La relation qu’entretient le Peer-to-Peer avec les founisseurs d’accès à Internet est des plus ambigues. D’un côté les FAI vendent et donc réalisent leur chiffre d’affaire avec l’essence même du P2P, la bande passante, et de l’autre ils perdent énormément d’argent par les surcoûts de consommation engendrés. PeerCache, une solution inventée par Kazaa, pourrait apporter un élément perturbateur supplémentaire en faisant entrer les majors dans ce numéro d’équilibristes…

Dans une longue et passionnante interview de Niklas Zennstrom, le créateur de Kazaa explique que le P2P sera bientôt selon lui le mode de diffusion légal le plus utilisé sur Internet. Il pense que d’ici cinq ans, l’industrie du divertissement aura cessé de se battre inutilement contre cette technologie, et l’aura mise à son profit comme elle l’a fait avec les cassettes vidéo. Les magnétoscopes faisaient en effet très peur à Hollywood lorsqu’ils sont sortis puisqu’ils permettaient d’enregistrer les films à la télévision ou de faire des copies illégales, mais la cassette vidéo est devenue aujourd’hui la première source de revenues de l’industrie du cinéma avant même les entrées en salle.

Mais l’architecture actuelle du P2P et des infrastructures réseau engendre un trafic conséquent qu’il faut réussir à diminuer. C’est ici qu’intervient PeerCache, une technologie développée par Joltid, la société de Zennstrom qui dirige FastTrack, dont le but est de permettre aux fournisseurs d’accès de mettre en cache sur leurs serveurs les fichiers les plus demandés par les utilisateurs sur Kazaa. Etant donné que Kazaa représente une part extrêmement importante de la charge réseau subie par les founisseurs d’accès, ceux-ci se sont vite montrés très intéressés par PeerCache et les premiers tests sont actuellement effectués en Europe.


Niklas Zennstrom. Un air de famille révélateur ?
(N.Z refusant d’être vu, un doute existe sur la réalité de cette photo)

PeerCache serait-il illégal ?

Mais ça n’est bien sûr pas du goût de tout le monde et avant tout de l’IFPI (la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique), qui considère que « employer le mot ‘caching’ ne signifie pas que le service (PeerCache, nldr) est automatiquement exempt de toute responsabilité face au droit d’auteur« . La fédération s’accorde le temps d’étudier la question avant de décider si elle déposera une plainte contre les fournisseurs d’accès qui utilisent ce procédé.

Or il n’est pas simple de déclarer une telle technologie illégale sur le simple fait qu’elle met en cache des fichiers ensuite librement accessibles par les utilisateurs. Le but recherché par les fournisseurs n’est pas de permettre à leurs abonnés de télécharger plus vite des œuvres piratés, mais simplement d’économiser de l’argent en minimisant les charges sur le réseau et en évitant des communications internationales qui coûtent bien plus cher aux prestataires. Ensuite la nature illégale même du caching n’est pas évidente puisque tout le contenu est mis en cache, qu’il soit ou non protégé par le droit d’auteur, et même si un filtrage était techniquement possible, il n’empêcherait de toute façon personne de télécharger le fichier qu’il souhaite.

Il y a donc peu de chances que les fournisseurs d’accès soient attaqués par l’industrie du divertissement, mais souhaitons que la prédiction de Zennstrom se révèle exacte. Il est temps que les majors comprennent qu’il est de leur intérêt de se servir du P2P, et non de l’affronter sans relâche…

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