C’est officiel, Twitter accepte la proposition d’Elon Musk. Le patron de Tesla et de SpaceX va racheter l’intégralité des actions Twitter en circulation à 54,20 dollars pièce, ce qui correspond à la proposition initiale du milliardaire.

Moins d’un mois après s’être lancé dans l’opération « mettre la main sur Twitter », Elon Musk, le patron de Tesla et de SpaceX (et accessoirement l’homme le plus riche de la planète), réussit son pari. Dans un communiqué paru le 25 avril, Twitter annonce accepter l’offre que lui a fait le milliardaire le 14 avril. Elon Musk, actuel propriétaire de 9,2 % des actions Twitter, va acquérir les 90,8 % restants, au tarif de 54,20 dollars l’action. Le montant total du deal est estimé à 43 milliards de dollars, même si Elon Musk dit en avoir sécurisé 46,5 milliards (43 milliards de dollars représentent environ 40 milliards d’euros)

À Wall Street, l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter est plutôt bien accueilli. L’action a pris 5,46% entre 9h30 et 14h41, avant d’être suspendue le temps de l’annonce. L’augmentation a continué à la réouverture vers 15h10, jusqu’à +5,65% à la fermeture.

Elon Musk et Twitter : l’incroyable feuilleton

Ce qu’il vient de se passer avec Twitter est historique. Dans l’histoire du web, jamais une entreprise aussi grande n’avait été rachetée aussi rapidement, encore moins de manière si publique (Elon Musk a communiqué sur toutes ses attaques). Encore plus inédit, ce n’est pas Tesla ou SpaceX qui rachète Twitter, mais Elon Musk lui-même. Un tel mouvement pose de très nombreuses questions, mais nous aurons l’occasion d’y revenir.

Le plus impressionnant réside dans la chronologie de cette épopée. Musk partait d’extrêmement loin. Il a d’abord tenté un coup de poker, puis énervé le conseil d’administration de Twitter qui a actionné des mesures pour bloquer tout rachat hostile, avant de finalement accepter sa proposition. Entre la première fois où l’on a parlé de l’intérêt de Musk pour Twitter et le rachat, il n’y a eu que 21 jours. Les négociations, elles, ont probablement duré moins de 48 heures. Voici tous les articles écrits par Numerama sur le sujet :

Le tweet prémonitoire d'Elon Musk, publié le 7 avril. // Source : Twitter / Elon Musk
Le tweet prémonitoire d’Elon Musk, publié le 7 avril. // Source : Twitter / Elon Musk

Il y a encore quelques jours, l’hypothèse « Elon Musk propriétaire de Twitter » semblait difficile à imaginer. Si Numerama a toujours considéré cette acquisition possible, nous n’imaginions pas une seconde Twitter ne pas refuser la première offre du milliardaire. En sécurisant 46,5 milliards de dollars et en le déclarant publiquement aux autorités financières, Elon Musk a sans doute fait basculer l’affaire. Twitter n’avait pas confiance, il a finalement compris que le milliardaire serait très difficile à arrêter. Son offre était trop belle pour être déclinée et Twitter ne pouvait pas se permettre de rentrer dans un bras de fer (Elon Musk aurait pu l’accuser de refuser une offre trop bonne pour ses actionnaires alors que le conseil d’administration a l’obligation légale de choisir ce qui lui profite le plus, et causer du tort à l’entreprise).

La première déclaration d’Elon Musk

Dans le communiqué envoyé par Twitter, Elon Musk rappelle que son rachat est une question de liberté d’expression : « La liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’humanité ».

« Je veux également rendre Twitter meilleur en améliorant le produit avec de nouvelles fonctionnalités, en rendant les algorithmes open source pour augmenter la confiance, en vainquant les robots spammeurs et en authentifiant tous les humains. Twitter a un potentiel énorme. Je suis impatient de travailler avec l’entreprise et la communauté des utilisateurs pour le débloquer. »

Un futur très mystérieux

Maintenant que Twitter a accepté l’offre d’Elon Musk, que va-t-il se passer ? Tout d’abord, Elon Musk ne prendra pas le contrôle du réseau social de manière immédiate, même s’il va probablement être intégré aux discussions importantes. Retirer Twitter de Wall Street (la bourse américaine) va prendre du temps, d’autant plus qu’Elon Musk va devoir concilier avec les gros actionnaires qui souhaitent détenir une part de son Twitter privé. On peut aussi se demander ce qu’il adviendra de Parag Agrawal (le CEO) et des autres dirigeants de Twitter, qui pourraient prendre la porte sous la direction Musk. D’ailleurs, Elon Musk a-t-il le temps d’être le CEO de Twitter ou placera-t-il un de ses bras droits ?

Dans son communiqué, Twitter dit que le deal devrait être finalisé d’ici la fin de l’année 2022. Rappelons aussi que ce deal peut ne pas aboutir. Si les autorités internationales risquent d’avoir du mal à le faire tomber (difficile d’accuser un homme seul de monopole), Twitter et Elon Musk pourraient être freinés et contraints à renoncer à leur alliance. C’est surtout économiquement que tout va se jouer, mais le plus dur restait de convaincre Twitter.

Elon Musk lors d'une conférence Tesla au Texas. // Source : Capture d'écran YouTube
Elon Musk lors d’une conférence Tesla au Texas. // Source : Capture d’écran YouTube

Enfin, quittons le domaine financier pour nous poser une autre question : est-il souhaitable de voir un homme comme Elon Musk, peu connu pour sa nuance, diriger un réseau social d’opinion ? Défenseur de la liberté d’expression absolue, Elon Musk n’est pas un amoureux de la modération, qui est pourtant déjà un point faible du réseau social. Twitter va-t-il devenir une zone de guerre infréquentable ? Va-t-on voir revenir des « indésirables », comme Donald Trump ? Arrivera-t-il à proposer la même chose aux États-Unis et ailleurs, malgré des lois très différentes sur la liberté d’expression ?

Les annonces des prochaines semaines devraient nous aider à y voir plus clair. Une seule chose est sûre : Twitter n’est pas qu’un investissement pour Elon Musk. Il compte changer des choses, pour le meilleur et pour le pire.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.