C’est une initiative qui avait été proposée au départ dans le cadre de l’examen de la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, mais sans connaître de lendemain. Les trois amendements qui demandaient de former les futurs ingénieurs en informatique aux principes de l’écoconception avaient été rejetés lors des débats.
Ces dispositions reviennent avec la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, qui a été publiée au Journal officiel le 16 novembre 2021. En effet, les trois premiers articles du texte modifient le Code de l’éducation pour inclure une sensibilisation aux enjeux environnementaux des outils numériques et de la notion de sobriété numérique.
Cette présentation des problématiques écologiques avec l’informatique sera incluse dans une formation plus générale sur le numérique, qui est déjà en place. Celle-ci couvre entre autres la question du harcèlement en ligne, regroupe des conseils pour s’en prémunir et fait un rappel des sanctions en la matière. Elle inclut aussi une formation aux pratiques et à la prise en main de l’informatique et d’Internet.
Les ingénieurs en formation apprendront l’écoconception
Les articles modifiés du Code de l’éducation (L312-9 et L611-8) concernent les élèves en primaire, au collège, au lycée ainsi que les jeunes dans l’enseignement supérieur. Mais ce n’est pas tout : dans le cas des étudiants poursuivant une carrière d’ingénierie, il leur est demandé en plus de suivre « un module relatif à l’écoconception des services numériques et à la sobriété numérique ».
Ainsi, la commission des titres d’ingénieur devra, à compter de la rentrée scolaire 2022, vérifier que toutes les formations d’ingénieur incluent bien un tel module.
Ce qu’on appelle écoconception, rappelle GreenIT, est une méthode visant « à réduire la quantité de ressources informatiques – serveurs, bande passante, puissance des terminaux utilisateurs, etc. – nécessaires pour une unité fonctionnelle donnée ». Une unité fonctionnelle désigne un processus spécifique : afficher un article, effectuer une recherche en ligne, réserver un billet de train, consulter une fiche, etc.
En somme, il s’agit de penser la sobriété énergétique dès la conception du logiciel ou du produit, dans autant d’étapes et de compartiments que possible — un peu comme ce que l’on nomme la protection de la vie privée dès la conception (privacy by design) qui vise à intégrer d’emblée les enjeux de confidentialité, de sécurité et d’intégrité des données à caractère personnel.
Coder mieux, mais pas que
Un des axes envisageables est d’agir sur le code informatique, pour l’optimiser. En 2019, un député avait justement posé une question écrite à Cédric O, chargé des sujets numériques au sein du gouvernement. Pour le dire vite, il s’agissait de pousser les développeurs et les développeuses, mais aussi leurs responsables, à mieux coder pour limiter la lourdeur des programmes et, donc, leur besoin en ressources informatiques.
Cette problématique avait été illustrée à travers un billet de blog qui avait été remarqué au moment de sa publication. Titré « le désenchantement du logiciel », le texte critiquait une certaine flemmardise du monde informatique à alléger le code, parce que les ordinateurs, les smartphones et les tablettes sont de plus en plus puissants et peuvent compenser ces pesanteurs grâce à une capacité de traitement accrue.
« Windows 95 pesait 30 Mo. Aujourd’hui, on a des pages web plus lourdes que ça ! Windows 10 pèse 4 Go, ce qui est 133 fois plus lourd. Est-ce qu’il en est 133 fois supérieur pour autant ? Je veux dire, fonctionnellement parlant, c’est la même chose. Oui, il y a Cortana, mais je ne pense pas qu’elle pèse 3 970 Mo », dénonçait l’auteur, quitte à forcer sur le trait pour heurter les esprits et ainsi illustrer son propos.
L’épaississement des programmes informatiques porte d’ailleurs un nom : on appelle cela le « bloatware » en anglais (qu’on peut traduire par exemple en « inflagiciel », « logiciel qui gonfle »). L’auteur jugeait préoccupante la trajectoire des logiciels, qui deviennent trop compliqués, trop massifs, trop énergivores. « Plus gros est synonyme d’impact significatif sur la complexité, les performances et la fiabilité », écrivait-il.
L’écoconception doit en principe adresser au moins partiellement cette problématique, mais, observe GreenIT, ce segment n’occupe qu’une portion limitée de tout ce qu’il y a à faire. Si le code permet d’agir en aval, c’est surtout en amont que l’effort doit être porté : et cela nécessite parfois de se demander si telle ou telle fonctionnalité est vraiment requise. Et s’il ne faut pas en retirer.
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