« Pas en juin, mais certainement dans les mois qui suivent ». Ces quelques mots, issus d’un tweet de Tim Beiko, l’un des principaux développeurs de l’Ethereum, ont attiré l’attention de nombreux fans de crypto. Et pour cause : ils parlent de The Merge, une des étapes les plus importantes que la blockchain doit passer — et la date de l’évènement vient d’être repoussée.
Si cette mise à jour de l’Ethereum est en retard, Tim Beiko le garantit : « il n’y a pas encore de date précise, mais il s’agit du dernier chapitre de la PoW (proof of work, ou preuve de travail, ndlr) sur l’Ethereum. »
Cela fait des années que les développeurs de l’Ethereum en parlent : « The Merge », ou La Fusion en français, est prévue pour 2022. Ce qu’on appelle The Merge désigne le passage d’un système dit de « proof of work », ou preuve de travail, à un protocole de « proof of stake », ou preuve d’enjeu. Ce changement est une bascule attendue depuis des années par la communauté crypto, et est d’une importance capitale pour le futur de l’Ethereum.
Mais son arrivée demande beaucoup de travail et encore plus de réseaux de contrôle (des maillages de nodes, qui permettent de vérifier chaque transaction inscrite dans les blocs) afin de s’assurer que tout se passe bien. Et, comme Tim Beiko, l’a annoncé, la Fusion doit être décalée de quelques mois, et arriver au plus tôt cet automne.
The Merge est un moment très important pour l’Ethereum
Si The Merge est aussi important, c’est parce que le passage de la proof of work à la proof of stake va redéfinir le futur de l’Ethereum.
Le système utilisé actuellement par la blockchain pour miner, c’est-à-dire créer de nouveaux blocs et créer des unités d’ether, sa crypto-monnaie, est celui de la proof of work. Un écosystème utilisant la preuve de travail demande aux ordinateurs de répondre à des équations extrêmement difficiles afin d’ajouter un nouveau bloc à la chaîne : c’est ce travail qui permet d’assurer l’inviolabilité de la chaîne. Aujourd’hui, il s’agit du protocole le plus utilisé par les blockchains, dont celle du bitcoin.
Mais la proof of work est de plus en plus critiquée pour son coût environnemental. Les équations sont devenues tellement complexes qu’elles demandent le travail d’énormes parcs informatiques pour qu’elles puissent être résolues. Il faut déployer une puissance de calcul très importante et, par conséquent, la consommation énergétique s’avère très élevée pour faire tourner le tout.
La proof of stake est un autre protocole qui permet de valider les blocs, mais à la différence de la proof of work, il ne demande pas autant de consommation électrique. Avec la preuve d’enjeu, les mineurs doivent mettre en jeu une partie de leur possession en crypto-monnaies afin d’avoir le droit de miner un nouveau bloc, ce qui élimine le besoin de mobiliser d’immenses parcs informatiques.
Il existe d’ores et déjà des blockchains se reposant sur la proof of stake, notamment celle de Cardano. Mais l’Ethereum a été créé à la base pour fonctionner avec de la proof of work. The Merge est donc un énorme projet de transition vers la proof of stake : il faut déménager un réseau extrêmement développé, sans en altérer le contenu, sans créer de problème de sécurité, et sans empêcher son fonctionnement.
L’Ethereum retarde l’arrivée du passage à la proof of stake
C’est parce que les enjeux sont élevés que le tweet de Tim Beiko a attiré beaucoup d’attention, et le développeur a dû publier des explications le lendemain, le 13 avril 2022, dans un nouveau tweet. Pour l’instant, et malgré le retard de quelques mois, il n’y a pas d’inquiétude à avoir : les tests se déroulent bien. « Depuis ce mois-ci, toutes les équipes sont en cours de préparation pour The Merge, et les réseaux ont été testés de nombreuses fois », précise Tim Beiko dans sa publication.
C’est l’une de ces procédures de test, un shadow fork, qui a révélé certains problèmes avec la mise en place de The Merge chez des réseaux clients. Les équipes de développeurs Ethereum s’occupent maintenant des réparations et essayent des solutions. « Une fois que ces problèmes chez les réseaux clients seront résolus », continue Tim Beiko, les développeurs d’Ethereum pourront communiquer une date plus précise pour The Merge.
La date exacte de l’opération restera cependant difficile à définir précisément. « Contrairement aux précédentes mises à jour, La Fusion ne se déroulera pas à partir d’un bloc précis, mais elle sera déclenchée par une augmentation de la difficulté des calculs. Étant donné que ce genre d’opération est plus difficile à estimer, le délai entre le moment où The Merge est annoncé et le moment où la fusion aura vraiment lieu pourrait être plus court que pour les mises à jour précédentes ».
C’est normal que The Merge prenne du retard
À part l’estimation de Tim Beiko, il n’y a donc pas encore de calendrier précis pour The Merge, et il n’y en aura certainement jamais. De nombreux tests vont continuer d’être tenus, et ils pourraient, à nouveau, décaler l’arrivée de la proof of stake.
Mais ces retards ne sont pas forcément de mauvais signes : le passage d’un système à l’autre est une opération extrêmement complexe, qui nécessite le travail d’une grosse équipe, et des vérifications très poussées. Le moindre problème lors de La Fusion pourrait fragiliser l’ensemble de l’écosystème, et il est donc primordial de s’assurer de la viabilité de l’opération.
En attendant, bien que le passage à la proof of stake tarde à se produire, il n’est pas forcément avantageux d’acheter des ordinateurs et du matériel de minage. Interrogé sur Twitter par un internaute inquiet du délai, Tim Beiko a répondu qu’il « déconseillait fortement » d’investir dans les équipements à ce point du projet. Un signe que malgré les retards, le projet devrait bientôt toucher à sa fin.
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