"Vous vous souvenez des acclamations qui il y eut dans la salle de cinéma quand Luke Skywalker a détruit l'Etoile Noire à la fin de Star Wars ? Et si vous aviez manqué ça parce que le film avait été coupé ?". Avec ce genre de discours très simples, la MPAA vient d'ouvrir un nouveau site Internet dont le but est double : faire culpabiliser les pirates, et leur faire peur.

RespectCopyrights.org est un joli site haut en couleurs mais le discours est lui plus corrosif. Ainsi peut-on y lire par exemple que "La nature des sites de partages de fichiers Peer-to-Peer comme eDonkey, Gnutella, KaZaA, etc., ouvre votre ordinateur à des virus et vers destructeurs et des pop-ups énervants" (on pardonnera la confusion entre site Internet et réseau P2P, sans doute volontaire pour s'adapter au grand public).

Le discours est suivi d'une liste des virus les plus communément répandus sur ces réseaux : Apher, Benjamin, Backdoor, Duload, Fizzer, Hantner, Klez, Neuer, Nimda, Livra et Magic Eightball. Autant de noms étranges à faire trembler la ménagère de moins de cinquante ans…

Bien sûr, à côté des aspects juridiques du piratage, la question de la sécurité est également abordée sous l'angle des données personnelles : "Les utilisateurs de (ces) réseaux ont une porte ouverte vers votre disque dur pendant que vous êtes en ligne, voyant de ce fait vos informations privées, personnelles, telles que vos relevés bancaires, votre numéro de sécurité sociale, etc.". Précisons toutefois que seuls les utilisateurs qui partagent ces informations sont victimes de ces abus, mais là le Peer-to-Peer ne pourra jamais lutter contre la simple bêtise humaine…

Un fond de vérité

Toutefois quelques arguments sont bons à entendre pour ceux qui les oublieraient. Ainsi la MPAA (Motion Picture Association of America, le pendant cinématographique de la RIAA) rappelle qu'avec un film enregistré au caméscope dans une salle de cinéma, le son n'est pas bon, l'image n'est pas nette, et parfois certaines scènes sont même manquantes.

Là où l'argument prête davantage à sourire, c'est quand la MPAA prétend que ces enregistrements nuisent à la créativité parce qu'ils ne pourront plus financer le tournage des blockbusters comme Titanic, Spiderman ou Jurassic Park. Dans la logique économico-culturelle actuelle, les blockbusters servent justement de vaches à lait pour financer les plus petites productions qui elles, sont les premières touchées par le piratage. De plus les films à gros budget sont ceux qui par leurs effets visuels et sonores méritent le plus, qualitativement parlant, d'être vus en salle obscure. Les pirates le savent et ces films sont donc certainement les moins touchés par les "screeners" réalisés par des amateurs.

Le danger du piratage des films pèse certainement beaucoup moins sur les grosses productions que sur les petits tournages qui ne bénéficient pas d'une couverture médiatique suffisante pour que même les pirates s'y intéressent…

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