C’est une question qui a émergé lorsque la Commission européenne a présenté son plan de bataille pour imposer un chargeur universel. Elle est revenue le 7 juin 2022 à la suite de l’accord politique entre le Parlement et les États membres de l’Union sur une solution de recharge commune. Est-ce que l’Europe ne risque pas de brider l’innovation en imposant l’USB-C sur tous les appareils ?
Derrière cette question se cache une interrogation légitime : en gravant dans le marbre — c’est-à-dire dans la nouvelle directive européenne sur les équipements radioélectriques — l’emploi de l’interface USB Type-C, le Vieux Continent se met-il dans une situation où il ne pourrait pas utiliser une toute nouvelle connectique, bien plus performante, qui émergerait dans le futur ?
Pour illustrer la problématique, il suffit de voir par quoi est passée cette norme : on a eu droit à des connecteurs de toutes formes (type-A, type-B, mini-A, mini-B, micro-A, micro-B). Il y a aussi eu des ports bâtards, de type Mini-AB et Micro-AB. Si cette directive avait été passée il y a dix ans, aurait-on couru le risque d’imposer un port mini-USB et, donc, de passer à côté de la révolution USB-C ?
L’USB-C n’est pas le format définitif pour l’Europe
Ce n’est heureusement pas ainsi que les choses se passent. Si une future norme émerge — par exemple un USB Type-D en 2030 — et s’impose très vite dans l’écosystème mondial parce que ses mérites sont évidents par rapport à l’USB Type-C (l’autre manière d’appeler l’USB-C), Bruxelles prévoit justement des portes de sortie pour embrasser la nouvelle génération.
En clair, la directive est organisée de telle façon à ce que l’Europe ne soit pas enfermée à jamais dans l’USB-C. « Toute évolution technologique concernant la recharge filaire peut être prise en compte par une adaptation en temps utile des exigences techniques ou des normes spécifiques […] de sorte que la technologie utilisée ne soit pas obsolète », rappelait Bruxelles l’automne dernier.
L’USB-C a été retenu parce que cette norme représente à la fois une excellente solution technique et le meilleur moyen pour concrétiser facilement et rapidement l’objectif d’un chargeur universel. Il permet « une recharge et un transfert de données de haute qualité » et « est une technologie déjà communément utilisée » pour de nombreux appareils, détaille la directive.
En somme, la Commission a jugé que l’USB-C est la piste qui répond le mieux à son cap, « sur la base des progrès technologiques les plus récents ». En attendant mieux, c’est donc sur ce socle que le chargeur universel sera imposé et généralisé. Bien sûr, une surprise technologique peut advenir ou d’une bascule du marché (vers la charge sans fil, par exemple, qui ringardiserait les câbles).
Le but est d’imposer un port universel, pas l’USB-C. S’il y a mieux plus tard et que ce nouveau format est libre et interopérable, alors l’Europe ne s’en privera pas. Cela nous avait d’ailleurs été confirmé à l’époque par l’entourage de Thierry Breton, le commissaire européen en charge du marché intérieur, du numérique et de la politique industrielle. L’enjeu n’est pas tant sur l’USB-C que sur le principe d’avoir un chargeur universel. L’USB-C n’est pas une fin en soi : une nouvelle connectique voit sous l’égide du consortium de référence.
La directive l’évoque, d’ailleurs : « la mise en œuvre de toute nouvelle norme dans le cadre d’autres révisions de la directive [devra se produire] de manière harmonisée, dans le respect des objectifs d’interopérabilité totale ». Libre au secteur high-tech de poursuivre les travaux en la matière sur l’interface normalisée, et sous la direction de l’organisation USB-IF, pour de « nouvelles solutions interopérables, ouvertes et non controversées ».
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