L’argentier mondial n’est toujours pas convaincu par la loi bitcoin du Salvador. Le pays, sous l’impulsion de son président Nayib Bukele, a donné au bitcoin le statut de monnaie légale (aux côtés du dollar). Et le Fonds Monétaire International (FMI) n’a pas caché les nombreux doutes qu’il entretient à l’égard de cette stratégie dans un communiqué de presse publié le 25 janvier 2022.
Certes, l’utilisation d’une crypto-monnaie telle que le bitcoin peut favoriser l’inclusion financière dans un pays comme que le Salvador, convient le FMI. C’était un des principaux arguments donné par Nayib Bukele pour justifier sa loi Bitcoin. Une majorité de la population du Salvador (70 %) n’a en effet pas de compte bancaire. Le bitcoin, qui ne nécessite qu’un simple portefeuille digital, est donc pratique à ce titre.
Le portefeuille crypto Chivo peut avoir un impact positif
Les directeurs du FMI reconnaissent que le portefeuille crypto Chivo — que le gouvernement a mis à disposition de sa population — pourrait faciliter le paiement numérique et de ce fait contribuer « à une meilleure inclusion financière ». Le Fonds Monétaire International a cependant souligné la nécessité de mieux réguler l’utilisation de ce portefeuille.
Mais ce qui pose vraiment problème au FMI, c’est que le Savaldor ait fait du bitcoin une monnaie officielle. L’État ne s’est pas contenté de faciliter l’utilisation de cette crypto-monnaie dans le pays : il lui a donné cours légal. Le bitcoin n’est pas la seule monnaie ayant cours légal au Salvador (le dollar avait, et conserve ce statut), mais ce titre est un statut très particulier, qu’aucun autre pays n’a accordé à une crypto-monnaie pour le moment. Cela signifie entre autres que les Salvadoriens ont la possibilité de payer leurs impôts en bitcoin et que les commerces peuvent afficher des prix dans cette devise. Donner cours légal au bitcoin est donc une action qui a un impact fort sur l’ensemble de l’économie du pays.
Retirer au bitcoin son statut de monnaie officielle
Le FMI estime que le Salvador n’aurait pas dû aller jusqu’à ce stade avec le bitcoin. L’institution estime « que l’utilisation du bitcoin pose des risques importants sur la stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs ». Le FMI a exhorté, dans son communiqué « les autorités [du Salvador] à réduire la portée de la loi bitcoin en supprimant le statut légal du bitcoin ».
Le Fonds Monétaire International avait déjà exprimé ses réserves l’été dernier sur le projet du Salvador. « Si les biens et services sont tarifés à la fois en fonction d’une monnaie réelle et d’une cryptomonnaie, les particuliers et les entreprises utiliseront beaucoup de temps et de ressources pour déterminer quelle monnaie il est le plus profitable de détenir, au lieu de le consacrer à des activités de production. »
Le cours du bitcoin a chuté
Si les recettes et les dépenses de l’État se font dans des monnaies différentes (par exemple, si les Salvadoriens décident de payer la majeure partie de leurs taxes en bitcoin, mais que les dépenses dont l’État doit s’acquitter sont en dollars ou vice-versa), les variations de taux de change des monnaies pourraient mettre l’État (et donc la population) dans une situation complexe, pointait également en juillet le FMI.
L’institution alertait enfin sur le risque que la volatilité des crypto-monnaies pourrait faire peser sur le Salvador. Cette volatilité est particulièrement palpable en ce moment. Les banques centrales de différents pays, notamment la FED aux États-Unis, s’apprêtent à augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. Cette bascule va favoriser l’épargne, au détriment de l’investissement, puisqu’il deviendra plus onéreux d’emprunter de l’argent. Dans ce contexte, les investisseurs ont tendance à se rabattre sur des paris peu risqués. Conséquence ? Les cours de nombreuses crypto-monnaies ont dégringolé depuis début janvier. Le bitcoin notamment était tombé à 29 653 € le 24 janvier. C’est moitié moins que ce qu’il valait mi-novembre.
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