Facebook vient de changer de nom pour se renommer en Meta. L’entreprise, qui édite le réseau social du même nom, veut profiter de cette nouvelle identité pour faire oublier les nombreux scandales qui la poursuivent et se tourner vers l’avenir, en l’occurrence le métaverse fantasmé par mark Zuckerberg.
Lors de la présentation de ce nouveau concept, le PDG de l’entreprise a offert un petit aperçu de ce à quoi ce fameux monde virtuel pourrait ressembler.
L’avatar virtuel de Mark Zuckerberg rejoint quelques amis dans une grande salle de réunion virtuelle ou chaque personne discute et interagit avec les autres membres, presque comme s’ils étaient tous là en physique (si l’on ne prend pas en compte les déguisements de robots ou d’hologrammes). Au sein de ce monde, il est possible de passer des appels via Facebook Messenger, de changer son environnement, d’observer des photos en 3 dimensions, bref, faire tout ce qu’on peut faire dans le monde physique, et plus.
Pourtant, à bien regarder cette vidéo, impossible de ne pas être pris d’un léger sentiment de malaise. Le métaverse proposé par Facebook semble tiraillé entre de vieilles imageries de science-fiction d’antan et des promesses de révolutions technologiques difficiles à croire.
Un univers virtuel qui semble déjà vieillot
L’avatar de Mark Zuckerberg qui se téléporte dans le métaverse rappelle diablement les personnages de Second Life que l’on pouvait personnaliser avec les déguisements de son choix. On peut voir le PDG virtuel de Facebook essayer des tenues d’astronautes ou de squelettes, à la manière de ce qu’on pouvait faire dans le monde développé par Linden Labs en 2003, ou dans les premiers jeux Sims.
Les vieilles références ne s’arrêtent pas là. Dans le métaverse, on voit Mark Zuckerberg passer, via ce qui semble être une montre connectée invisible, un appel via Facebook Messenger. L’interface de l’application se matérialise en une fenêtre transparente qui flotte au-dessus du poignet du PDG virtuel. L’outil semble tout droit sorti du monde de Minority Report et fait référence à tout un imaginaire d’écran transparent qui nous accompagnerait partout, qui est pioché dans les fictions d’anticipations de ces quarante dernières années.
Facebook est très loin d’être la première entreprise à tenter de créer un univers virtuel qui imite plus ou moins le monde physique. Second Life l’avait fait dès le début des années 2000 et Sony avait aussi tenté le coup avec Playstation Home en 2008. De nombreuses autres plateformes sur internet vous proposent d’incarner un avatar 3D pour aller rejoindre des amis dans un monde virtuel. Impossible de ne pas penser, aussi, au fiasco Magic Leap, l’entreprise qui avait réussi à lever des centaines de millions de dollars pour ses lunettes de « réalité mixte » (censées permettre de voir cette fameuse baleine-dans-un-gymnase) qui n’ont jamais été à la hauteur des attentes.
Des jeux comme Fortnite misent de plus en plus sur la tenue d’évènements virtuels auxquels vous pouvez accéder entre amis. Ce n’est donc pas étonnant que l’entreprise qui édite le premier réseau social au monde s’y mette. Mais Meta ne semble pas arriver avec de nouvelles idées d’utilisation, juste des graphismes et une immersion améliorés.
Les technologies ne sont pas encore là
Se plonger dans le métaverse tel qu’imaginé par Mark Zuckerberg pose aussi la question de l’accessibilité aux technologies. Pour entrer dans un univers aussi immersif, il faudra, au moins dans un premier temps, un casque de réalité virtuelle, autonome ou reliée à un ordinateur suffisamment puissant pour effectuer tous les calculs nécessaires aux rendus du monde virtuel.
Il sera également indispensable d’avoir une connexion internet solide capable de streamer l’intégralité du monde virtuel dans lequel on évoluera. Quand on voit qu’en 2021, même les appels en visio sont hachés à cause de problèmes de réception, on a bien du mal à imaginer un futur ou nos appareils seront capables de modéliser un monde virtuel entier qui ne subira aucun lag ou aucun bug.
Même si dans sa lettre de présentation du projet Mark Zuckerberg affirme vouloir vendre ses produits « à prix coûtant ou subventionné afin de les rendre accessibles à un plus grand nombre de personnes », le ticket d’entrée dans le métaverse sera forcément réservé aux populations les plus privilégiées. Un casque de réalité virtuelle coûte encore cher, tout comme une bonne connexion à internet (quand elle est accessible). Le métaverse semble être un rêve né dans la Silicon Valley, loin de la réalité de l’accès aux technologies à travers le monde.
Une démo peu convaincante
D’après la démo montrée par Meta, le metaverse fera aussi appel à de nouvelles technologies, encore loin d’être accessible au grand public. Pouvoir véritablement se déplacer dans un environnement virtuel nécessite aujourd’hui une combinaison dotée des tas de capteurs afin de reproduire fidèlement chacun de vos gestes.
Même dans un futur lointain, enfiler une combinaison de motion capture pour assister à une réunion entre collègues ou amis semble assez irréaliste. Ne parlons même pas de la manière dont certains personnages semblent voler, on ne sait comment.
Mark Zuckerberg a définitivement de très grandes ambitions pour son métaverse. Pourtant, la démonstration qui en a été faite lors de la conférence du 28 octobre 2021 peine à convaincre. Le monde virtuel imaginé par Meta n’offre pas vraiment de révolutions des usages et on peine à voir des idées neuves émerger de ce projet pour le moment. Rien ne dit que le métaverse ne trouvera pas sa raison d’être d’ici quelques années, peut-être qu’aller au cinéma virtuellement avec des amis sera un loisir à la mode (en période de nouveau confinement, par exemple…), mais pour le moment, la démo montrée par l’entreprise semble à la fois hautement futuriste, mais aussi un peu ringarde dans son approche.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !