Depuis le 2 janvier, d’importantes manifestations secouent le Kazakhstan. Ce mouvement de contestation est un événement historique pour le pays, fermement contrôlé par un régime autoritaire. Les manifestations ont d’ailleurs tellement pris de court les autorités, peu habituées aux mouvements sociaux, qu’elles ont pris la décision d’instaurer l’état d’urgence, et de couper internet et les téléphones portables dans le pays.
Les coupures ont occasionné d’importantes perturbations dans le pays, et la situation sur place reste difficile à évaluer, étant donné le manque de communication. En plus d’une grande confusion, ces coupures ont également une autre conséquence, plus discrète mais tout aussi concrète : la baisse du hashrate du bitcoin.
Quel rapport entre la baisse du hashrate et les manifestations au Kazakhstan ?
Tout d’abord, qu’est-ce que le hashrate ? Ce terme désigne la puissance de calcul des ordinateurs présents sur le réseau bitcoin à un instant donné. Plus le hashrate est haut, plus cela veut dire que des ordinateurs sont connectés et tentent de miner la crypto-monnaie — il faut donc que le système s’adapte en augmentant la difficulté des calculs à réaliser. Plus le hashrate est bas, moins il y a de puissance de calcul sur le réseau, et plus il faut que les équations soient simples.
Ensuite, pour bien comprendre la situation et son rapport avec le Kazakhstan, il faut revenir quelques mois en arrière, en juillet 2021, au moment de l’interdiction du minage et des transactions en crypto-monnaie en Chine. Le pays était celui qui accueillait le plus de mineurs au monde, qui se sont donc retrouvés dans une situation très délicate.
Obligés de partir, beaucoup ont choisi de s’installer au Kazakhstan. Le pays n’a pas été choisi au hasard : c’est un voisin de la Chine, l’électricité n’y est pas très chère, et surtout, les crypto-monnaies n’y sont pas interdites. Ce basculement d’un pays à l’autre a transformé en quelques mois le Kazakhstan en place forte du bitcoin. Il détient désormais « la troisième place dans le minage mondial », selon le Cambridge Center for Alternative Finance, avec 18% de la puissance de calcul globale.
Les récentes coupures d’électricité ont donc stoppé toute activité de minage dans le pays pendant plusieurs heures, et ont largement fait baisser le hashrate au niveau mondial : CoinTelegraph rapporte que ce dernier a chuté de 13,4%.
Est-ce que c’est grave ?
La situation n’est pas idéale pour les mineurs de bitcoin, mais elle n’est pas catastrophique. En effet, comme l’a rappelé sur Twitter le journaliste spécialisé dans le bitcoin Grégory Raymond, « le hashrate n’a jamais été aussi haut qu’en ce moment ». Même si les fermes de minage kazakhs ferment pendant quelques heures, de nombreuses autres sont là pour maintenir la blockchain.
Surtout, ce n’est pas la première fois qu’une baisse si brutale du hashrate se produit : comme on peut le voir sur le graphique publié par Grégory Raymond, lors de l’interdiction du minage en Chine en juillet, une chute impressionnante de la puissance de calcul a eu lieu : le hashrate a décliné à ce moment de 54%.
La situation cet été était autrement plus grave : la Chine accueillait alors entre 65% et 75% de tout le minage mondial. Malgré tout, le réseau bitcoin n’a pas arrêté de fonctionner, et des unités de crypto-monnaie ont continué à être créées. Cela a pu se produire grâce à l’une des caractéristiques principales du bitcoin : son protocole indique que toutes les dix minutes, un nouveau bloc doit être ajouté. Pour garantir cette fréquence, le réseau adapte la difficulté des équations à résoudre à la puissance de calcul disponible.
Ainsi, bien que la baisse de la puissance de calcul a rendu le bitcoin plus facile à miner pendant un temps, le réseau n’a pas complètement arrêté de fonctionner. La difficulté a depuis peu à peu retrouvé son niveau d’avant les interdictions dans le pays. Si la situation devait perdurer au Kazakhstan et que le hashrate était durablement impacté, le réseau bitcoin se comporterait de la même façon : en baissant la difficulté des équations.
Qu’en est-il de la chute du cours du bitcoin ?
En plus de la baisse du hashrate, le cours du bitcoin connait également une chute en ce début janvier 2022. La crypto-monnaie accuse ainsi une baisse de 7% depuis le mercredi 5 janvier au soir. Bien qu’ils pourraient sembler liés, ces deux évènements n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre.
La cause de cette baisse soudaine est à chercher du côté des États-Unis. La Réserve fédérale américaine a en effet annoncé le 5 janvier qu’elle comptait relever ses taux d’intérêt, et ce beaucoup plus tôt que prévu, comme l’explique Cryptoast. Le but est d’essayer de maîtriser l’inflation dans le pays, que la banque centrale juge trop élevée. La nouvelle n’a pas impacté que le secteur des crypto-monnaies : les principaux indices boursiers américains ont enregistré une baisse suite aux annonces de la réserve. Le bitcoin n’est pas la seule crypto-monnaie affectée : l’Ethereum a également baissé de 9%, tout comme le Binance Coin, en chute de 11%.
Il s’agit donc de deux évènements bien distincts — pour l’instant. Le cours du bitcoin peut, comme la bourse, être fortement impacté par les évènements extérieurs. Les manifestations au Kazakhstan pourraient donc, à leur tour, avoir un impact sur le prix de la crypto-monnaie, même s’il est impossible de prédire exactement si cela arrivera, ni quand.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !