Après avoir battu des records en 2021, le bitcoin démarre 2022 de manière bien moins spectaculaire. La plus valorisée des crypto-monnaies est passée pendant quelques minutes sous le seuil des 40 000 $ le 10 janvier. Et elle a perdu 14 % de sa valeur depuis le début de l’année. C’est loin d’être la seule à connaître un début d’année difficile. Des crypto-monnaies populaires comme l’ether ou le binance coin sont également en berne. Pour la première fois depuis plusieurs mois, l’Ether est ainsi tombé sous le seuil des 3 000 $ le 10 janvier.
Que se passe-t-il ? La « menace » auxquelles font face les crypto tient en trois lettres : FED. Un compte-rendu d’un point de la banque centrale américaine publié le 5 janvier a en effet révélé qu’elle allait probablement très bientôt modifier les taux d’intérêt.
Pourquoi augmenter le « loyer de l’argent »
Les banques centrales comme la FED ont, en effet, pour mission principale de contrôler l’inflation en la maintenant à un niveau équilibré. Pour cela, elles utilisent entre autres les taux directeurs, ou pour le dire de manière simplifiée, les taux d’intérêt qu’elles appliquent aux banques, qui influencent à leur tour les taux d’intérêt que les banques appliquent aux particuliers ou aux entreprises.
Lorsque l’inflation est trop basse, les banques centrales baissent les taux d’intérêt. Emprunter de l’argent coûte alors moins cher, ce qui favorise l’investissement et incite moins à l’épargne. À l’inverse, lorsque l’inflation est trop élevée, les banques centrales peuvent décider d’augmenter les taux d’intérêt. Emprunter de l’argent se met alors à couter plus cher. Cette bascule « refroidit » l’économie en favorisant davantage l’épargne, au détriment de l’investissement.
Un contexte très favorable aux crypto
Face à la crise inédite provoqué par le covid, plusieurs banques centrales ont tenté de protéger l’économie de leur périmètre d’un ralentissement en baissant leurs taux directeurs. C’est notamment ce qu’à fait la Banque centrale européenne. Et c’est aussi ce qu’a fait la Fed. Depuis mars 2020, les taux directeurs de la FED sont restés très bas (entre 0 et 0,25 %). Un parti pris qui a beaucoup facilité l’emprunt et, par ricochet, les crypto.
Lorsqu’ils peuvent aisément emprunter de l’argent, les investisseurs ont en effet plus de latitude pour oser des paris risqués. Le fait que le loyer de l’argent soit si bas depuis le début de la pandémie a donc beaucoup favorisé les crypto-monnaies, des actifs dont la volatilité peut générer des gains conséquents… et des pertes toutes aussi brutales. C’est d’ailleurs en 2020 que le bitcoin a vraiment pris son envol : alors qu’il avait débuté l’année aux abords de 6 400 €, il l’avait terminé autour de 23 500 €.
C’est la fin de la récré
Mais cela ne va pas durer car l’inflation galope aux Etats-Unis. En novembre 2021, elle s’élevait à 6,8 % sur un an, une hausse de prix très élevée que l’on n’avait plus observée depuis quasi quarante ans. Cette situation a un impact très direct sur le pouvoir d’achat de la population américaine. Pour calmer la situation, la Fed a prévu d’augmenter les taux d’intérêt. Et le dernier compte-rendu de la banque centrale américaine (les fameuses « minutes ») a révélé que le serrage de vis allait être plus rapide que prévu et pourrait se produire dès mars.
Autant dire que c’est la fin de la récré pour les investisseurs. Lorsqu’emprunter de l’argent coûtera plus cher, ces derniers seront moins tentés de parier sur des valeurs risquées. Comme le souligne Bloomberg, cette bascule constituera donc un vrai test pour le bitcoin et ses homologues. Les amateurs de crypto-monnaies continueront-ils de miser autant sur elles lorsque l’argent ne coulera plus à flots ? Le secteur sera forcément impacté.
Les crypto-monnaies se sont démocratisées
Il faut cependant reconnaître que ce marché a aussi beaucoup évolué. Les cryptomonnaies se sont démocratisées. « La croissance des usages légitimes des cryptomonnaies dépasse si nettement celle des usages criminels, que la part des activités illicites dans les volumes de transactions crypto n’a jamais été aussi basse », soulignait d’ailleurs récemment Chainalysis. Alors qu’en 2019, 3,37 % des transactions crypto étaient le fait d’acteurs engagés dans des activités prohibées par la loi, ce chiffre était ainsi tombé à 0,15 % en 2021.
Des sociétés telles que PayPal permettent désormais, elles aussi, de vendre ou acheter des crypto-monnaies, des entreprises telles que Tesla et SpaceX ont investi dedans et un pays, le Salvador, a même décidé de reconnaître le bitcoin comme monnaie légale.
Le cadre réglementaire qui entoure les crypto-monnaies commence également à se préciser. Et l’année 2021 nous a prouvé qu’une crypto comme le bitcoin avait une base technique solide. Même quand la Chine a pris la décision fracassante de stopper le minage de bitcoin sur son sol (alors qu’elle abritait jusque là entre 65 et 75 % du minage mondial), la blockchain du bitcoin a fonctionné comme elle le devait. Le niveau de difficulté des équations a été ajusté comme prévu à la quantité réduite de machines de minage, afin que l’activité ne se grippe pas et que les transactions puissent continuer d’être validées.
La fondation Ethereum, quant à elle, prépare une transition technique d’envergure qui, si elle répond à toutes les attentes, pourrait réduire considérablement la consommation d’énergie du minage de l’ether.
La manière dont le cours des grosses crypto-monnaies telles que le bitcoin, l’ether ou le binance coin va évoluer reste toutefois incertaine. Et l’avenir des actifs crypto les plus risqués, tels que le Doge coin ou autre mème coin, l’est encore davantage.
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