Cela peut sembler être une goutte d’eau à l’échelle du nombre d’utilisateurs de Facebook, mais ce n’est pas si anodin. Pour la première fois en 18 ans, le réseau social a perdu des utilisatrices et utilisateurs actifs quotidiens. Dans le rapport des résultats trimestriels de Meta au Q4 2021 (le nouveau nom du groupe Facebook), on lit que le nombre est passé de 1,930 milliard (au Q3) à 1,929 milliard, ce qui représente une perte d’un million d’utilisateurs.
Cette perte se situe, selon la multinationale, au niveau des utilisateurs américains (USA et Canada) et les zones hors-Europe et Asie.
Si l’on dézoome un peu sur l’année en cours, on peut dire qu’il s’agit plus d’une rude stagnation que d’une monumentale chute. Cependant, à l’échelle d’un réseau social qui s’est bâti sur une croissance constante en deux décennie, l’indicateur a beaucoup de sens. Par exemple, entre le 2e trimestre et le 3e trimestre 2021, Facebook gagnait encore 22 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. Le trimestre précédent, c’était 30 millions. Mise dans ce contexte, la perte d’un million d’internautes est plus importante que ce qu’il n’y parait.
Facebook est-il un réseau de boomers ?
Facebook peut bien sûr vanter d’autres chiffres, comme le chiffre d’affaires par utilisateurs, qui est en constante augmentation, même sur le dernier trimestre, et à travers toutes les zones géographiques — bien qu’inférieur aux données anticipées.
Mais tout de même, la déconvenue interroge.
Cela fait quasiment 10 ans que Facebook a admis avoir un problème avec les jeunes internautes, qu’il a du mal à séduire et fidéliser. Ceux-ci se tournent, certes, vers Instagram (qui appartient à Meta), mais aussi vers des plateformes encore plus jeunes comme Snapchat ou TikTok. Le signal qu’envoie le réseau social n’est pas bon : il montre que malgré une population mondiale grandissante, Facebook semble effleurer pour la première fois une sorte de plafond. Les indicateurs boursiers ont illustré cette perte de confiance : Meta a perdu 20 % en après-bourse à Wall Street après les annonces des résultats.
D’ailleurs, au cours de la longue session de questions-réponses de Meta, le président Mark Zuckerberg a mentionné à plusieurs reprises Instagram comme le compétiteur de TikTok (à travers les vidéos Reels), mais plus rarement à propos de Facebook.
Qui ira dans le Métaverse ?
Aussi, nul n’ignore le grand projet de Mark Zuckerberg, patron de Meta, de créer un immense Métaverse, une sorte de lieu de vie alternatif 100 % virtuel dans lequel les internautes échangeront à travers des avatars en 3D.
Meta prévoit d’embaucher 10 000 personnes en 5 ans pour créer non seulement l’interface, mais améliorer aussi le hardware des produits qui permettront de s’y connecter (aujourd’hui, la réalité virtuelle est malgré tout encore très peu aboutie). Or, ces investissements gigantesques ont un sens uniquement s’il y aura, in fine, des utilisateurs et utilisatrices dans le Métaverse. La question peut alors se poser : Meta a-t-il les moyens de rendre son grand projet attractif (alors que celui-ci, au passage, ne veut encore rien dire), et de l’imposer aux internautes, alors qu’il a déjà du mal à gagner de nouveaux utilisateurs sur Facebook ?
Pour que le Métaverse fonctionne, Meta a besoin que les gens croient que le Métaverse fonctionne. Comme beaucoup d’autres projets tech de grande ampleur, la confiance est un donnée-clé, qui pourrait faire facilement basculer une idée ambitieuse dans les oubliettes.
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