Un bitcoin à zéro ou presque ? C’est le risque contre lequel la Banque d’Angleterre a voulu mettre en garde les particuliers qui envisagent d’investir dans le bitcoin, en décembre, argumentant que la valeur de ce dernier pourrait littéralement s’effondrer. Pourtant, depuis le début de l’année 2020, la valeur du bitcoin a globalement beaucoup augmenté : il est passé de 6 000 euros en janvier 2020 à quasi 58 000 euros en novembre 2021. Même si son cours a depuis baissé (38 000 euros ce 13 janvier), il est toujours très nettement au dessus de sa fourchette de 2020.
Alors que certains prédisent au bitcoin une mort prématurée, à l’image de John Paulson qui ne recommande à personne d’investir dans les crypto-monnaies, d’autres, à l’instar de Catherine Wood, fondatrice et directrice générale d’ARK Investment Management, estiment que le bitcoin pourrait atteindre 500 000 $. Kiana Danial, fondatrice d’Invest Diva s’attend elle à « de la volatilité à court terme et de la croissance à long-terme » concernant le bitcoin.
Vu les avis contradictoires que l’on peut lire sur le sujet, il est souvent difficile de se forger le sien. La valeur de la 1ère crypto-monnaie mondiale peut-elle encore s’effondrer à zéro ? Ou continuera-t-elle de s’apprécier dans les années à venir ?
Personne ne le sait avec certitude bien sûr, mais certains éléments permettent de mieux comprendre ce qui se joue ici, et quels facteurs pourraient jouer sur la valeur du bitcoin.
Comprendre le bitcoin avant de tenter d’anticiper son prix
Avant de se demander si le bitcoin atteindra un jour le seuil des 500 000$ ou retombera à zéro, essayons de comprendre ce qui donne à la reine des crypto-monnaies son prix actuel. En règle générale, la valeur d’un actif spéculatif est régie par de nombreux facteurs — offre et demande, rareté, utilité, confiance du public à son égard, projet associé à l’actif etc.
D’après les défenseurs du bitcoin, ce dernier valide un grand nombre de facteurs justifiant de son prix actuel sur le marché :
- Il est rare, puisque seulement 21 millions d’unités seront mises en circulation. Cette rareté constitue l’un des éléments les plus fréquemment avancés par la communauté pour justifier la valeur d’un bitcoin.
- Il est utile : grâce au développement du Lightning Network, un réseau permettant d’effectuer des transactions rapides et quasi sans frais, le bitcoin pourrait être utilisé comme moyen de paiement, notamment dans des zones du monde non bancarisées. Le Salvador, sous l’impulsion de son président pro-bitcoin Nayib Bukele, en a d’ailleurs fait sa monnaie légale (aux côtés du dollar)
- Il devient mainstrean : Lydia, la fintech française spécialisée dans le paiement mobile, a récemment annoncé intégrer les crypto-monnaies à son application, offrant la possibilité à 5,5 millions d’utilisateurs d’investir dans le bitcoin. Aux États-Unis, c’est plus d’un Américain sur 6 qui a déjà investi dans le bitcoin.
Aujourd’hui, la capitalisation totale du bitcoin représente environ 700 milliards d’euros, dépassant celles d’institutions bancaires comme JP Morgan ou Bank of America. Le bitcoin a également été introduit à la bourse de New York sous la forme d’un ETF Bitcoin, approuvé par la SEC (l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers) le 20 octobre dernier.
Il semble donc difficile de concevoir le Bitcoin à zéro, tant la 1ère des crypto-monnaies s’est développé ces dernières années. Comme tout actif, le bitcoin a aussi certaines limites et certains de ses aspects font face à la critique, ce qui pourrait avoir un impact sur son évolution
Qu’est-ce qui pourrait faire baisser le bitcoin ?
Que l’on parle d’actions en bourse, de matières premières, de devises ou d’immobilier, prédire l’évolution d’un cours n’est jamais une science exacte. Par définition, ces hypothèse sont basées sur l’état économique futur (et donc hypothétique) de l’actif. Or, cet état économique futur dépend d’un grand nombre de variables difficilement prévisibles. Comme tout actif spéculatif s’échangeant dans une économie de marché, l’éventualité d’un bitcoin à zéro ne peut donc pas être totalement exclue. On note cependant qu’en 2021, le cours de la livre turque, une monnaie étatique peu stable, a été plus volatil que celui du bitcoin.
Alors quelles sont les variables qui seraient le plus susceptibles d’avoir un impact sur le cours du bitcoin à l’avenir ? La hausse du bitcoin en 2021 s’est accompagnée de nombreuses critiques à son égard. Désastre écologique, monnaie utilisée par des criminels, ou encore « bulle spéculative » sont les arguments qui reviennent le plus souvent.
D’un point de vue écologique, le bitcoin est accusé de consommer une quantité faramineuse d’électricité. C’est lié à son fonctionnement : pour valider des transactions et miner des bitcoins, des myriades d’ordinateurs doivent résoudre des équations complexes (et plus le nombre de machines augmente, plus la difficulté des calculs à opérer s’élève). Les défenseurs du bitcoin font cependant valoir que le réseau bitcoin est moins énergivore que le secteur bancaire et que le minage peut être une excellente manière de rentabiliser et donc de favoriser le développement de sites de production d’énergie renouvelable (celles-ci étant intermittentes par nature, elles produisent fréquemment plus que ce dont la population a besoin, or les machines de minage peuvent être installées n’importe où).
La concurrence dans les crypto
La concurrence d’autres crypto-monnaies pourrait-elle faire baisser le cours du bitcoin ? Ce risque est assez modéré. On évoque parfois l’éventualité qu’un retournement (« flippening ») s’opère entre le bitcoin et l’ether, respectivement n°1 et n°2. Cette éventualité reste toutefois très contestée au sein de la communauté crypto. En apportant des options techniques différentes de celles du bitcoin, la concurrence aide en effet à solidifier l’environnement crypto global, ce qui profite aussi au bitcoin.
L’autre problématique, moins souvent citée, à laquelle devra faire face le bitcoin dans les années à venir est la régulation. En effet, le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, dirigé par l’ancien banquier Gary Gensler, travaille depuis maintenant des mois sur l’instauration d’un cadre réglementaire et fiscal concernant le bitcoin et l’ensemble des crypto-actifs.
Si la perspective d’une régulation renforcée peut sembler inquiétante à première vue, le président de la SEC assure cependant qu’elle sera bénéfique à long-terme à la 1ère des crypto-monnaies. Les premières mesures de régulation devraient néanmoins accroître la volatilité du bitcoin à court-terme, insufflant un vent d’incertitude sur le marché des crypto-monnaies. Ce scénario a d’ailleurs déjà eu lieu plusieurs fois dans l’histoire du bitcoin : récemment encore, les craintes d’une régulation de la FED cumulé aux déclarations de la Chine d’interdire le bitcoin avaient impacté son prix à la baisse. Une meilleure régulation pourrait toutefois à long terme aider à encadrer certaines dérives du marché crypto et inciter davantage d’institutionnels à aller vers les crypto. Elle pourrait donc effectivement profiter au bitcoin à long terme.
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