Vous pensiez ne pas manquer de fermeté pour obliger vos enfants à se déconnecter le soir ? Petits joueurs. Une récente enquête de l’Agence nationale des fréquences montre qu’un père de famille a fait preuve d’une radicalité étonnante.

Il y a les parents qui demandent à leurs enfants d’éteindre leur smartphone avant d’aller se coucher. Il y a les pères et mères qui confisquent carrément le téléphone avant d’envoyer leur progéniture au lit. Et puis il y a les cas de figure atypiques, parfois extrêmes, mais heureusement rares, comme celui que vient de relater l’Agence nationale des fréquences le 8 février 2022.

Au détour d’un tweet publié le 10 février, l’agence a raconté une étonnante péripétie qui se déroulait dans la commune de Messanges, dans Les Landes. Dans cette bourgade de moins d’un millier d’habitants, un drôle de mal sévissait : toutes les nuits, les fréquences de téléphonie mobile étaient perturbées, généralement entre minuit et trois heures du matin.

Education gone wrong

Vous voyez sans doute déjà l’issue de cette histoire : il s’avère qu’un père de famille avait décidé d’y aller franchement pour obliger ses petits à se déconnecter. Pour cela, l’intéressé avait acquis un brouilleur d’ondes multi-bandes. Sauf qu’il n’avait sans doute pas prévu qu’il allait aussi perturber les fréquences pour le reste de la commune, qui n’avait rien demandé.

C’est un opérateur de téléphonie mobile, à force de constater ce drôle de manège nocturne, qui a fini par alerter l’Agence nationale des fréquences, laquelle a dépêché des agents sur place pour enquêter. Il faut dire que le brouilleur ratissait large. Toutes les fréquences étaient affectées par l’appareil : les communications téléphoniques, mais aussi le Wi-Fi.

La régularité étonnante du brouillage, chaque nuit sur les mêmes plages horaires, avait au départ troublé l’opérateur comme l’ANFR. Qu’est-ce qui pourrait causer un tel phénomène ? Le résultat de l’enquête, qui s’est poursuivie le lendemain au petit matin lorsqu’il a été possible de prendre contact avec le particulier, a permis de donner une explication pour le moins insolite.

Un support pour antennes relais. // Source : Coyotechnical, Pixabay
Un support pour antennes relais. // Source : Coyotechnical, Pixabay

« Le brouilleur avait été installé par le père de famille pour interdire à ses ados d’accéder à Internet avec leur smartphone au lieu de s’endormir ! Ses enfants étaient en effet devenus accros aux réseaux sociaux et autres applications, en particulier depuis le confinement imposé en raison de l’épidémie de Covid-19 », est-il expliqué.

On ne peut pas dire que cette politique faisait dans la dentelle : déconnecter toutes les nuits un village pour contraindre ses petits à faire une pause le soir avec Internet est aussi excessif qu’un parent qui ferait disjoncter tout un quartier, pour éteindre le PC de son adolescent qui passe trop de temps sur un jeu vidéo. Il y a un manque évident de proportionnalité.

L’histoire, improbable, risque toutefois de connaître un épilogue moins plaisant pour le parent. La possession d’un brouilleur en France par un particulier est interdite. S’il lui a déjà fallu régler 450 euros de frais d’intervention au profit de l’ANFR, tout un volet pénal qui risque de s’ouvrir, avec à la clé le risque d’une peine de prison (6 mois) et d’une amende (30 000 euros d’amende).

C’est ce que dispose l’article L39-1 du Code des postes et des communications électroniques. Il s’agit évidemment des plafonds et rien ne dit que c’est la peine que subira effectivement le parent un peu trop zélé. Si l’affaire judiciaire va à son terme, peut-être celle-ci se terminera avec une simple saisie du matériel litigieux — qui a été remis — une convocation et un rappel à la loi.

Source : Numerama

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