Quasiment un an après sa mise en place, l’indice de réparabilité fait de nouveau parler de lui. Dans un communiqué de presse publié le 14 décembre 2021, L’UFC Que Choisir « tire la sonnette d’alarme » et demande une réforme de cet indice.
Selon l’association de défense des consommateurs, cette nouvelle note (censée aider le public à choisir des appareils plus réparables) n’est pas entièrement satisfaisante dans sa forme actuelle. Selon le rapport dressé par l’UFC, le consommateur serait même « bien mal éclairé » avec l’indice tel qu’il existe aujourd’hui.
Des notes trop généreuses
Pour Que Choisir, deux problèmes majeurs empêchent l’indice de réparabilité de « constituer une information pertinente » pour les consommateurs et consommatrices.
Le premier tient à la méthode de calcul. Selon l’association, certains critères sont trop généreux. Sur un smartphone, la disponibilité et le prix des pièces détachées devraient, selon Que Choisir, avoir plus d’impact sur la note finale que d’autres critères comme l’information concernant les mises à jour ou la disponibilité d’une assistance technique. « On peut avoir une bonne note générale tout en ayant une mauvaise note sur des critères essentiels. On peut se retrouver avec un produit « réparable » alors que dans la pratique des critères vont bloquer » explique Anna Lamy, autrice du rapport, à Numerama.
Le communiqué de presse prend comme exemple des smartphones ou des téléviseurs qui obtiennent des notes en dessous de la moyenne sur la disponibilité des pièces détachées, mais qui obtiennent malgré tout un indice final « élogieux » grâce à d’autres sous-note plus faciles à gonfler. Pour le dire plus simplement, ce n’est pas un 19 en sport sur votre bulletin qui devrait faire oublier que vous avez eu 4 en maths, si vous êtes dans une filière scientifique.
« Sur certains critères, tout le monde obtient la meilleure note, c’est absolument pas différentiant. Garantir des points si un ordinateur est facile à réinitialiser c’est trop facile », peste Anna Lamy.
Des revendeurs qui ne se plient pas à la loi
L’autre gros problème de cet indice de réparabilité, selon l’association de défense des consommateurs, c’est qu’il n’est pas correctement affiché par les différents revendeurs.
« Une grande majorité de vendeurs en ligne ne répondent pas encore à leur obligation d’afficher l’indice de réparabilité », explique le communiqué de l’UFC. Seul 42% des produits concernés affichent le fameux logo vert, rouge ou jaune à côté du prix, et ce alors que la loi rend cet affichage obligatoire pour tous les revendeurs.
Certains s’en sortent mieux, comme Leroy Merlin qui liste 100% des indices sur les produits de son catalogue, ou Boulanger qui atteint un taux d’affichage de 95%. Mais d’autres revendeurs, comme Amazon ou Carrefour, sont des très mauvais élèves. Le premier n’affiche l’indice que sur 22% des produits concernés tandis que le second ne l’affiche tout simplement jamais.
« Dans de nombreux cas, les indices existent, les grilles existent, mais le vendeur n’a pas fait le travail de l’afficher », explique Anna Lamy « L’ objectif est de sensibiliser et de faire entrer l’indice dans les habitudes. Cela passe par une démocratisation de cet affichage. Pour le moment il y a un problème structurel », poursuit l’autrice du rapport. Difficile de donner tort à l’association, puisque les contrôles officiels pour vérifier ce détail ne commenceront qu’à partir du 1er janvier 2022. Le gouvernement a en effet voulu laisser un an à l’industrie pour se mettre au pas.
Le défaut d’information va parfois au delà des revendeurs, puisque l’UFC Que Choisir a même tenté d’obtrenir les grilles de notations détaillés auprès de certains fabricants, sans grand succès. Seuleument 10% des demandes émises par l’association ont été satisfaites, alors que, ici aussi, la loi contraint les fabricants et les revendeurs à tenir cette grille à disposition.
Un indice à jeter ?
Malgré ces reproches, l’association de défense des consommateurs est loin de clouer cet indice au pilori. « L’indice est un premier jet. Il y a une large marge de progression, mais il faut saluer le fait qu’il existe », tempère Anna Lamy. L’autrice du rapport plaide pour un indice revu et corrigé qui informe « réellement » le public sur la réparabilité des produits.
Pour cela, l’UFC Que Choisir imagine des critères limitants qui empêcheraient un produit d’avoir la moyenne s’il ne l’obtient pas sur certains critères (notamment le prix et la disponibilité des pièces détachées). C’est d’ailleurs exactement le même reproche qui a été fait au nouveau programme de réparation d’Apple. « Si un produit a récupéré une note éliminatoire, il faut que ce produit ne puisse pas avoir une bonne note », simplifie la responsable de l’association. Tenir à disposition, facilement, les grilles de notation est également essentiel selon Que Choisir. Le détail du calcul permet en effet « de dépasser les limites de la note globale pour mieux informer le consommateur », selon Anna Lamy.
La réforme voulue par l’association de défense des consommateurs va d’ailleurs au-delà du seul indice de réparabilité. « Cet indice est un banc d’essai » détaille la responsable de Que Choisir. Un banc d’essai pour préparer le futur indice de durabilité qui devrait arriver en 2024 d’abord, mais aussi un banc d’essai pour l’indice de réparabilité européen que l’UE est en train de mettre en place et qui devrait largement s’inspirer du projet français. L’enjeu dépasse donc les frontières hexagonales. « L’indice tel qu’il est continue sa réflexion, son amélioration. Il faut qu’il s’améliore en tant qu’indicateur actuel et pour ceux à venir », conclut Anna Lamy.
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