Vous ne le connaissez pas, et pourtant, Zepeto est peut-être le prochain grand nom du métaverse. La plateforme, lancée en 2018, accueille déjà plus de 250 millions d’utilisateurs et utilisatrices, et surtout de nombreuses marques et influenceurs en tout genre. En Asie, sa popularité est impressionnante : l’app est massivement utilisée en Corée du Sud, mais aussi au Japon, en Chine en Indonésie. Mais Zepeto est également de plus en plus appréciée en Europe, au Brésil et aux États-Unis.
Les projets de métaverses, des sortes de mondes virtuels dans lesquels les utilisateurs et utilisatrices pourraient interagir avec des avatars, se multiplient. Et celui de Zepeto est un succès mondial, qui vient d’être valorisé à un milliard de dollars après un investissement de SoftBank en novembre. Et pourtant, Zepeto reste majoritairement inconnu. Qu’est-ce que cette plateforme ? Et son métaverse a-t-il un avenir ?
Zepeto, qu’est-ce que c’est exactement ?
« Un autre moi dans un autre univers » : c’est comme ça que Zepeto se définit. Le métaverse se présente sous la forme d’une app qui offre aux utilisateurs et utilisatrices la possibilité d’« explorer un monde virtuel » avec leurs avatars, qui sont « uniques et personnalisables ». Zepeto permet aussi de « retrouver des amis du monde entier, à l’endroit où vous voulez ». Un monde virtuel, dans lequel les avatars peuvent se croiser, se parler, échanger, mais aussi acheter des vêtements, faire construire des maisons, créer des cartes.
L’univers de Zepeto n’est pas sans rappeler celui de Second Life, le métaverse lancé en 2003. Mais il y a une différence de taille entre les deux projets : 70 % des utilisateurs de Zepeto sont des femmes. La plupart sont de plus très jeunes : elles ont entre 13 et 24 ans. « Beaucoup de nos utilisatrices n’ont pas encore installé Instagram. Elles sont encore plus nombreuses à n’avoir jamais utilisé Facebook », expliquait à la BBC Rudy Lee, le directeur de la stratégie de Zepeto. « Nous sommes pour beaucoup le premier réseau social qu’elles utilisent.»
Ce qui semble attirer les fans de Zepeto, en plus de la possibilité de maîtriser son apparence, c’est d’éviter la pression qui règne sur les autres réseaux sociaux. Les utilisatrices expliquent pouvoir mieux échapper aux regards des autres sur Zepeto, et aux mauvaises expériences. « Il n’y a pas d’obligation, on n’est pas obligé de montrer son visage », expliquait ainsi une utilisatrice du métaverse à la BBC.
Un espace majoritairement peuplé par des femmes, et qui a permis à toute une économie de la mode de se développer, avec ses influenceuses et ses marques.
Zepeto a déjà réussi à créer une économie
Les achats de vêtements pour habiller les avatars représentent en effet une part très importante des achats effectués dans le métaverse. Certaines utilisatrices, qui ont créé des collections d’accessoires sur la plateforme, sont devenues de véritables influences sur Zepeto, avec leurs propres boutiques. Surtout, tous ces achats leur apportent un véritable salaire : la monnaie virtuelle du métaverse, le zem, peut être échangée contre de « vraies » devises.
En plus des influences et des boutiques « maison », Zepeto a attiré depuis ses débuts une quantité impressionnante de marques de luxe : Gucci, Ralph Lauren, Dior, et même Christian Louboutin. Et ce sont ces marques qui participent également au développement de l’économie du métaverse, en faisant un monde actif où de très nombreux évènements sont organisés. Sur le compte Instagram de Zepeto (suivi par plus d’un million de personnes), on peut ainsi voir que Samsung, Starbuck Coffee, Marvel, le manga One Piece et les groupes de K-Pop Black Pink et SB19 ont tous lancé des collections spéciales ou des évènements.
Au final, Zepeto est un métaverse très actif et à l’économie prospère, beaucoup plus que celui imaginé par Zuckerberg, qui n’est pas encore complètement disponible et relativement peu peuplé. Le métaverse de Facebook connaît de plus ces premières controverses, notamment en matière de sécurité pour les utilisatrices : le harcèlement sexuel y est déjà largement présent.
Zepeto, présenté comme un lieu sûr et bienveillant, apparaît déjà à l’opposé du métaverse imaginé par Mark Zuckerberg. Entre Roblox, qui accueille une vaste communauté de joueuses et joueurs, Meta pourra-t-il rattraper le retard ? Pour l’instant, rien n’est encore joué. Mais, comme le précise à la BBC Stanley Kim, qui travaille dans une entreprise spécialisée dans le métaverse, la bataille sera rude. « C’est comme aux débuts d’Internet. Il y avait beaucoup de sociétés sur le marché, mais au final, seulement quelque unes d’entre elles ont réussi à dominer l’industrie. Et c’est ce qu’il va se passer aussi pour le métaverse. »
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