Android 12L vient d’officiellement commencer sa vie. Cette version alternative d’Android veut proposer une expérience plus confortable sur les tablettes et les smartphones pliables. Un défi pas si simple à relever.

Une nouvelle version d’Android est arrivée. Le 8 décembre 2021, Google a annoncé la disponibilité de la toute première bêta d’Android 12L. Le système, pensé pour s’adapter aux écrans de tablette et de téléphone pliable, est librement téléchargeable pour les bidouilleurs et bidouilleuses en tout genre.

Bien évidemment, cet OS ne s’adresse pas à tout le monde. Tout d’abord, car c’est une version bêta qui contient son lot de bugs et d’instabilités en tout genre, mais aussi parce qu’Android 12L est pensé, d’abord et avant tout pour les tablettes, smartphones pliables et autres gadgets Android qui ne sont pas des smartphones. Tout l’intérêt de cette branche « alternative » d’Android est d’offrir des fonctionnalités pensées pour le multitâche, qui vont exploiter pleinement l’espace offert par un grand écran.

Android veut dépasser le smartphone

Dans son billet de blog, Google précise avoir « optimisé et peaufiné l’interface utilisateur pour les grands écrans, rendu le multitâche plus puissant et plus intuitif et amélioré la compatibilité afin que les applications soient plus agréables à utiliser. » En bref, Google veut enfin faire d’Android un système pertinent à utiliser sur autre chose que des smartphones.

Les nombreux visages d'Android 12L // Source : Google
Les nombreux visages d’Android 12L // Source : Google

Depuis ses débuts, l’OS mobile de Google n’a jamais été très à l’aise sur les grands écrans. Les tablettes Android représentent un marché risible face à l’iPad et les tentatives de transformer Android en OS de PC n’ont jamais vraiment fonctionné. L’OS de Google est, encore aujourd’hui, taillé pour les smartphones et pas grand-chose d’autre. Android 12L a-t-il vraiment les moyens de changer la donne ?

Android Honeycomb, tentative ratée

Les observateurs et observatrices les plus attentifs de l’écosystème mobile se souviendront sans doute que ce n’est pas la première fois que Google fait une telle promesse. En 2011, l’entreprise dévoilait déjà Android Honeycomb, une version du système pensé pour le marché, alors émergeant, des tablettes.

L’annonce en fanfare de cette version 3.0 d’Android était accompagnée d’un discours qui rappelle furieusement celui d’Android 12L. « La nouvelle interface utilisateur apporte de nouveaux paradigmes d’interaction, de navigation et de personnalisation et les met à la disposition de toutes les applications », écrivait Google à l’époque. Pourtant, malgré toute la bonne volonté de Google, l’OS n’a jamais vraiment trouvé son public et l’ambassadrice du système, la tablette Motorola Xoom, est tombée dans les oubliettes de l’histoire technologique. En parallèle, l’iPad commençait doucement à cannibaliser le marché des tablettes mobiles.

L’échec d’Android Honeycomb, et plus généralement de la mue d’Android, est dû à une raison simple : le manque d’applications. En 2011, Android s’était déjà imposé comme une alternative à iOS, le système mobile d’Apple. Les constructeurs, développeurs et développeuses en tout genre avaient adopté l’OS open source, qui leur permettait de proposer une concurrence à l’iPhone. La boutique d’application, qu’on appelait encore Android Market à l’époque, se remplissait doucement de tous les logiciels qui sont devenus des immanquables aujourd’hui.

La Motorola Xoom, ambassadrice d'Android Honeycomb // Source : Motorola
La Motorola Xoom, ambassadrice d’Android Honeycomb // Source : Motorola

Malheureusement, une part infime de ces applications étaient optimisées pour les grands écrans. Le marché des tablettes sous Android ne décollait pas et la plupart des équipes de développement ne souhaitaient pas passer du temps à repenser leurs apps pour, peut-être, convaincre une part minuscule du public. Résultat, l’expérience d’Android sur tablette était bancale, avec un bon paquet de logiciels qui se contentaient de s’afficher en plus grand, sans jamais profiter de l’espace supplémentaire qu’offraient ces nouveaux gadgets. L’écosystème applicatif extrêmement pauvre poussera Google à jeter l’éponge et se concentrer de nouveau sur les smartphones.

Android 12L peut-il changer ça ?

Pourquoi alors se lancer de nouveau dans cette aventure, si l’histoire a montré qu’Android ne s’adapte pas bien sûr les grands écrans ? Hé bien parce que le marché à changé. Les tablettes Android ne sont toujours pas très populaires, mais les mobiles pliables commencent à le devenir. Samsung avec son Galaxy Fold 3, Xiaomi avec son Mi Mix Fold ou encore Oppo avec son récent Find N, le marché des téléphones pliable suscite beaucoup plus d’intérêt que celui des tablettes.

L’engouement des constructeurs est essentiel pour faire fleurir un écosystème d’applications intéressant. Plus de gens auront un téléphone pliable, plus les Facebook et Twitter de ce monde trouveront un intérêt à proposer une expérience native pour les grands écrans. Si la mode des téléphones pliable ne s’épuise pas d’ici à quelques années, il y a fort à parier que la plupart des équipes de développement se mettront à proposer des logiciels adaptés.

De plus, nos téléphones sont largement plus puissants et rapides qu’avant. Même les mobiles milieu de gamme d’aujourd’hui font mieux que les foudres de guerre d’il y a 10 ans. Faire du multitâche sur smartphone est une expérience radicalement différente de ce qu’elle était il y a quelques années. Tout va plus vite, il y a moins de ralentissements et de bugs. Bref, nos téléphones sont aujourd’hui capables de proposer une expérience de multitâche digne de ce nom.

Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude qu’Android 12L réussira là ou Honeycomb à échoué. Google est connu pour abandonner des projets à la pelle sans vraiment de remords. Mais le marché est aujourd’hui bien plus matûre pour ce genre d’évolutions. Sinon il ne restera plus qu’a rééessayer dans encore 10 ans.

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