Depuis l’explosion du cours du bitcoin en 2020 et l’arrivée des NFT sur la blockchain de l’Ethereum, il ne se passe pas une semaine sans qu’on parle des crypto-monnaies. Le secteur a pris une importance capitale ces dernières années, aidé par des investissements de plusieurs milliards de dollars. Mais les crypto-monnaies ne sont pas les seules devises dont le développement fascine.
Que ce soit le e-yuan chinois, le projet de rouble numérique de la Russie, ou encore l’euro numérique, les projets de devises dématérialisées ont le vent en poupe : plus de 80 projets de monnaie numériques sont en développement. Souvent confondues avec les crypto-monnaies, les monnaies numériques, aussi appelées MNBC (monnaies numériques de banque centrale) sont très différentes des projets décentralisés comme le bitcoin ou l’Ethereum — bien qu’elles partagent également quelques caractéristiques.
Avant de continuer, il est important de bien définir les crypto-monnaies et les MNBC.
Que sont les crypto-monnaies ?
Les crypto-monnaies sont adossées à des blockchains, des sortes de journaux géants pouvant être utilisés pour inscrire de manière perpétuelle et inviolable des informations, des fichiers (comme les NFT), ou encore pour confirmer des transactions entre deux personnes. Toutes ces informations sont contenues dans des blocs, qui sont, au fur et à mesure, rajoutés à la chaîne préexistante. Pour être sûr que le nouveau bloc comporte les bonnes informations, et pour assurer son inviolabilité, il va falloir que des mineurs valident ce bloc avant qu’il ne soit rajouté à la chaîne.
Cette opération de validation peut se passer de plusieurs façons, en faisant appel par exemple à la méthode de la proof of work, ou à celle de la proof of stake. Dans tous les cas, cette étape demande beaucoup d’investissement, que ce soit en termes d’énergie, d’équipement, ou d’argent. C’est pour récompenser les validateurs de leur travail que les crypto-monnaies ont été inventées : à chaque bloc validé, un mineur reçoit une certaine somme : pour le bitcoin, par exemple, chaque nouveau bloc rapporte 6,25 bitcoins.
Les crypto-monnaies sont donc issues de systèmes décentralisés (à l’exception notable des stablecoins). Par définition, elles ne sont donc pas émises par un organisme central et se comportent de manière complètement autonome.
Que sont les monnaies numériques de banque centrale ?
Les monnaies numériques sont totalement différentes des crypto-monnaies : elles sont, comme leur nom l’indique, émises par des banques centrales, comme les pièces ou les billets auxquels nous sommes habitués. Les MNBC sont l’équivalent de ces billets ou pièces de monnaie, mais qui existent de façon numérique.
Il ne s’agit cependant pas de paiements par carte bleue. Les transactions faites par carte passent par des réseaux intermédiaires : les banques, ou encore les systèmes de paiement comme Visa ou MasterCard. Les paiements par MNBC passent ainsi directement par la banque centrale plutôt que par les banques commerciales.
Bien que le système des MNBD ait été en partie inspiré par les crypto-monnaies, les devises numériques ne sont donc pas basées sur une blockchain, ni décentalisées. Chaque projet comporte bien évidemment ses propres particularités, ce qui fait qu’aucun n’est à 100% similaire à d’autres.
Les monnaies numériques en sont encore, dans leur grande majorité, au stade de projets, plus ou moins avancés. Pour l’instant, il n’y a qu’en Chine où la MNBC locale a été déployée. Et le e-yuan n’est pas encore disponible à grande échelle, mais que dans certaines zones de tests.
Pour ce qui est de l’euro numérique, la Banque centrale européenne a annoncé en 14 juillet 2021 le lancement d’une « expérimentation concernant le recours à l’euro uniquement sur des supports numériques », et qui serait déployé à partir de 2024. Pour tous les autres projets, il n’y a pas encore de date d’adoption précise fixée.
Comment est-ce qu’on les utilise ?
L’utilisation des crypto-monnaies passe obligatoirement par un crypto wallet, soit un porte-monnaie numérique. C’est par ce wallet que les transactions se passeront, que ce soit pour acheter des devises sur des sites d’échanges spécialisés comme Binance ou Coinbase, ou pour toutes les autres opérations.
Pour l’instant, rares sont encore les plateformes qui acceptent directement les paiements en bitcoin ou en Ethereum, qui restent encore majoritairement des instruments spéculatifs plus que des moyens de paiement. Mais il existe aussi de plus en plus d’exemples d’entreprises acceptant les paiements en crypto-monnaies, comme Tesla. Et certaines plateformes de vente de NFT n’acceptent les paiements qu’en crypto-devises.
Pour ce qui est des paiements en MNBC, les utilisateurs ne remarqueraient pas la différence avec les transactions par carte bleue ou avec les apps de paiement classiques qui existent déjà. Ils devraient seulement utiliser une app dédiée développée exprès par la MNBC. La monnaie numérique n’ayant pas besoin de passer par des intermédiaires bancaires, cela permettrait aux paiements d’être traités immédiatement, et n’engendrerait pas de frais supplémentaires.
Les étapes seraient exactement les mêmes que lors d’un paiement en espèce, sans intermédiaire bancaire entre l’acheteur et le vendeur. Autre avantage : les MNBC auraient cours légal, ce qui est également le cas pour les billets, et ce qui veut dire que les vendeurs et commerçants sont obligés d’accepter les paiements dans cette forme. Ce n’est par exemple pas le cas des cartes de paiement — ce qui fait qu’elles peuvent être refusées dans certains établissements, ou restreintes à un certain montant.
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