ProtonMail fait savoir que son service restera aussi longtemps que possible opérationnel en Russie, mais aussi en Ukraine et en Biélorussie. Le webmail ne veut pas affecter la population, qui est victime de la guerre. La même règle s’applique à ProtonVPN.

C’est un message qui détonne presque à l’heure où la tech occidentale prend ses distances avec la Russie. Alors que les messages de sociétés européennes et américaines se succèdent depuis des jours pour annoncer la suspension de leurs activités, y compris dans des secteurs critiques comme l’interconnexion réseau, ProtonMail fait entendre une autre musique.

« De nombreuses entreprises ont annoncé qu’elles ne serviraient plus les clients russes. Cependant, la mission de Proton est de défendre la liberté en ligne partout dans le monde. Nous restons donc déterminés à garantir la libre circulation de l’information en Russie aussi longtemps que possible », écrit la société basée en Suisse dans un message publié le 8 mars.

ProtonMail est un service en ligne concurrent de Gmail. Il s’agit d’un service de messagerie classique, à ceci près que son atout réside dans le chiffrement de bout en bout par défaut pour sécuriser l’échange de mails (notamment entre adresses ProtonMail). Le webmail se veut aussi le plus protecteur de la vie privée, tout en respectant les exigences de la loi.

Un départ plus néfaste qu’utile

Un départ de Russie n’aurait pas grand sens pour ProtonMail, au regard des activités qu’il opère : ce pourrait même être contreproductif, dans la mesure où il fait encore partie des canaux permettant d’échanger avec des internautes russes au moment où l’accès aux médias occidentaux et aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter) est de plus en plus entravé.

L’impact n’aurait pas la même magnitude que les actions prises par certains grands groupes, comme Visa, Mastercard, Coca-Cola, Apple, McDonald’s ou bien le luxe français. Ces mesures affectent directement le niveau de vie et le quotidien des Russes, ce qui peut accentuer la pression sur le Kremlin, qui ne tient pas à voir une grogne sociale sur les bras.

ProtonMail restera opérationnel en Russie, du moins tant que Moscou n’édictera pas une règle imposant aux fournisseurs d’accès à Internet locaux de bloquer l’accès au webmail. Ce scénario ne semble pas aujourd’hui sur la table, mais la guerre entre la Russie et l’Ukraine, tout comme les représailles occidentales, rendent toute projection incertaine.

Source : Nino Barbey pour Numerama
ProtonMail est l’équivalent de Gmail, mais avec le chiffrement de bout en bout en plus. // Source : Nino Barbey pour Numerama

Depuis le début du conflit, ProtonMail a cherché à prendre plusieurs initiatives utiles pour sa clientèle affectée dans le conflit, aussi bien en Russie qu’en Ukraine et en Biélorussie. Après un témoignage de solidarité dès le 25 février, la société a promis de reverser à des fins humanitaires 10 % de ses revenus engrangés au cours des deux premières semaines du conflit.

Par ailleurs, des dispositions ont été prises pour offrir un mois d’abonnement pour celles et ceux ne pouvant pas payer leur prochaine facturation à cause de la guerre, y compris en Russie et en Biélorussie : « Nous savons que beaucoup d’entre vous utilisent Proton pour éviter la censure et la surveillance et nous sommes là pour vous soutenir également pendant cette période difficile. »

Ces actions ont aussi été étendues au service de réseau virtuel privé de ProtonMail, qui s’appelle très justement ProtonVPN et qui est open source. « Nos fonctionnalités anti-censure peuvent aider à maintenir la libre circulation de l’information, une arme importante dans la lutte pour la liberté et la démocratie », a fait savoir la firme, qui y voit là un outil utile, notamment pour les journalistes.

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