On connaissait les « 1 % », il y a désormais les « 0,01 % ». Une grosse partie du bitcoin en circulation de nos jours serait concentrée dans les mains d’un très, très faible pourcentage de propriétaires, selon une étude du National Bureau of Economic Research publiée en octobre 2021, et reprise fin décembre par le Wall Street Journal (WSJ).
10 000 propriétaires de comptes de bitcoin seulement possèderaient 5 des 19 millions de bitcoins en circulation dans le monde. Vu qu’il y aurait environ 114 millions de personnes et entités propriétaires de bitcoin, cela représente donc 0,009 % des propriétaires de bitcoin qui possèdent 26,3 % de tous les bitcoins. Cette concentration n’est pas sans rappeler celle des monnaies fiduciaires : 1 % des Américains possédait un quart des revenus du pays, en 2011.
Les chercheurs Igor Makarov et Antoinette Schoar ont analysé l’entièreté des transactions en bitcoins depuis sa création en 2008, afin de mieux comprendre qui sont les acteurs de ces échanges. « C’est un système très concentré », a commenté Antoinette Schoar au WSJ, allant à contre-courant de l’imaginaire charrié par ce crypto-actif, censé représenter un modèle de finance alternative, horizontale et décentralisée.
À l’origine, c’est ainsi que le bitcoin a été pensé : une monnaie virtuelle qui s’appuie sur un protocole open-source, et dont n’importe qui est censé pouvoir participer au « minage » afin de pouvoir en générer grâce à la résolution de calculs très complexes. Ces opérations servent à vérifier et entretenir la blockchain, une sorte de registre virtuel public où toutes les transactions en crypto sont inscrites et consignées.
50 mineurs contrôlent 50 % des capacités totales de minage
Cependant, les choses ont bien changé depuis plusieurs années. D’une part, du côté des mineurs, qui doivent avoir des ordinateurs de plus en plus puissants pour réaliser les calculs demandés. « Le top des 10 % des mineurs contrôlent 90 % des capacités de minage », peut-on lire dans l’étude, qui continue avec cette information surprenante : seuls 50 mineurs (soit 0,1 %) contrôlent 50 % des capacités totales de minage.
D’autre part, il y a eu de grandes évolutions du côté de celles et ceux qui possèdent, utilisent et échangent du bitcoin. Déjà, les deux chercheurs ont montré que 90 % des transactions en bitcoin enregistrées sur la blockchain n’étaient « pas reliées à des activités ayant du sens, économiquement parlant » mais consistaient simplement en une seule personne (ou entité) qui s’effectue des virements à elle-même. Vu que toutes les transactions sont publiques, car enregistrées sur la blockchain, personne ne peut vraiment être anonyme. Beaucoup multiplient donc les virements vers d’autres comptes pour tenter d’effacer leur trace virtuelle.
Parmi les 10 % restants de transactions « ayant du sens », « 75 % du volume des bitcoins peut être relié à des entités de transactions en ligne, comme des portefeuilles virtuels, des bureaux de transactions directes (OTC) ou des entités internationales de trading », peut-on lire. En comparaison, l’utilisation de la monnaie virtuelle à des fins illégales ou pour des jeux d’argent ne représente en fait que 3 % du total.
Cette étude importante permet ainsi de déconstruire les idées reçues sur le plus célèbre des crypto-actifs, et mieux comprendre son fonctionnement global. Il reste toutefois encore compliqué de savoir exactement qui sont les acteurs des transactions, et qui sont les fameux 10 000 propriétaires les plus riches. On connait en revanche les plus médiatisés : Elon Musk, par exemple, a révélé que son entreprise Tesla avait acheté pour 1,5 milliard de bitcoins en début d’année 2021, avant de « découvrir » que le minage de cette crypto-monnaie était très polluant. Ce genre d’annonces a contribué à faire exploser la valeur du bitcoin.
Il existe un nombre fini de bitcoin à travers le monde (21 millions) : c’est la manière dont ce crypto-actif a été pensé à sa création. Fin décembre 2021, près de 90 % du bitcoin avait été miné, mais cela ne signifie pas que la fin est proche pour autant. Grâce au phénomène de halving (qu’on explique en détail ici), générer un bitcoin est de plus en plus long. On ne devrait pas en voir le bout avant l’an 2140.
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