« Facebook n’a pas réussi à protéger ses jeunes utilisateurs, et a choisi, à la place, d’ignorer les problèmes et de continuer des activités qui posaient un vrai problème pour la santé mentale et physique des jeunes, en exploitant des enfants pour faire du profit ». La phrase, qui a fait l’effet d’une bombe aux États-Unis, vient de la procureure générale de l’état du Massachusetts, Maura Healey. Et Maura Healey est également l’une des personnes en charge d’une enquête lancée aux États-Unis contre Meta, la maison-mère de Facebook et Instagram.
Onze états ont annoncé le 18 novembre qu’ils participaient à cette énorme enquête contre Meta, dont la Californie, où est situé le siège de l’entreprise. Facebook est accusé d’avoir continué à promouvoir Instagram auprès des jeunes, alors même qu’il savait que l’app avait un effet nocif sur ses utilisatrices les plus jeunes — ce qui pourrait constituer une mise en danger du public, et une violation des lois de protection des consommateurs.
Une enquête liée aux Facebook Files
L’enquête devra déterminer si « les techniques utilisées par Meta pour augmenter la fréquence et le temps d’utilisation de la plateforme par les jeunes utilisateurs ont eu des conséquences néfastes sur eux », explique le New York Time.
« Quand les réseaux sociaux traitent nos enfants comme de simples produits qu’ils peuvent manipuler afin d’avoir plus de données et plus de temps d’engagement, il est de notre devoir de lancer des enquêtes », a également déclaré sur Twitter Doug Peterson, le procureur général du Nebraska qui participe à l’enquête.
https://twitter.com/AGDougPeterson/status/1461415244106981376
L’enquête va se focaliser sur la nocivité d’Instagram pour les utilisatrices les plus jeunes. Une enquête du Wall Street Journal avait révélé que « 32 % des jeunes filles ont déclaré qu’Instagram les faisait se sentir encore plus mal dans leur peau », et que Facebook avait conscience du problème. Dès 2019, un document aurait circulé en interne, expliquant qu’Instagram donnait « une image négative d’elle-même à une jeune fille sur trois ». Les documents montraient également que les adolescents estimaient qu’Instagram était responsable de l’augmentation du nombre de dépressions. 13 % des jeunes Britanniques qui ont eu des pensées suicidaires (et 6 % des Américains) estiment par ailleurs que ces dernières sont dues à Instagram.
« Ces accusation sont fausses et montrent une profonde incompréhension des faits », a déclaré Liza Crenshaw, la porte-parole de Meta, en réponse au lancement de l’enquête. « La protection de nos jeunes utilisateurs est un challenge et a un impact sur toute l’industrie. Nous avons mené le combat contre le harcèlement et nous avons toujours aidé les personnes ayant des pensées suicidaires, et celles se battant contre l’automutilation et des troubles du comportement alimentaire ».
L’enquête initiée contre Facebook, qui est menée par un groupe de procureurs démocrates et républicains, est d’une ampleur impressionnante. Elle est surtout l’une des conséquences directes des Facebook Files. Les nombreuses révélations sur le réseau social ont été rendues possibles grâce à la lanceuse d’alerte Frances Haugen, une ancienne employée de Facebook. Les Facebook Files ont permis d’exposer de nombreux problèmes de la plateforme, comme le fait que les célébrités ont droit à une modération plus souple, que Facebook a favorisé les contenus toxiques, que le réseau social n’a pas réussi à endiguer les fake news sur le covid, que la modération dans les langues autres que l’anglais ne marche pas bien, et que tous les pays ne reçoivent pas le même niveau d’attention de la part des équipes de la plateforme. Les Facebook Papers pourraient, à terme, mener à d’autres enquêtes aux États-Unis, ou dans le monde.
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