L’État de New York veut fortement limiter le minage de crypto-monnaies utilisant un protocole de proof of work. L’État est l’un des principaux hubs de production du bitcoin du pays.

Les sénateurs de l’État de New York ont signé, dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 juin 2022, un texte de loi qui pourrait bien impacter toute l’industrie du minage aux États-Unis. Il s’agit d’un moratoire qui encadre et régule l’installation dans l’État d’entreprises spécialisées dans le minage de crypto-monnaies, utilisant un protocole de proof of work. Et l’industrie des cryptos est particulièrement inquiète.

Un moratoire pour encadrer les fermes de minage

Le texte signé par les sénateurs est assez sévère. Il interdirait pendant au moins deux ans l’installation de nouvelles entreprises ou l’expansion de celles implantées, si ces dernières travaillent sur des crypto-monnaies utilisant un protocole de proof of work, et si les fermes de minages ne fonctionnent pas avec 100% d’énergies renouvelables.

Le bitcoin est en chute depuis des mois // Source : Bermix Studio / Unsplash
Le minage du bitcoin pourrait être fortement limité à New York. // Source : Bermix Studio / Unsplash

Maintenant que les sénateurs ont signé le texte, il reste une dernière étape avant qu’il n’entre en action : il faut qu’il soit signé par la gouverneure de l’État, Kathy Hochul. Pour l’instant, la démocrate n’a pas indiqué ce qu’elle comptait faire : Kathy Hochul est fortement engagée pour la protection de l’environnement, mais elle aurait également reçu une donation de 40 000 dollars de la part d’un chef d’entreprise spécialisé dans le bitcoin, a révélé le New York Times. Sa décision pourrait être influencée par ces deux facteurs.

Une fois approuvé par la gouverneure, le texte entrerait immédiatement en effet. La portée d’un tel texte serait extrêmement large : l’État de New York est l’un des plus importants producteurs de crypto-monnaies des États-Unis. Une étude de l’université de Cambridge montre que l’État fournit à lui seul 9,8% du hashrate (puissance de calcul) des US pour le bitcoin, ce qui le place en 4e position, derrière la Géorgie, le Texas et le Kentucky.

Depuis l’interdiction complète du minage en Chine en juin 2021, les États-Unis se sont imposés comme le pays de repli pour les entreprises cherchant à se relocaliser. Et l’État de New York, gros producteur d’énergie hydroélectrique, est rapidement devenu l’un des principaux hubs de minage de bitcoin du pays, explique The Verge.

Le protocole de proof of work critiqué

Si l’État de New York interdit à une partie des entreprises de minage de s’installer sur son territoire pendant au moins deux ans, les répercussions sur l’écosystème crypto aux États-Unis pourraient être importantes. Les sénateurs ont indiqué à CNBC que ce moratoire était motivé par une volonté de limiter les émissions de gaz à effet de serre de l’État, notamment en sévissant contre les mines qui n’utiliseraient pas assez d’énergies renouvelables.

Le protocole de proof of work, qui est visé par la loi, est un processus utilisé dans la production de certaines crypto-monnaies, dont le bitcoin et l’Ethereum, les deux plus populaires au monde. Ce mécanisme, qui demande à de très nombreux ordinateurs de résoudre une équation pour pouvoir valider des transactions, est extrêmement gourmand en énergie — et souvent critiqué pour cela.

Le bitcoin est l'une des monnaies officielles du Salvador — et peut-être bientôt dans d'autres pays // Source : EivindPedersen / Pixabay
Les États-Unis sont devenus l’un des principaux pays producteurs de bitcoin. // Source : EivindPedersen / Pixabay

Si l’Ethereum a prévu de passer d’ici la fin de l’année 2022 à un autre type de protocole, appelé proof of stake, ce n’est pas le cas du bitcoin. La crypto-monnaie est très difficile à produire, et pour l’instant, seule la Norvège utilise 100% d’énergie renouvelable pour alimenter ses fermes de minage — soit à peine 1% du hashrate mondial.

Mais les arguments utilisés par les sénateurs pour justifier la mise en place du moratoire ne convainquent pas les experts du secteur. Le mix énergétique utilisé par les mineurs de bitcoin à travers le monde est aujourd’hui composé à 60% d’énergie renouvelable, selon CNBC, tandis que ceux installés à New York en utiliseraient 80%.

« La régulation à New York va stopper les fermes de minage de bitcoin qui ont une forte une empreinte carbone, mais elle va aussi décourager les fermes 100% renouvelables de s’installer », estime ainsi John Warren, le dirigeant d’une entreprise de minage interrogé par le journal américain. La législation pourrait surtout inspirer d’autres États américains à faire de même — et c’est surtout cela qui inquiète.

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