Les mineurs ont officiellement l’interdiction d’exercer en Chine depuis 2021. Pourtant, une étude de l’université de Cambridge montre que le pays est toujours l’un des hubs les plus importants au monde pour le minage de crypto-monnaies.

Disparus, les mineurs de crypto-monnaies chinois? Pas vraiment. Le pays a beau avoir officiellement banni les fermes de minage l’année dernière en leur coupant l’électricité, une récente étude menée par l’université de Cambridge et plusieurs entreprises spécialisées montre qu’un certain nombre de mineurs y sont toujours installés. Au point où la Chine est redevenue l’un des principaux hubs mondiaux du Bitcoin.

« Les nouvelles données récoltées entre septembre 2021 et janvier 2022 montrent que les États-Unis sont restés les leaders en termes de minage de Bitcoin, avec 37,84% du hashrate mondial », explique l’étude, parue le 17 mai 2022. Mais, « après une interdiction totale du minage en juin 2021, la Chine est rapidement redevenue un hub majeur ». Le pays représente aujourd’hui 21,11% du hashrate, ce qui en fait le 2e pays au monde, derrière les US et devant le Kazakhstan (13,22% du hashrate), le Canada (6,48%) et la Russie (4,66%).

La Chine est à nouveau une place forte du Bitcoin // Source : Numerama
La Chine est à nouveau une place forte du Bitcoin. // Source : Numerama

Un rapide retour à la 2e place

La Chine a mis en place des lois très strictes contre les crypto-monnaies, tout d’abord en interdisant en mai 2021 aux institutions financières chinoises de vendre des services liés aux crypto-actifs, puis en coupant l’électricité aux mineurs de bitcoin installés dans le pays en juin 2021, et finalement en interdisant purement et simplement les transactions en crypto-monnaies en septembre de la même année.

À la suite de l’interdiction, le hashrate (la quantité de calculs que l’ensemble mondial des mineurs est capable de réaliser par seconde, ndlr) de la Chine s’était d’ailleurs complètement écroulé. Alors que le pays représentait entre 65% et 75% du minage mondial, au mois de juillet et août 2021, son hashrate était tombé à 0.

La Chine représentait 70% du hashrate mondial en juin 2021, avant de chute à 0 en juillet et en août // Source : Cambridge Center for alternative finance
La Chine représentait 70% du hashrate mondial en juin 2021, avant de chute à 0 en juillet et en août. // Source : Cambridge Center for alternative finance

Mais, comme le montrent des graphiques réalisés par l’université de Cambrigde, dès septembre 2021, les activités de minage ont repris en Chine. « Le hashrate a soudainement rebondi à 30.47 EH/s en septembre, catapultant instantanément la Chine à la deuxième place mondiale en termes de capacité de minage (22,29% du marché global) », écrivent les auteurs de l’étude.

Comment la Chine a-t-elle pu revenir à la 2e place ?

De tels résultats sont très surprenants et soulèvent de nombreuses questions. « Un retour [des capacités de minage] de cette ampleur dans une période si courte semble improbable étant donné les contraintes physiques », notent les auteurs. « Trouver des installations existantes adéquates ou en construire prend du temps. » Comment, alors, les mineurs ont-ils fait ?

Selon l’étude de l’université de Cambridge, c’est grâce à « un important réseau sous terrain de mineurs ». L’existence d’un tel réseau avait longtemps était suspectée par les spécialistes de l’industrie, apprend-on. « Les mineurs ont accès à de l’électricité hors-réseau, et utilisent des petites opérations dispersées afin de cacher leurs activités aux autorités et échapper à l’interdiction », explique l’étude.

Selon l’étude, les mineurs pourraient n’avoir jamais arrêté. « Nos résultats se basent sur des données géolocalisées, agrégées par des centres de minages partenaires », écrivent les auteurs. Or, « cette approche est vulnérable aux tentatives de dissimulation par les mineurs ». En clair, l’étude a pu louper ceux qui ont choisi de cacher leur localisation en utilisant des VPN pendant les mois de juillet et d’août. « L’interdiction du minage par le gouvernement chinois a été un choc, et il est probable qu’une partie non négligeable des mineurs chinois ait continué leur activité en se cachant et en utilisant des VPN. » Au fil du temps, les mineurs chinois se seraient montrés moins prudents, ce qui expliquerait aujourd’hui le retour en force de la Chine dans les données récoltées par l’université de Cambridge.

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