Apple tente de préserver sa commission coûte que coûte. Alors que le fabricant d’iPhone a récemment été contraint de proposer des systèmes de paiement alternatifs sur son magasin d’application, l’entreprise emploie d’autres méthodes pour convaincre les internautes de passer via sa plateforme.
Qu’est-ce qui est reproché à Apple ?
Selon un article de Forbes daté du 12 novembre 2021, Apple achèterait des espaces publicitaires sur Google pour pousser ses clients et ses clientes à s’abonner à certains services tiers via l’App Store. Numerama a pu confirmer la découverte de Forbes en effectuant des recherches depuis un iPhone doté d’une IP étasunienne. Sur Google France aussi on trouve des publicités pour l’App Store, notamment lorsqu’on effectue une recherche pour l’app Bumble.
Concrètement, d’après les découvertes de Forbes, les résultats d’une recherche Google pour HBO Max, Tinder, ou Bumble font remonter des encarts publicitaires achetés par Apple. Ces liens redirigent vers l’App Store où il est proposé aux internautes de s’abonner via la plateforme d’Apple, plutôt que de passer directement par les sites des entreprises éditrices. Ce faisant, Apple empoche une commission sur la transaction passée.
Rappelons en effet que les abonnements souscrits via l’App Store sont en général un peu plus chers, car Apple prend une commission allant de 15 à 30 %. En encourageant les internautes à se diriger sur sa plateforme, Apple espère donc générer un peu de revenus sur des abonnements qui auraient pu autrement être souscrits hors de l’écosystème Apple. D’après Forbes, Apple emploierait cette technique depuis au moins deux ans.
Pourquoi cela ennuie les développeurs ?
Si, en surface, la pratique n’est pas terriblement gênante pour les développeurs d’app — après tout, qui ne voudrait pas de publicité payée par une autre entreprise — en réalité, elle leur complique beaucoup la vie.
Premièrement, car, pour proposer un tarif compétitif sur l’App Store, les développeurs sont obligés de modifier leurs marges. Si un abonnement coûte 10 euros et qu’Apple ajoute sa marge de 30 %, alors on arrive à un prix de 13 euros pour l’internaute. Donc soit l’entreprise baisse le montant de son abonnement pour « lisser » le montant de la commission, soit elle conserve le même tarif et se retrouve avec un abonnement plus cher sur l’App Store. C’est très concrètement ce qui se passe avec Netflix Gaming sur iOS.
Deuxième problème : les entreprises qui éditent ces services n’ont pas accès aux données des internautes qui passent via l’App Store pour s’abonner. « Quand vous achetez chez Apple : désolé, vous êtes le client d’Apple, pas le nôtre. Si vous avez un problème avec un abonnement… nous ne pouvons pas vraiment vous aider », confie un développeur à Forbes.
Enfin, avoir un enchérisseur de plus sur certains mots-clés fait grimper le prix de la publicité sur Google. Résultat, les entreprises qui veulent faire de la pub pour leurs propres services doivent proposer plus qu’Apple pour apparaitre dans les résultats de recherche.
Et Google dans tout ça ?
Officiellement, les règles de Google n’interdisent pas à une entreprise d’utiliser une marque si « la page de destination de l’annonce a pour but principal de proposer ou de faciliter clairement la vente de produits ou services. » Apple est donc dans son bon droit puisque l’App Store est clairement pensé pour faciliter la vente de services.
Selon Google donc, pas question de décider qui a raison ou non dans cette affaire. Les règles de Google indiquent tout de même que « en cas de réclamation de la part du propriétaire d’une marque, nous sommes susceptibles de restreindre l’utilisation de la marque dans le texte des annonces. » Les annonceurs ne sont donc pas complètement démunis. Si cette pratique a lieu depuis deux ans cependant, on peut imaginer que ces batailles de pub ne sont pas si pénalisantes que ça.
En revanche, pour l’image d’Apple, ce genre de pratique ne risque pas d’arranger les choses. L’entreprise est déjà sous la loupe de nombreuses autorités judiciaires, en Europe comme aux États-Unis, pour des pratiques supposément anticoncurrentielles. Pousser des gens vers son App Store n’est pas exactement la meilleure des idées dans le contexte.
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