Il y a encore quelques jours, la collection de NFT Azuki était l’une des plus chères et des recherchées du marché. Le 3 mai 2022, le prix plancher des NFT était à plus de 88 000 dollars, selon les données du site spécialisé NFT Floor Price. Mais en ce 11 mai 2022, à peine une semaine plus tard, ce prix a chuté à 21 376 dollars, une baisse de 75 % de sa valeur.
C’est une nouvelle qui chamboule tout l’écosystème NFT. La baisse de prix des Azuki est due en partie aux problèmes que connait actuellement le bitcoin. Mais elle est surtout accentuée par le fait que Zagabond, le fondateur du projet, est accusé d’avoir arnaqué les utilisateurs de ces 3 précédents projets de NFT.
Les NFT, pour non fungible tokens (ou jetons non échangeables en français) se servent de la technologie de la blockchain pour y inscrire des informations. Ils agissent en quelque sorte comme des certificats d’authenticité, ce qui a permis aux artistes de créer un marché de l’art virtuel, qui bat des records et qui attire énormément de collecteurs et de capitaux. Mais les NFT ne sont pas sans risques : entre des prix très volatils, et diverses controverses à propos des droits d’auteurs et de leur consommation énergétique, les jetons sont aussi souvent utilisés par des escrocs pour monter des arnaques.
Des arnaques cryptos ?
C’est avec un post de blog humblement intitulé « le voyage d’un bâtisseur » que les ennuis d’Azuki ont commencé. Zagabond, l’auteur de la publication et le fondateur de la collection Azuki, y explique que cette collection n’est pas son premier essai dans le monde des NFT. Il écrit notamment que ces trois projets de NFT précédents, CryptoPhunks, CryptoZunks, et Tendies, ont tous été des échecs, mais qu’ils l’ont aidé à grandir.
Mais au lieu d’inspirer de la compassion, ce qu’il raconte dans ces lignes a révolté les lecteurs : les trois projets que Zagabond mentionne auraient été abandonnés du jour au lendemain par les équipes, sans qu’il n’y ait eu d’avertissement ou de remboursement. Pour certains, ces projets seraient des « rug pull », c’est-à-dire des arnaques. « Rug pull » un terme utilisé pour désigner des arnaques crypto, lorsque des créateurs partent avec l’argent donné par des investisseurs, ou bien lorsque un site ferme sans en avertir personne.
Les « rug pull » ne sont pas rares dans le monde des crypto : ils représentaient « 37% de tous les revenus des arnaques sur les cryptomonnaies en 2021 », selon Cryptoast, et ils font régulièrement les gros titres des magazines spécialisés. Mais jusque là, Zagabond était passé être les mailles du filet, tout simplement parce qu’il avait lancé les projets anonymement, sous un autre nom.
Combien de temps vivent les NFT ?
Le fondateur a nié les accusations d’escroquerie, expliquant que « les projets n’avaient pas trouvé leur cible », et qu’il ne s’agissait pas d’un rug pull. Mais très rapidement après la publication du post, les prix des Azuki ont dévissé, et depuis, ils n’ont pas réussi à remonter la pente. Malgré des excuses et l’assurance qu’il n’avait pas cherché à arnaquer les utilisateurs de ses précédents projets, les doutes persistent sur les intentions de Zagabond.
L’histoire des Azuki ouvre aussi le débat sur la longévité des projets NFT. Les tokens sont inscrits sur la blockchain, et donc censés être éternels. Dans un Twitter Space organisé après la publication de son post, Zagabond a critiqué le fait que « les clients s’attendent à ce que les équipes et les développeurs continuent de travailler sur les projets ad vitam aeternam ». Mais à partir de quel moment une collection laissée de côté par ses créateurs peut-elle être considérée comme une arnaque, et non comme un abandon ?
La chute est aussi inattendue qu’elle est impressionnante. Avant que l’affaire n’éclate, Azuki faisait partie des collections de NFT les plus en vue du moment, et était même décrite comme « la relève » des Bored Ape Yacht Club et des CryptoPunk. L’histoire de Zagabond marque-t-elle la fin de l’aventure ? Pour l’instant, rien n’est sûr : bien que le prix des NFT ait baissé de façon impressionnante, de nombreux investisseurs achètent à bas prix les jetons, dans l’espoir de pouvoir les revendre d’ici quelque temps.
Sur le Discord dédié au projet, les propriétaires ne cachent en tout cas pas leurs désarrois, à coup de messages annonçant la « mort » du projet, ou demandant le remboursement. D’autres ont choisi l’humour, en expliquant qu’ils allaient désormais investir dans la crypto LUNA ou dans le stablecoin UST — deux autres projets en grande difficulté en ce moment.
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