Le régulateur des télécoms signale qu’une barre symbolique a été franchie en France concernant la disponibilité de l’IPv6 sur les accès à Internet. C’est une bonne nouvelle.

Une fois n’est pas coutume, l’actualité autour de l’IPv6 n’est pas synonyme de catastrophisme. Au contraire : le régulateur français des télécommunications a apporté des nouvelles encourageantes sur la disponibilité de ce nouveau protocole. Il est maintenant fourni « sur plus de la moitié des accès à Internet en France », évalue le régulateur le 7 juin 2022.

Cette nouvelle mesure a été produite à partir de quatre sources d’information : de Facebook et de Google, qui fournissent des statistiques à ce sujet et qui ont une vue privilégiée de ce qui se passe sur le net, mais aussi de la société Akamai, qui fournit des services aux sites web pour accueillir leurs contenus, et de l’Apnic, qui est le registre régional d’adresse IP pour l’Asie.

L’Autorité de régulation des communications électroniques a établi un indicateur en se basant sur la médiane des données de ces quatre sources d’information. C’est au début du mois de juin, le 3 précisément, que l’Arcep a constaté que la barre des 50 % d’accès à Internet en France qui proposent de l’IPv6 activé a été franchie. Des tableaux détaillés sont disponibles sur le site de l’Arcep.

Qu’est-ce que c’est, une adresse IPv6 ?

L’IPv6 est une nouvelle manière d’écrire l’adresse permettant de contacter chaque machine se connectant à un réseau informatique — en l’occurrence, Internet. La version actuelle est appelée IPv4 et sa structure permet de générer environ 4,3 milliards d’adresses — ou de « plaques d’immatriculation », car c’est aussi de cette manière que les adresses IPv4 / IPv6 sont présentées.

Un stock de 4,3 milliards d’adresses pouvait sembler suffisant il y a vingt ou trente ans, quand l’informatique personnelle n’était pas encore aussi démocratisée. Mais aujourd’hui, il y a plus d’appareils en circulation que d’êtres humains — ordinateurs, smartphones, tablettes, consoles, serveurs, accessoires connectés, etc. Il y a pénurie d’adresses IPv4, d’où la nécessité de basculer sur IPv6.

L’IPv6 permet de générer 340 sextillions d’adresses. Un sextillion, c’est un nombre qui s’écrit avec un 1 suivi de 37 zéros. À titre de comparaison, on estime que l’Univers visible ne compte « que » 200 trilliards d’étoiles (le nombre 200 suivi de 21 zéros). En somme, l’épuisement d’IPv6 n’est pas pour demain. C’est même un scénario dont on peut douter qu’il survienne un jour.

Dans l’édition 2021 de son rapport sur l’état d’Internet en France, l’Arcep note que le secteur est très fragmenté : certains ont migré totalement ou presque (comme les smartphones ou les équipementiers), d’autres sont à mi-chemin, à l’image des opérateurs ou les hébergeurs. Et certains sont encore sur la ligne de départ. C’est le cas des systèmes d’information d’entreprises et d’administrations.

Il y a des écarts importants entre les opérateurs sur le passage à l'IPv6.  // Source : Arcep
Il y a des écarts importants entre les opérateurs sur le passage à l’IPv6. Des différences existent aussi selon la technologie employée et si l’on parle d’IPv6 ready ou d’IPv6 activé (chiffres mi-2021). // Source : Arcep

« L’Arcep encourage tous les acteurs à maintenir leurs efforts, en effet, l’épuisement progressif des adresses IPv4 [c’est déjà le cas en Europe, NDLR] rend nécessaire une transition complète de l’ensemble de l’écosystème Internet vers IPv6 à moyen terme », rappelle ainsi le gendarme des télécoms. Et mieux vaut s’y prendre tôt, car ce n’est pas une mise à jour simple.

« Du fait de la complexité actuelle d’Internet, la migration d’IPv4 vers IPv6 ne peut être effectuée brutalement en un seul jour. Elle se réalise donc progressivement, d’abord en parallèle d’IPv4 (phase de cohabitation), puis, quand tous les acteurs auront migré, en remplacement total d’IPv4 (phase d’extinction) », ajoute le régulateur.

Par le passé, le régulateur a eu un ton beaucoup plus alarmiste qu’en ce début du mois de juin. « Un retard de la majeure partie des acteurs », déclarait-il en 2018. Il faut s’y mettre de « toute urgence », lançait-il l’année suivante. Quelque temps plus tard, il prévenait même qu’Internet « cessera de grandir » si on ne peut plus donner d’adresses aux nouvelles machines.

Le franchissement de la barre des 50 % est donc une bonne nouvelle, mais ne doit pas masquer qu’il y a encore du chemin à faire.

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