pourrait changer. Mozilla pourrait chercher un accord avec un autre partenaire. Et si c’était Bing, justement ? En tout cas, il s’avère que la fondation explore en ce moment la perspective de basculer par défaut sur le moteur de recherche de Microsoft. Comme l’a relevé GHacks dans son édition du 17 septembre, une expérimentation à petite échelle est en cours dans Firefox.

Concrètement, le test consiste à remplacer pour environ 1 % de sa base d’utilisateurs le moteur de recherche par défaut, en passant de Google à Bing. L’étude a débuté au début du mois de septembre et doit s’étaler jusque dans les premières semaines de 2022. De toute évidence, Mozilla entend voir si les internautes s’accommodent d’un web dont la porte d’entrée n’est plus celle à laquelle ils sont habitués.

Google recherche accueil

Google dépense beaucoup pour rester la porte d’entrée du web par défaut des internautes.

Deux raisons peuvent être invoquées pour comprendre le geste de Mozilla : d’abord, du fait d’une érosion régulière des parts de marché de Firefox, rien ne dit que Google souhaitera étendre le deal au-delà de 2023, en tout cas à ce montant. Ensuite, Mozilla se trouve dans une position délicate, car la fondation se retrouve de fait financée par une entreprise dont les activités publicitaires ne collent pas avec ses idéaux.

Ce n’est pas faute pour la fondation Mozilla d’essayer de changer les choses : en 2018, elle a accueilli Qwant comme moteur de recherche alternatif, en plus de DuckDuckGo. Depuis 2019, elle s’est aussi lancée dans des services payants à travers des contenus sponsorisés dans Pocket et le lancement d’un VPN. Mais c’est encore trop peu pour modifier l’actuel équilibre financier de Mozilla.

De fait, Mozilla semble se préparer à devoir changer de partenaire si les choses tournent mal. 2023 arrivera vite et il n’est surprenant de voir des dispositions prises dès maintenant. Mais d’ici là, peut-être que d’autres soucis plus graves encore surgiront, à commencer par la survie même de Firefox. en effet, il parait de plus en plus compliqué pour le navigateur de survivre dans un monde dominé par Google.

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