Face à la Russie, l’Ukraine fait feu de tout bois pour tenir dans la guerre. Y compris en appelant à la générosité internationale pour financer son armée. On l’a vu dès le premier jour du conflit, avec le compte officiel du pays sur Twitter qui invitait la population — et plus particulièrement la diaspora ukrainienne — à donner de l’argent.
Mais depuis ce week-end, cette politique a pris encore plus d’ampleur avec la décision du gouvernement ukrainien d’accepter les dons en crypto-monnaie. C’est ce qu’a notamment écrit Mykhailo Fedorov, le vice-premier ministre et ministre de la Transformation numérique, le 26 février 2022, juste deux jours après le début de l’offensive.
L’Ukraine a besoin de Bitcoin, d’Ether et de Tether
Sont actuellement acceptées les devises suivantes : Bitcoin, Ether et Tether (la particularité de cette dernière monnaie est qu’il s’agit d’un stablecoin, c’est-à-dire que sa valeur est indexée à celle d’une monnaie ayant cours légal, en l’occurrence le dollar américain). Mykhailo Fedorov a également fourni les adresses qu’il faut utiliser pour faire un virement.
Mykhailo Fedorov s’est montré très audible ces derniers temps, compte tenu de la situation. L’intéressé apparait décidé à faire de la tech et du numérique un levier de pression contre la Russie (on l’a ainsi vu demander à Apple de stopper son business dans le pays) et comme un moyen de résister (il a demandé à Elon Musk d’activer Starlink en Ukraine, qui a accepté).
Outre l’initiative du vice-ministre, l’appel aux dons en crypto a aussi été relayé par le compte officiel de l’Ukraine sur Twitter. L’appel, de toute évidence, a été entendu : selon Grégory Raymond, journaliste spécialisé dans les crypto-monnaies, Kiev a reçu l’équivalent de 10 millions de dollars de devises électroniques en l’espace de 24 heures, selon un tweet le 27 février.
Évidemment, le cours du Bitcoin et de l’Ethereum est très fluctuant, surtout face aux évènements de l’actualité. Ainsi, une baisse significative avait été enregistrée quand les premières bombes sont tombées en Ukraine. Depuis, le cours s’est redressé. Une même trajectoire a été observée avec l’Ethereum, ainsi que le tether, qui a suivi les aléas du dollar américain.
L’annonce du vice-ministre et du compte de l’Ukraine sur Twitter avait d’abord été accueillie avec une certaine méfiance, Vitalik Buterin, le cofondateur d’Ethereum, se demandant s’il n’y avait pas anguille sous roche. Il s’est depuis ravisé : « J’ai obtenu des confirmations de quelques sources que c’est légitime. Je supprime mon avertissement pour le moment. »
« J’ai confirmé directement avec l’ambassadeur ukrainien Olexander Scherba
que les adresses sont correctes et sous le contrôle du gouvernement ukrainien. Donnez ! !! Défendre les sociétés libres et ouvertes est peut-être la meilleure chose que nous puissions faire avec nos BTC et ETH », indiquait au cours du week-end du 26 et 27 février le diplomate Tomicah Tillemann.
Ces décisions arrivent dans un contexte particulier. Outre la situation de guerre sur le territoire ukrainien, il faut observer que quelques jours auparavant, le 18 février, les parlementaires ukrainiens ont fait voter une loi légalisant le bitcoin et toutes les autres crypto-monnaies. Compte tenu de l’évolution rapide des évènements dans les jours qui ont suivi, le pays a eu le nez creux.
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