C’est l’une des premières conséquences visibles de l’enquête du Wall Street Journal qui assure que Facebook a bien conscience qu’Instagram est nocif pour un tiers des jeunes femmes, mais aussi des révélations fracassantes d’une ancienne salariée du réseau social, Frances Haugen, qui accuse globalement le site communautaire de privilégier les profits au détriment de la sécurité et du bien-être de sa communauté.
Après l’annonce d’une « pause » dans le développement d’Instagram Kids, qui serait une version de la plateforme pour les 10 à 12 ans, le vice-président des affaires publiques au niveau mondial chez Facebook, Nick Clegg, a dit à CNN le 10 octobre que d’autres mesures vont suivre pour préserver les utilisateurs.
Faites une pause d’Instagram, vous dira Instagram
L’une d’elles laisse relativement songeur, puisqu’il s’agit d’une fonctionnalité invitant les gens « à faire une pause », vraisemblablement sous la forme d’un message surgissant qui apparaîtrait au bout d’un certain temps d’utilisation — par exemple, si cela fait déjà une heure que vous scrollez sans discontinuer les contenus des personnes que vous suivez, ou des contenus qui sont suggérés par la plateforme.
Par ailleurs, une autre option est censée repérer si vous regardez trop la même chose et, le cas échéant, vous dire de changer un peu. « Nous allons introduire quelque chose qui, je pense, fera une différence considérable : lorsque nos systèmes voient qu’un ado regarde le même contenu encore et encore, et qu’il s’agit d’un contenu qui n’est peut-être pas propice à son bien-être, nous l’inciterons à regarder d’autres contenus », selon Nick Clegg, dont les propos ont été repris par The Verge.
On ne sait pas exactement quand ces deux fonctionnalités, qui paraissent inventées pour répondre aux reproches qui se multiplient contre le réseau social américain, arriveront. Ce que l’on sait en revanche, c’est que ce ne sont pas à proprement parler des idées toutes fraiches. Elles avaient déjà été esquissées le 14 septembre, sur le site d’Instagram, le même jour que la sortie de l’article du Wall Street Journal.
« Grâce à nos recherches, nous commençons à comprendre les types de contenus qui, selon certaines personnes, peuvent contribuer à une comparaison sociale négative, et nous explorons des moyens de les inciter à regarder d’autres sujets, s’ils regardent ce type de contenu de manière répétée », pouvait-on lire alors. Ces réflexions ont été confirmées dans une publication ultérieure, le 27 septembre.
« Nous avons annoncé que nous explorions deux nouvelles idées : encourager les gens à regarder d’autres sujets s’ils s’attardent sur un contenu qui pourrait contribuer à une comparaison sociale négative, et une fonctionnalité provisoirement appelée « Take a Break », où les gens pourraient mettre leur compte en pause et prendre un moment pour se demander si le temps qu’ils passent est significatif », a déclaré le patron d’Instagram, Adam Mosseri.
Un problème by design sur Instagram ?
Ces évolutions qu’il faut encore déployer sur Instagram restent exposées à la critique, car elles visent davantage à traiter les conséquences induites par ce que provoque le réseau social chez certains internautes, plutôt qu’à agir sur les causes. Que des applications en soient à devoir dire qu’il faut peut-être moins les utiliser en dit aussi beaucoup sur la façon dont elles sont conçues.
Cela en dit aussi beaucoup sur le poids qu’a pris l’économie de l’attention, où tout semble conçu pour garder aussi longtemps que possible le public sur telle ou telle plateforme. Il reste évidemment à voir si les changements annoncés par Instagram produiront un effet bénéfique : mais on peut douter qu’une simple pop-up change la donne. Elle devrait avoir le même effet que les avertissements sur les paquets de cigarettes aujourd’hui : c’est-à-dire aucun.
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